Le nom le plus long, le titre à rallonge, tout ça sentait le Metalcore/Post-Hardcore à plein naseaux bouchés. Et pourtant, il arrive que l’odorat déductif se laisse abuser par des apparences trompeuses. Je sentais bien le truc pourtant, en appuyant sur la touche play du lecteur…Gros riffs, jump time, refrain maousse pour colosses en mousses, et hordes de d’jeuns à l’aguet, attendant fébrilement de nouveaux héros.
Ceux-là en seront pour leur frais, puisque l’audience cible de ce groupe-là est plutôt du genre mure, sans aller jusqu’à parler de quadras ou quinquas, qui se satisferont pourtant des volutes délicates des cinq morceaux d’un EP plus complexe qu’il n’en avait l’air au départ.
Enfin, EP, façon de parler. Pour un groupe de Hardcore, le format et la durée évoqueraient plutôt une double compilation, mais dès lors qu’on trempe ses orteils dans la mer progressive, le timing des marées prend un sens tout à fait différent.
Et oui, puisque vous l’avez sans doute remarqué, le mot est lâché.
Progressif. Il va falloir vous y faire, mais vous verrez, c’est très facile.
En restant éduqué, des présentations s’imposent. Les IN THE PRESENCE OF WOLVES sont donc un quatuor (Vini Stamato – basse/chant, Chris Capitanio – lead/ choeurs, Mason Ingling – batterie/chœurs et Jim Ellis – rythmique), originaire de Barrington, New Jersey, et nous offrent avec Of Two Minds, Stages 1-2- The Ape and the Cage leur seconde réalisation selon leur Bandcamp, qui mentionne un Thalassas publié il y a trois ans. Quatre musiciens, trois barbus fournis et un beau gosse au charme certain, pour une musique qui ne l’est pas moins, charmante, sans oublier la puissance au vestiaire.
Se réclamant d’influences diverses, les principales tournant autour de RUSH, PORCUPINE TREE, THE MARS VOLTA, MASTODON, OPETH, INCUBUS, YES, ou TOOL, le groupe évolue dans un créneau de Rock/Hard-Rock progressif de facture classique, intégrant quelques éléments de Jazz, de Pop ou même d’expérimental alternatif (pour peu que l’expression ait un sens…).
Et en écoutant attentivement les cinq chapitres d’Of Two Minds, Stages 1-2- The Ape and the Cage, il est tout à fait possible de compléter le tableau avec la palette de couleurs de DREAM THEATER, Steven Wilson, et même PERIPHERY pourquoi pas dans les moments les plus agités, sans perdre de vue la scène de Canterbury, manifeste sur l’entame « As We Speak, Pt 1 » par touches fugaces…Ce morceau d’ouverture pourra d’ailleurs aiguiller les néophytes dans une mauvaise direction Pop, puisque le clavier en domine les premières minutes, survolé d’un chant subtil aux accents presque féminins, avant que la guitare ne se décide à lâcher un riff purement Rock grungy.
Les réminiscences de RUSH transpirent jusqu’aux échos très Geddyliens du chant, un peu nasillard et assez aigu, sans que l’on puisse parler de plagiat, même si les fantômes de Presto ou Moving Pictures planent au-dessus de nos têtes.
Mais dès « The One Who Fell to Earth », l’ambiance évolue et se veut beaucoup moins feutrée, et beaucoup plus expansive. Dès lors, les musiciens commencent à montrer ce qu’ils ont dans le ventre, et à se lancer dans une folle sarabande de plans logiques et coulés, qui nous emportent dans une valse à la PORCUPINE TREE/DREAM THEATER endiablée, sans pour autant coller de trop près aux préceptes des deux monstres sacrés.
Ne craignez cependant pas une énième variation sur mode démonstratif, puisque les IN THE PRESENCE OF WOLVES sont des esthètes, mais aussi de solides compositeurs, qui préfèrent mettre leur dextérité au service de leurs morceaux, plutôt que de proposer de jolis écrins vides à remplir de technicité outrancière plaquée or. La preuve formelle nous en est apportée par « White Noise », qui se nourrit de finesse et de textures mélodiques enchevêtrées, tout en lardant la délicatesse de force rythmique, louchant sévèrement sur les premiers albums de la bande à Petrucci et Portnoy.
« The Ape and the Cage » prend son temps, et distille pendant dix minutes une litanie hypnotique et harmonique qui synthétise des courants aussi différents que le Folk, le Rock, le Jazz, et laisse tous les instruments respirer un air de liberté, permettant ainsi à la basse de prendre en charge les opérations de ses notes rondes et autres glissandos fluides.
On penserait même avec un peu d’imagination à une incarnation soft des CYNIC, si la patine Pop n’était pas aussi forte sur les breaks les plus aériens. Les riffs se multiplient comme les images dans un rêve éveillé, et les mélodies disputent le terrain aux constructions rythmiques élaborées, qui une fois encore ne cèdent jamais à l’esbroufe déplacée.
Arpèges, picking, déliés, rangs serrés, riffs agressifs et intermèdes planants, la panoplie est complète et se montre sous un autre reflet via « M.U.A. (Manipulation Under Anesthesia) », final homérique.
Ce morceau est d’ailleurs un climax approprié, qui reprend les thèmes énoncés précédemment, tout en ouvrant d’autres pistes, avec toujours ce chant très juvénile, qui implore tout autant qu’il ne harangue. Polyrythmie, arythmie, et torrents de violence sous contrôle, pour une ultime accélération d’inspiration qui décidément ne supporte aucune limite, et se rapproche des frontières les plus surveillées de PERIPHERY ou WASTEFALL.
Of Two Minds, Stages 1-2- The Ape and the Cage est un spectacle auditif intégral qui nous offre un numéro de funambule d’une dextérité extraordinaire. On visualise très bien l’artiste sur son fil, marchant prudemment, puis esquissant quelques sauts de cabri, avant de stopper net pour se lancer dans une course folle, sans filet, mais conscient du danger de l’excès de confiance.
Et plus concrètement, ce nouvel EP des américains d’IN THE PRESENCE OF WOLVES est un témoignage de bonne volonté, qui prouve que le Metal/Rock progressif à encore des choses à dire, pour peu qu’il renonce à ses astuces les plus prévisibles et pompeuses.
Un art délicat, qui consiste à trouver le juste milieu entre la puissance et la nuance, art que le quatuor maîtrise à merveille. Comme un loup que l’on chercherait à rendre plus docile, et qui accepterait les caresses tout en montrant les dents.
Titres de l'album:
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15