Voici un nouveau projet qui va ravir les fans de Death old-school tout comme ceux appréciant le style dans sa parure la plus contemporaine. Fondé l’année dernière par les frères Remy (UNBIDDEN, THIS DAY OF RECKONING, guitare) et J.J Tartaglia (SKULL FIST, OPERUS, FINAL TRIGGER, batterie), OF HATRED SPAWN est l’archétype du groupe plutôt anonyme sur le papier, mais qui se révèle dans toute sa démesure lors d’une première écoute attentive. A ce duo se sont adjoints deux autres membres, dont le plus fameux reste Oscar Rangel (ex-ANNIHILATOR) à la basse, et Matt “Coldcuts” Collacott au chant, pour finir de former l’une des révélations les plus intéressantes de cette fin d’année, classique dans les faits, mais relativement accrocheuse dans le détail. Sans se présenter comme le sauveur d’un genre qui a déjà dit tout ce qu’il avait à dire, ce nouveau groupe mérite votre attention, puisqu’il a sorti son premier éponyme en décembre dernier, et que ce premier LP/EP est d’une haute teneur en agressivité et en guitares déchaînées. Se plaçant sous l’égide de références assumées et révérées, OF HATRED SPAWN ne révolutionne en rien son créneau, mais y apporte sa touche d’ultra bestialité, sous la forme de sept morceaux dont une intro qui ne présentent que peu de scories. Si les fans d’un Death brutal mais agencé sauront y retrouver leurs petits, les réfractaires au genre dont je fais plus ou moins partie auront tout de même de quoi s‘accrocher, puisque Remy, le compositeur principal a fait l’effort d’agencer ses idées pour leur faire adopter la forme de vraies chansons, et pas d’impulsions de vilénie rapidement emballées pour satisfaire les plus bas instincts des pervers. Et si la tonalité dominante de l’œuvre reste sous influence, on sent en filigrane quelques ambitions personnelles notables, ce qui permet de classer ce premier jet dans la catégorie des travaux à suivre de très près.
Dans la plus droite lignée des teigneux les plus ultimes de la scène, OF HATRED SPAWN est un genre de créature protéiforme, dont les tendances les plus néfastes s’ancrent dans une tradition de brutalité outrancière, s’accordant parfaitement d’une schizophrénie vocale typique, de riffs qui testent les capacités d’un vibrato sans cesse stimulé, et de rythmiques qui concassent et fracassent, tout en prenant soin de doser leur frappe. Avouant une passion sans bornes pour les éternels cadors de DECAPITATED, CANNIBAL CORPSE, DYING FETUS, RUINATION-ERA JOB FOR A COWBOY, DEICIDE, SERPERTINE DOMINION, BLOODBATH, ou ABYSMAL DAWN, les quatre affolés canadiens nous inondent donc d’informations toutes aussi violentes les unes que les autres, et parviennent à recréer l’ambiance du Death old-school de la fin des années 90, tout en s’inscrivant dans un patrimoine contemporain, grâce à quelques astuces de composition bien senties. Et après une courte intro qui met dans l’ambiance, c’est « Global Dehumanization », tous blasts dehors, pour nous aiguiller sur une piste bien précise, nous confortant dans l’idée que tout ça va suivre un schéma très précis sans forcément chercher à nous étonner ou nous bousculer autrement que par une succession de plans tous plus percutants les uns que les autres. Mais en sachant doser son effort, et en laissant de la place à un certain nombre de riffs catchy, Remy et les siens évitent la redite prémâchée, et parviennent à nous convaincre du bien-fondé de leur démarche. En témoigne le second véritable morceau, « Nest Of Vipers », qui se satisfait très bien d’un down tempo d’intro bien lourd, pour mieux nous faire dodeliner de la tête lorsque le dit tempo accélère pour se fixer sur un binaire sautillant. La guitare soignant à ce moment-là son attaque, on se plait à croire que le temps a infléchi sa course pour nous ramener vers le meilleur des CARCASS, qui il y a quelques années aurait pu partager ses perversions Gore avec un DYING FETUS plus joueur que d’ordinaire en fin de matinée. Evidemment, le tout est bousculé de rapides interventions hystériques, mais cet épisode charmant nous conforte dans l’idée qu’Of Hatred Spawn est un peu plus qu’un énième effort Brutal-Death aux conclusions hâtives et anticipées.
Tout n’est pas fait pour nous prendre à revers, mais chaque titre a au moins le mérite d’essayer de persuader autrement qu’en refourguant des structures connues par cœur, et cette alternance de Heavy vraiment méchant et de Death tonitruant à quelque chose d’assez spécial, comme le confirme le terriblement puissant «Nocturnal Swarm », au groove gluant et au chant vomissant. En accélérant le tempo pour s’adapter à une versatilité de circonstance, le groupe nous évite d’avoir à subir des poussées constantes, et dose son effort pour tenir la montre et se montrer beaucoup plus performant que bien des acteurs de la scène. Et c’est justement cette hétérogénéité qui fait de ce premier album une franche réussite, puisque les six morceaux ont tous quelque chose de personnel à proposer, malgré la somme conséquente de directions empruntées. Le tout reste cohérent, et dispose en outre d’une production vraiment efficace, qui certes a tendance à niveler la batterie par la double grosse caisse, mais qui donne aux graves une profondeur non négligeable, sans écraser les aigus sous une chape de plomb. Et lorsque les quatre musiciens décident de laisser parler leur technique, le tout reste intelligible et jouissif, à l’image de ce terminal et orgiaque « God Of Wrath », qui n’est que colère et ressentiment, mais qui laisse filtrer quelques riffs Thrash plein d’allant. Et en définitive, malgré quelques automatismes encore quelque peu flagrants, les canadiens jouent leur va-tout avec une insolence crasse, affirmant leur existence de la façon la plus valide qui soit, en laissant parler la musique, viscérale mais ludique, brutale mais pragmatique, et surtout, fatale mais pas trop dogmatique. Un concurrent de plus dans la course à la vitesse et non à la précipitation, et l’émergence d’une force venue du froid, qui n’hésite pas à décorer son soufflé de quelques soli bien sentis (« Severed Limb Convulsion »), et à mettre sa virulence au service d’une certaine urgence.
Titres de l’album :
1. Overture
2. Global Dehumanization
3. Nest Of Vipers
4. Severed Limb Convulsion
5. Plaga
6. Nocturnal Swarm
7. God Of Wrath
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30