Avec une pochette pareille, le chaland a légitimement le droit de craindre une énième exaction symphonique ou Power Metal, et quelque part, ses craintes seront justifiées, du moins partiellement. Avec un nom pareil, le chaland aura aussi le droit de craindre une énième démonstration de force technique, et quelque part ses craintes seront justifiées, du moins partiellement. Je m’estime chaland, arpentant les sites pour trouver ma pitance, et mes craintes étaient donc les suivantes : un Power Metal tape à l’œil, débordant de prouesses instrumentales, creux, vide de toute substance, et fondé sur le paraître et non l’être. Il faut dire qu’avec quelques années de chroniques au compteur, je pense pouvoir me fier à mon instinct, sachant pertinemment que parfois, l’ennemi n’est pas forcément caché là où on le pense. Et en découvrant les MAELSTROM, mes sens primaires se sont affolés. Dénomination « Cinematic Metal », à l’instar des MURDER FROM MY SWEET, graphisme grandiloquent et coloré, mais en apprenant l’histoire de ces musiciens, mes doutes commencèrent à s’estomper, et ma curiosité à s’aiguiser. Trente ans pour enregistrer un premier album et se contenter d’un effort typiquement m’as-tu-vu, c’était une opération d’une telle vacuité que je ne pouvais l’envisager. Et après avoir écouté l’objet en question, j’ai rapidement compris que les MAELSTROM étaient tout sauf des plastronneurs du dimanche, mais bien un objet auditif inconnu, tel qu’on en rencontre un tous les ans. L’histoire de ces trois américains ne date pas d’hier, mais bien d’avant-hier. Fondé à West Hempstead, état de New York en 1988, le groupe était alors l’un de ces Thrash-acts qui inondaient les scènes locales. Mais en quatre ans d’existence, et malgré deux démos très remarquées dans l’underground, le groupe n’eut pas le temps de graver un LP, et dû patienter des années avant de pouvoir enregistrer un format pro. Reformé en 2007, le trio se permit alors un EP au nom très judicieux, It Was Predestined, avant de se remettre à l’ombre pendant plus d’une décennie pour préparer son véritable comeback.
Et c’est ainsi que la très vilaine année 2020 nous permet enfin de découvrir les fruits de l’imagination de ces musiciens au long cours, qui plutôt qu’enregistrer un album de matériel frais, ont préféré retravailler leurs chansons déjà existantes, et présentes sur leurs deux premières démos. N’ayant jamais eu la chance de tendre une oreille sur le travail d’époque, je ne saurais me prononcer sur le lifting opéré, et préfère envisager ces morceaux comme les inédits qu’ils sont pour moi. Et sous ce point de vue-là, Of Gods and Men est une boucherie absolue, le genre de blockbuster pour les oreilles qui vous laisse exsangue, mais le cœur vaillant et l’envie d’en découdre avec le monde entier. J’ai donc le plaisir de vous présenter Gary Vosganian (chant), Joey Lodes (guitare/basse) et Daniel Kleffmann (batterie), qui sous pavillon commun vous proposent la musique la plus surprenante qui soit, surprenante par son agencement et sa richesse, mais aussi par sa variété de ton qui en appelle à quatre ou cinq style différents. De leurs origines Thrash, les américains ont gardé la puissance, de cette appellation cinématique, ils ont adopté les postures les plus grandiloquentes et tragiques, du Power Metal, ils ont emprunté les excès mélodiques et les arrangements, du Heavy, ils ont conservé la fierté et l’amour d’une chanson bien composée, du Symphonique, le décorum larger than life et les prétentions techniques justifiées. Et le tout mélangé donne un cocktail qui ne porte qu’un seul nom, celui de ses auteurs : MAELSTROM. Rappelons la définition du mot, dans son sens premier : un maelstrom, ou maelström (souvent connu sous le nom de « trou noir de l'océan »), est un puissant tourbillon qui se forme dans une étendue d'eau. Il peut être créé par un courant de marée ou par le courant d'un fleuve. Dans son sens figuré, le terme devient plus pertinent : un maelstrom est un mouvement d'agitation intense qui entraine irrésistiblement. Et en effet, lorsqu’on pénètre les arcanes de ce premier et unique album, l’expression prend tout son sens. J’avoue avoir rarement entendu œuvre aussi agitée de ma vie, qui ne laisse aucun mouvement de répit, comme un space-opéra composé par des Dieux joueurs et satisfaits de leur grandeur, partageant avec la plèbe humaine le fruit de leur démesure ludique. Entre les mains de prétentieux, le résultat eut été catastrophique, baudruche gonflée éclatant de son vide intersidéral, et pétrie par ses propres ambitions déplacées. Entre les mains de ces trois musiciens pas comme les autres, le résultat est tout bonnement sidérant d’efficacité et de magie. A tel point qu’on peut envisager la chose comme un parc d’attraction merveilleux dans lequel chaque activité est un trésor de sensations fortes.
Il est néanmoins très difficile de décrire ce qui vous attend sur ce LP sans en trahir la surprise. Constitué de dix longs chapitres dépassant très souvent les huit minutes, Of Gods and Men est une sorte de tornade Power-progressive à base Thrash raisonnable, qui repose en grande partie sur la puissance de sa créativité et la prolixité de ses musiciens. Jamais à court d’une idée, les trois américains nous livrent donc une prestation hors du commun, accentuée par le singularisme des personnalités différentes. Ainsi, la voix très particulière de Gary Vosganian, sorte de croisement entre Rock N’Rolf de RUNNING WILD et Ted Kirkpatrick de TOURNIQUET peut surprendre au prime abord de ses tonalités rauques et versatiles, tandis que l’omniprésence de Joey Lodes à la guitare ravira les amateurs de Malmsteen, Schuldiner et James Murphy. Mélange de riffs tendus, déliés, compressés, et de soli à rendre fous de jalousie tous les pur-sang de l’écurie Shrapnel, Of Gods and Men se permet parfois des délires instrumentaux ridiculisant la clique des progressifs pur-jus (DREAM THEATER, PERIPHERY), avec des instants de pur démonstration folle et complètement ébouriffante (« A Futile Crusade », typhon qui dévaste tout sur son passage mais qui rassasie l’imagination au-delà du raisonnable). Aussi efficace et concis qu’il n’est délirant et sans limites, ce groupe sorti de presque nulle part est une énorme surprise dans la production actuelle, repoussant toutes les limites, donnant une leçon d’humilité à tous les adorateurs du Djent pour mieux caresser dans le sens du poil les thrasheurs les plus ambitieux. On pense parfois à un ANNIHILATOR des jeunes années complètement défoncé à l’acide (« Presdestined »), ou à un mélange entre EXODUS et MEGADETH, passé au savon Lewis Caroll (« Thief of Light »).
Une heure et dix minutes de musique, ça en impose pour un premier album, et pourtant, le temps passe très vite. Nous n’avons même pas celui de reprendre notre souffle, mis à part à l’occasion de quelques breaks accidentels. Et comme en plus, le trio s’est fendu d’un long final de plus de douze minutes, l’entreprise prend des proportions dantesques de tour de Babel tout à fait stable, mais toujours aussi blasphématoire. Reliant le monde des Dieux et celui des hommes, « SonRise » rejette les rares tendances à la modération pour incarner l’apocalypse de la normalité, mixant TOURNIQUET, MAIDEN, DEATH, ATHEIST, OUTRAGE, sublimant les mélodies ésotériques d’harmonies pures, pour mieux nous écraser soudain d’une colère Thrash fort à propos. Incroyable creuset d’imagination proposé par des instrumentistes en roue libre, mais tout à fait conscients des impératifs de cohérence, Of Gods and Men est un trip en immersion totale, une cité sous-marine ramenant la légendaire Atlantis à des proportions ridicules, ou un portail donnant sur une dimension parallèle, où la démesure est une donnée de normalité constante. Impressionnant.
Titres de l’album :
01. Arise
02. Army from Ash
03. The Mirror Calls
04. A Futile Crusade
05. Lament of the Fallen
06. Th13teen Within a Circle
07. Thief of Light
08. An Ancient Art
09. Presdestined
10. SonRise
Ca me semble intéressant et mérite que je m'y penche.
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