J’ai toujours eu beaucoup de mal avec le Death technique, spécialement lorsqu’il est vraiment technique. J’ai souvent le sentiment d’écouter des plans mis bout à bout sans autre désir de logique que celui de flatter l’ego de musiciens se prétendant au-dessus de la masse. Certes, à bientôt cinquante ans, j’ai connu les origines du genre, et à l’époque, les productions étaient encore analogiques, peaufinées, et les musiciens capables de proposer des idées discernables dans le cadre de vraies chansons. Je suis sans doute un vieux con attaché à son passé, mais je sais quand même reconnaitre entre deux crises de sénilité un excellent groupe qui justement casse les codes et offre plus qu’une simple démonstration de dextérité ultime. Les américains d’INFERI font justement partie de cette catégorie, eux dont la carrière commence à accuser le coup des années. Fondé en 2006 du côté de Nashville, Tennessee, ce groupe unique a pris le temps de se construire une discographie impeccable, révérée par tous les amateurs de Death hautement performant et démonstratif, et si nous étions restés sur l’excellente impression laissée par le phénoménal The End of an Era/Rebirth l’année dernière - qui aurait encore pu alimenter nos fantasmes pendant quelques mois - le quintet a pris la décision de se rappeler à notre bon souvenir en 2020 par l’entremise d’un EP court, mais dense comme la production d’un combo au rendement actif. Certes, Of Sunless Realms ne propose rien de vraiment neuf pendant vingt minutes, mais il démontre que les américains ne se reposent pas sur leurs acquis, et cherchent toujours à se dépasser pour atteindre les sommets d’intensité du Technical Death le plus recommandable.
Pour qui n’est pas rompu à l’exercice, l’écoute de ces vingt minutes de chaos pourra sembler épuisante. En effet, les cinq musiciens (Malcolm Pugh - guitare, et seul membre originel, Mike Low - guitare, Spencer Moore - batterie, Andrew Kim - basse et Steve Boiser - chant, les deux petits derniers depuis 2018) ont une fois encore exagéré sur le Red Bull et se démontent les cervicales en lâchant les plans et licks les plus infernaux et rapides du monde. Capables de ridiculiser les FLESHGOD APOCALYPSE et autres PROMETHEAN dans tous les secteurs de jeu, les originaires de Nashville sortent encore le grand jeu, et sonnent de plus en plus comme une version d’EMPEROR en fusion, avec cette grandiloquence de ton qui les rend si uniques. Of Sunless Realms est d’ailleurs si puissant qu’il piétine la frontière le séparant d’un Black symphonique parfois, même si les riffs employés par la paire Pugh/Low sont purement Death Metal. Mais il est impressionnant de constater la vitalité d’un ensemble qui repousse les cloisons depuis les années 2000, et qui se montre toujours capable d’être créatif et euphorisant, en utilisant pourtant des recettes déjà largement éprouvées sur ses albums précédents. Et avec une entame aussi massive que « The Abhorrent Art », cet EP se place directement dans les bacs des sorties les plus intéressantes du mois, en développant des arguments instrumentaux dont la plupart des musiciens bestiaux ne peuvent que rêver. D’ailleurs, INFERI aurait pu se contenter de ce single pour nous signifier son retour, tant ce morceau contient plus d’idées que des albums entiers récents. On note toujours le délié d’Andrew Kim qui nous entortille dans ses parties de basse lunaires, tandis que la batterie compressée de Spencer Moore en fait toujours des tonnes, comme dans un solo permanent.
Dualité vocale, passage en revue des mélodies les plus accrocheuses, enchaînements en massacre organisé, ce dernier jet des cinq tueurs à gages est encore une fois l’équation la plus impressionnante du circuit mathématique Technical Death, constellée d’inconnues en soli stellaires, ce fameux équilibre auquel le groupe tient tant et qui pose sur le même plateau violence et harmonie. Et si « Eldritch Evolution » enfonce encore un peu plus la partition dans la gorge des sceptiques, si « Spellbound Unearthed Terror » représente la quintessence d’un art brutal en le débarrassant de toutes ses scories les plus encombrantes, « The Summoning » propose un petit courant d’air Ambient instrumental avant que la dernière attaque ne nous achève. « Aeons Torn » pourtant, accentue l’aspect le plus séduisant de la personnalité d’INFERI, ralentissant le rythme pour retrouver la magie originelle de DEATH, avec encore une fois une puissance à décoiffer les typhons, et des parties de guitare à déchiffrer pendant des mois à la loupe. On aurait pu croire que les cinq américains n’avaient pas encore grand-chose à dire depuis leur chef d’œuvre The End of an Era/Rebirth, et pourtant ils prouvent avec Of Sunless Realms que leur inspiration est loin d’être tarie, et qu’ils ont encore beaucoup à offrir. Quel beau cadeau de fin d’année pour ceux qui attendent l’apocalypse avec impatience.
Titres de l’album:
01. The Abhorrent Art
02. Eldritch Evolution
03. Spellbound Unearthed Terror
04. The Summoning
05. Aeons Torn
du bon gros moderno metal deathcorisant bien chiasseux pour pre ados
Tourista, bien vu :-) Moi je dirais que c'est une décision avisée cela dit, d'autant plus que musicalement, et ça me coûte de le dire, étant un ENORME fan de Venom, mais du Vrai Venom ( Cronos, Mantas, Abaddon), Venom Inc ne propose pas grand chose d&ap(...)
03/12/2024, 13:55
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30/11/2024, 08:58
Et y'a même un "à suivre" The pick of destiny et Spinal Tap seront sûrement de la(...)
27/11/2024, 09:15
8 lettres: KHOLOSPVÇa veut dire "coloscopie" en langage mec bourré en fin de soirée.
26/11/2024, 18:14
Je ne suis pas au courant.. il s'est passé quelque chose récemment avec le groupe Al Namrood?
26/11/2024, 14:44