Le sodium est un métal mou, de couleur argentée et très réactif, qui fait partie des métaux alcalins.
Définition Wikipedia très exacte en termes physiques, mais contre laquelle je me porte en faux en termes artistiques. Non, SODIUM n’est pas un Metal mou, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il n’est pas Metal, stricto sensu, et d’autre part, parce qu’il est tout sauf mou. Il serait même d’une dureté incroyable, et d’une âpreté fatale. Il a été découvert du côté de Lübeck, Allemagne, aux alentours de 2010, date de sa première démo éponyme, sortie en tape. Depuis, le quintette (Lucas – chant, Hendrik – guitare/chant, Chris – guitare, Evelyne – basse et Julian – batterie) n’a eu de cesse de proposer des EP (Every Stone Made Me Stumble, 2012 et Häven, 2015), pour peaufiner sa vision d’un Hardcore très personnel, qui trouve aujourd’hui un aboutissement longue durée au travers des onze pistes de cette Odyssey, qui se veut concept et surtout parabole. Une parabole très personnelle, que le groupe se refuse à expliquer, mais qui, selon ses propres termes, « nous encouragera à réfléchir à notre façon de vivre et de penser »
Louable intention, qui dépendra de la bonne volonté justement de chacun, mais ce qui est certain par contre, c’est que leur musique vous obligera d’une façon ou d’une autre à revoir vos conceptions du Hardcore, du Crust, du D-beat et même du Post Crust, puisque les SODIUM ont une façon bien à eux de les restituer, avec force noirceur et violence avouée ou larvée.
Si leur label distribuant l’album en format vinyle les classe dans la même catégorie qu’un groupe comme DARKEST HOUR, ou s’ils se réclament eux-mêmes de l’influence d’ALWAYS WANTED WAR ou BONEHOUSE, reconnaissons aux allemands le droit à la différence. Car si leur Core est vraiment assombri jusqu’à la moelle, il porte les stigmates de l’école Post nationale, qui a vu des groupes comme AND THE WAVES WILL CARRY US HOME, RAHAW, ou THRAENENKIND battre le pavé d’une contre-culture peu amène de classicisme et de respect des limites. Mais de leur côté, Lucas et sa bande s’orientent de plus en plus vers une approche lourde de conséquences, et de riffs pesants, martelés par une rythmique plus posée que d’ordinaire. Toutefois, ne vous attendez pas à des litanies humanistes confondantes de simplisme, mais plutôt à une charge frontale mais dosée, qui a trouvé le plus parfait équilibre qui soit entre Crust vraiment venimeux et Post Hardcore salement teigneux. Résultat, du haut de ses trente-quatre minutes, Odyssey nous trimbale dans les atmosphères façon Ulysse sur le chemin du retour, mais gageons que la Pénélope de SODIUM ne doit pas s’affairer à un ouvrage sciemment interminable, mais plutôt à s’agiter live lorsque le groupe revient dans son giron…
Lourd, sec, nerveux, tendu, anxieux, tels sont les qualificatifs que l’on pourrait accoler au Hardcore développé. Si la tension progressive et le malaise harmonique semblent être des obsessions quasi cathartiques pour les allemands, ils n’en oublient pas pour autant de lâcher la vapeur de temps en temps, pour que la brutalité y soit vue comme un exutoire indispensable. Difficile de les comparer à des ensembles existants, puisque leur conception de la hargne est très excentrée, et concentrée sur des motifs compacts et répétés à l’envi. Pour autant, la répétition est totalement absente de ce premier album, chose suffisamment rare sur une œuvre Crust pour être soulignée. Mais les SODIUM jouent-ils encore du Crust ou du D-beat ? La question peut en effet se poser, mais la réponse est sans intérêt. Disons pour l’amour de la formule qu’ils pratiquent une sorte de Crossover global, qui pourra satisfaire les amateurs de Post en tous genres, qui ne crachent pas sur un brin de fantaisie progressive, dénuée d’ambitions démesurées.
Décomposé en onze chapitres, Odyssey se refuse à se conforter à des principes d’origine, et privilégie l’émotion sur la concision, même si l’homogénéité de ce LP n’est pas à remettre en cause. Aussi à l’aise dans des secteurs comme le D-beat pur et presque dur (« Awakening », ou comment dénaturer le genre en le décélérant d’une humeur maussade), ou le Post Hardcore urbain façon UNSANE sans lendemains (« Escape », mais s’échapper de quoi ?), les musiciens nous ont donc composé une partition plurielle, qui parfois emprunte des accents presque Metalcore/Screamo sur les dents (« Storm », moins de deux minutes, mais un panaché savoureux de pistes explorées, avec exercices rythmiques chaotiques bien grisés…), tout en se permettant une oppression vraiment maladive, qui appuie sur la dépression pour la rendre intuitive (« Repentance », acte d’attrition ou de contrition ? Ni l’un ni l’autre, mais acceptation de la lourdeur d’un Sludge presque retors dans son refus de condamner le Doomcore).
Les débats ne traînent jamais en longueur, et lorsque le groupe décide de dépasser les quatre minutes, c’est qu’il a suffisamment d’idées (« Into Deep Blue », là encore, beaucoup de ressentiment Hardcore, qui ose enfin accélérer le tempo pour peser sur le dos). Mais la plupart du temps, et surtout en deuxième moitié de parcours, les dérives se recentrent, et percutent parfois de plein fouet un genre de Post Mathcore vraiment énervé, mais subtilement rehaussé de mélodies anémiées (« The Odyssey », et ses petits riffs très métallisés). Il semblerait même que tous ces traumas aient permis au quintette de trouver la voie de la guérison (« Catharsis », up tempo incroyablement Rock’n’Core, avec toujours cette voix qui ferait passer Jeff Becerra de POSSESSED pour un petit chanteur à la croix de bois).
En conclusion, « Epilogue - Home No More » raidit le ton, et laisse la rythmique faire parler le plomb pour un départ brutal qui fait transpirer le chaos D-beat par tous les pores. Mais bien évidemment, comme les choses ne sont pas si simples, le même morceau se termine dans une acmé de Post-Hardcore faussement mélodique, mais réellement tragique dans ses boucles de guitares étourdissantes.
Le concept est donc bouclé, et visiblement, nul n’est prophète en son pays, et nul n’a réellement de maison là où son cœur séduit. L’homme est donc seul face à lui-même, tout comme l’auditeur est seul face à un groupe qui lui propose de voir la réalité d’une musique abrupte différemment, suffisamment en tout cas pour qu’il ne puisse pas lui accoler d’étiquettes sciemment.
Après deux EP, les SODIUM passent donc avec brio l’épreuve du LP, puisque Odyssey nous présente une facette Core purement allemande, qui se nourrit de ses propres références. Mais Wikipedia avait en partie raison. Ils sont très réactifs. Vraiment.
Titres de l'album:
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