Un australien et un suédois. Ça ressemble au podium d’une épreuve olympique quelconque, mais il n’en est rien. Les J.O sont bien finis, et il va falloir reprendre une vie normale, sans médailles, sans piscine, sans terrain de volley et sans piste à cramer de la semelle. Et en parlant de cramer, ce duo s’y entend justement comme personne pour s’occuper de la pelouse que vous refusez de tondre. Comme des huns mais à deux, D.E.A.D et son acronyme qui ne cache pas grand-chose prône la violence la plus crue, mais aussi la plus subtile.
Etiqueté Death/Thrash pour la praticité de la chose, D.E.A.D publie son premier long après deux singles, et entérine donc cette collaboration entre deux pays que tout oppose. La rigueur et la froideur suédoises, la fureur et la sècheresse australes, voilà de quoi alimenter les chaudières, et passer une bonne fin d’été devant la cheminée, ou dans le désert à s’assécher.
Adam Keane (BELIAL, ex-BEZERKER, ex-SOUNDSURGERY, ex-SUDEFED) et Niels Nielsen (DEAD SOUL, NIELS NIELSEN, ex-IN FLAMES (live)) ne sont donc pas des débutants, et ils le prouvent sans prendre de gants. Entre Thrash moderne et Melodeath à la mode en Suède, D.E.A.D ne choisit pas, et cumule les deux fonctions et les deux labels. En autoproduction, Adam et Niels avancent donc à découvert, et annoncent la couleur dès le long et tonitruant « Before I Die ». Une solidité impressionnante, une épaisseur effrayante, pour un résultat certes classique, mais efficace. D’ailleurs, la multitude d’influences du duo apparaît assez vite, tout du moins une fois « Morbid » encaissé, avec une admiration sans failles pour la Floride de MORBID ANGEL.
Mais on peut assumer ses influences tout en gardant sa patte. C’est ce que souligne ce premier album, modeste de proportions, mais ambitieux de ton. On y trouve de tout pour tout le monde, et les accros à la violence chirurgicale peuvent déjà préparer leur ouïe, tant leur vice sera flatté dans le sens des poils. On parle parfois le PANTERA en mode méchamment mal réveillé (« Death Toll », qui sent bon le sud de The Great Southern Trendkill), on y renifle de temps en temps l’air morbide de la scène Death/Black scandinave (« The Manifest »), et on accepte la surchauffe et la sueur qui coule des dessous de bras.
Capables techniquement, convaincants dans leur inspiration, les deux larrons font la foire, et acceptent même des inflexions Hardcore de bon aloi. Mais avec son lot de blasts et d’accélérations fumasses, Of Vile and Hate se montre aussi haineux que vil, et honore donc son titre de toute sa colère. Imaginons un Crossover entre SOILWORK et AT THE GATES en villégiature australe, du côté de Perth ou de Canberra, et l’image suggérée ressemblera beaucoup à ces trente-cinq minutes de brutalité.
On évacuera rapidement les problèmes d’originalité, même si rythmiquement parlant l’œuvre à de la gueule, et on se concentrera sur son efficacité, terrassante et harassante. « Race To The Grave », morceau atypique du répertoire, joue l’outrance avec beaucoup de conviction, et propulse le Death entre MESHUGGAH et STRAPPING YOUNG LAD, ce qui permet d’aérer un peu la pièce pour évacuer les odeurs trop reniflées.
Plus proche d’une cité maudite en mode dystopie que de cette pochette macabre et ascétique, Of Vile and Hate est un gigantesque chaos mis en musique, dont les fréquences frisent à la moindre occasion. On appréhende assez facilement le mélange des nationalités lorsque leur équilibre est parfait (« Buried », mélodique, mais teigneux comme un inspecteur des impôts), et le duo donne le sentiment constant d’être un véritable groupe de quatre ou cinq musiciens.
Inutile donc de prévoir une période de probation, mais attention, comme je le soulignais. Ne pensez pas avoir mis les oreilles entre deux tranches de Death/Thrash barbare et queutard, et mettez-vous bien dans le crane que ces deux-là sont des esthètes. C’est d’une évidence lénifiante sur le syncopé « Dead » qui évoque encore une fois les déviances de notre cher Phil Anselmo, et encore plus criant sur le sophistiqué et alourdi « The Spread ». De l’unité dans la diversité, des harmonies charriées, des pulsions de moribond, pour un résultat qui donne envie de faire des bonds.
Paradoxalement, D.E.A.D sonne très vivant. Et sans tromperie sur la marchandise, qui transite entre Stockholm et Sydney.
Titres de l’album :
01. Before I Die
02. Morbid
03. Death Toll
04. The Manifest
05. Race To The Grave
06. Buried
07. Dead
08. The Spread
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