Lorsqu’on est artiste, on cherche avant tout à s’exprimer, à formaliser des sensations et des sentiments en musique, peinture, cinéma, littérature, sculpture. Tout ceci relève évidemment d’une démarche très personnelle et abstraite, l’art ne s’étiquetant pas comme un vulgaire produit qu’on dispose ensuite sur un étalage. C’est pour cette raison somme toute logique que les groupes détestent se voir coller des étiquettes qui ont de faux airs de code-barres les affiliant à une catégorie bien précise dont ils auront du mal à se détacher par la suite. Ainsi, les finlandais de ROTTENDAWN font tout ce qu’ils peuvent pour ne pas se voir coincés dans une petite case, en faisant appel à de nombreux genres pour définir le leur. Si dans le fond, leur musique s’ancre dans une tradition Doom qu’ils honorent de leur lenteur, elle n’en contient pas moins divers éléments plus disparates, pour former un tout hétéroclite, qui par extension à les défauts de ses qualités. Le parcours même du combo est pour le moins étrange, puisque sa formation remonte à 2010, et qu’il aura fallu attendre 2019 pour pouvoir enfin juger de son potentiel via cet Occult, qui s’échine à mériter son appellation à chaque impulsion. Formé d’anciens ou actuels membres de SINISTHRA, IMPALED NAZARENE et UNHOLY, ROTTENDAWN est donc une créature complexe, qui prend son temps pour révéler ses divers visages, et qui finit par n’en montrer aucun de vraiment discernable. Citant quelques influences dont ils se sentent proches, via MY DYING BRIDE, CANDLEMASS et CATHEDRAL, les musiciens ne restent donc pas dans le flou total, et nous permettent de deviner quelque peu leurs traits de caractère. Mais à ces références précises, d’autres peuvent s’ajouter, dont les PARADISE LOST de début de carrière, ST VITUS, mais aussi quelques représentants du sud, dont les CORROSION OF CONFORMITY, avec une pincée de CROWBAR pour cette épaisseur dont fait preuve la bande instrumentale. Si le tableau commence à se dévoiler sous vos oreilles, sachez que les finlandais ont pimenté le tout d’une grosse dose de Death morbide et processionnel, à la DISEMBOWELMENT et INCANTATION, tout en préférant alléger leur œuvre en la cuisant à la mode GRAVE pour ne pas en rajouter dans la lourdeur.
Pourtant, le tout est Heavy, et reste sur l’estomac auditif. On n’échappe pas à sa condition ni à ses tendances, et Occult se présente sous la forme conséquente de huit morceaux pour plus d’une heure de musique, avec une moyenne confortable de sept à huit minutes par titre. C’est le cas de « The Final Lament », qui après une intro d’une étrange violence, plante le décor oppressant, et joue la pesanteur. Autant s’y faire, puisque cette mise en jambes incarne avec précision la prise de position ferme de la première moitié du LP, qui ne dévie que très peu de cette emphase dramatique grave. Les quatre premières chansons sont donc bâties sur le même moule, digressent sur des riffs convenus mais lâchés avec conviction, tandis que le chant monolithique égrène ses litanies d’un ton rauque, agressif, et assez symptomatique du Death des années 90. On se dit alors pendant une petite demi-heure que l’affaire va être rapidement pliée, et réservée aux maniaques d’un Death Doom de bonne facture, jusqu’à ce que l’étonnant « Ode to Pjotr » ne vienne enrayer la machine de sa brutalité Crust totalement débridée. Intermède cocasse, cet insert d’à peine une minute sert d’exutoire à la bande, et nous rappelle les crises de folie d’IMPALED NAZARENE, ce qui a le mérite de temporiser et de souffler, avant d’entreprendre la seconde partie du périple sous des auspices que l’on pense alors inamovibles et prévisibles. Sauf que comme énoncé précédemment, ROTTENDAWN n’entend pas se faire ranger sur une petite étagère, et prend les choses en main, déviant soudainement de sa trajectoire pour tenter des choses moins figées. Et si « Et Voi Taak Kuollakaan » n’accélère pas vraiment les pas et n’enflamme pas les débats, il s’éloigne assez de la formule Doom standard jusqu’à lors privilégiée par le quatuor (Pasi Äijö - basse/chant, Joni Halmetoja & Make Mäkinen - guitares et Mikael Arnkil - batterie), pour se coller aux principes de Death lourd et moite des années 2000. Une tentative qui paie, puisque la lancinance un peu irritante qui commençait à nimber l’album d’ennui disparaît pour laisser place à un Metal vraiment Heavy, mais moins insistant, et plus groovy. On pense à une exagération de la vague NOLA, à un MORGOTH des grands jours Death un peu léthargique et sournois, mais on apprécie cette diversion qui nous évite de sombrer dans le néant, et c’est alors qu’on commence à voir les finlandais autrement, sans vraiment savoir qui ils sont vraiment.
Car loin de rester bloqués une fois encore, ils continuent leur travail de changement dans la continuité, tout en gardant cette assise lourde et pesante qu’ils affectionnent tant. Mais étrangement, leur Doom n’en est plus vraiment, ne gardant dans son ADN que ce tempo martelé et pilonné, mais y greffant des éléments plus fondamentalement Heavy et presque Thrash, avec des allusions à CORROSION OF CONFORMITY, tout en acceptant des arrangements Stoner et Occult Rock en arrière-plan, ce qui achève de conférer à leur musique une aura plus personnelle. La basse claque plus, les guitares cherchent des riffs plus accrocheurs, le mid tempo parvient à se faire une place, et ce visage-là se veut plus séduisant, moins bloqué sur une grimace unique. Nous avons toutefois droit à un final apocalyptique, en forme de procession, mais l’accumulation de cassures, les variations de beat, et ce chant qui exhorte une passion soudaine et Hardcore soulignent cette différence que le quatuor prône avec acharnement. Bien sûr, et malgré ces points positifs, les morceaux trop longs auraient gagné à être soulagés de quelques minutes pour ne pas se répéter, et les plans que l’on retrouve souvent repris comme des gimmicks sont encore trop systématiques, mais on sent que le combo est capable de faire preuve d’imagination et de refuser la stagnation. Et comme pour bien marquer la rupture, Occult se termine par le morceau éponyme, qui s’étale sur plus de dix minutes, et qui ne cache pas quelques accointances macabres avec le CELTIC FROST de Monotheist. Voix plus plaintive, mélodies plus marquées, pour le morceau le plus pachydermique de l’ensemble, mais pas le moins intéressant. Certes, nous sommes encore loin de l’épiphanie Death/Doom que des musiciens de ce calibre peuvent prétendre déclencher, mais ROTTENDAWN a largement de quoi devenir une future référence, pour peu que le groupe ordonne un peu ses idées et légitime sa pensée. Un album que l’on n’écoutera pas d’un trait, mais sur lequel on reviendra, pour en puiser les indices d’une carrière à venir moins anecdotique qu’on aurait pu le penser.
Titres de l’album :
1. The Final Lament
2. Burn ‘til Burial
3. Dusk Demons
4. Dawn Dwellers
5. Ode to Pjotr
6. Et Voi Taak Kuollakaan
7. Zero Lives Left
8. Occult
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