Of Vile and Hate

D.e.a.d

09/08/2024

Autoproduction

Un australien et un suédois. Ça ressemble au podium d’une épreuve olympique quelconque, mais il n’en est rien. Les J.O sont bien finis, et il va falloir reprendre une vie normale, sans médailles, sans piscine, sans terrain de volley et sans piste à cramer de la semelle. Et en parlant de cramer, ce duo s’y entend justement comme personne pour s’occuper de la pelouse que vous refusez de tondre. Comme des huns mais à deux, D.E.A.D et son acronyme qui ne cache pas grand-chose prône la violence la plus crue, mais aussi la plus subtile.

Etiqueté Death/Thrash pour la praticité de la chose, D.E.A.D publie son premier long après deux singles, et entérine donc cette collaboration entre deux pays que tout oppose. La rigueur et la froideur suédoises, la fureur et la sècheresse australes, voilà de quoi alimenter les chaudières, et passer une bonne fin d’été devant la cheminée, ou dans le désert à s’assécher.

Adam Keane (BELIAL, ex-BEZERKER, ex-SOUNDSURGERY, ex-SUDEFED) et Niels Nielsen (DEAD SOUL, NIELS NIELSEN, ex-IN FLAMES (live)) ne sont donc pas des débutants, et ils le prouvent sans prendre de gants. Entre Thrash moderne et Melodeath à la mode en Suède, D.E.A.D ne choisit pas, et cumule les deux fonctions et les deux labels. En autoproduction, Adam et Niels avancent donc à découvert, et annoncent la couleur dès le long et tonitruant « Before I Die ». Une solidité impressionnante, une épaisseur effrayante, pour un résultat certes classique, mais efficace. D’ailleurs, la multitude d’influences du duo apparaît assez vite, tout du moins une fois « Morbid » encaissé, avec une admiration sans failles pour la Floride de MORBID ANGEL.

Mais on peut assumer ses influences tout en gardant sa patte. C’est ce que souligne ce premier album, modeste de proportions, mais ambitieux de ton. On y trouve de tout pour tout le monde, et les accros à la violence chirurgicale peuvent déjà préparer leur ouïe, tant leur vice sera flatté dans le sens des poils. On parle parfois le PANTERA en mode méchamment mal réveillé (« Death Toll », qui sent bon le sud de The Great Southern Trendkill), on y renifle de temps en temps l’air morbide de la scène Death/Black scandinave (« The Manifest »), et on accepte la surchauffe et la sueur qui coule des dessous de bras.

Capables techniquement, convaincants dans leur inspiration, les deux larrons font la foire, et acceptent même des inflexions Hardcore de bon aloi. Mais avec son lot de blasts et d’accélérations fumasses, Of Vile and Hate se montre aussi haineux que vil, et honore donc son titre de toute sa colère. Imaginons un Crossover entre SOILWORK et AT THE GATES en villégiature australe, du côté de Perth ou de Canberra, et l’image suggérée ressemblera beaucoup à ces trente-cinq minutes de brutalité.

On évacuera rapidement les problèmes d’originalité, même si rythmiquement parlant l’œuvre à de la gueule, et on se concentrera sur son efficacité, terrassante et harassante. « Race To The Grave », morceau atypique du répertoire, joue l’outrance avec beaucoup de conviction, et propulse le Death entre MESHUGGAH et STRAPPING YOUNG LAD, ce qui permet d’aérer un peu la pièce pour évacuer les odeurs trop reniflées.

Plus proche d’une cité maudite en mode dystopie que de cette pochette macabre et ascétique, Of Vile and Hate est un gigantesque chaos mis en musique, dont les fréquences frisent à la moindre occasion. On appréhende assez facilement le mélange des nationalités lorsque leur équilibre est parfait (« Buried », mélodique, mais teigneux comme un inspecteur des impôts), et le duo donne le sentiment constant d’être un véritable groupe de quatre ou cinq musiciens.

Inutile donc de prévoir une période de probation, mais attention, comme je le soulignais. Ne pensez pas avoir mis les oreilles entre deux tranches de Death/Thrash barbare et queutard, et mettez-vous bien dans le crane que ces deux-là sont des esthètes. C’est d’une évidence lénifiante sur le syncopé « Dead » qui évoque encore une fois les déviances de notre cher Phil Anselmo, et encore plus criant sur le sophistiqué et alourdi « The Spread ». De l’unité dans la diversité, des harmonies charriées, des pulsions de moribond, pour un résultat qui donne envie de faire des bonds.

Paradoxalement, D.E.A.D sonne très vivant. Et sans tromperie sur la marchandise, qui transite entre Stockholm et Sydney.  

   

Titres de l’album :

01. Before I Die

02. Morbid

03. Death Toll

04. The Manifest

05. Race To The Grave

06. Buried

07. Dead

08. The Spread


Site officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 21/10/2024 à 17:58
80 %    13

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Rendez-vous

RBD 21/10/2024

Live Report

The Mission

RBD 27/09/2024

Live Report

Obscene Extreme 2024

Mold_Putrefaction 29/08/2024

Live Report

Discography 1983-2006

mortne2001 18/08/2024

La cave

Ratos de Porão + All Borders Kill

RBD 22/07/2024

Live Report

HELLFEST 2024 / Clisson

Jus de cadavre 15/07/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Moshimosher + 1 pour ce qui est de mon album préféré et de la news qui n'est malheureusement pas si surprenante que ça au vu de la vie du gaillard...

21/10/2024, 20:58

Moshimosher

RIP ! Iron Maiden restera mon album préféré du groupe et Killers le premier album que je me sois acheté (Ah ! Quelle pochette !)... Pas vraiment étonné par la nouvelle, mais, bon, elle n'en est pas moins triste pour autant...

21/10/2024, 19:55

Sphincter Desecrator

 

21/10/2024, 19:18

Arioch91

Pas mieux. Sale nouvelle.

21/10/2024, 18:52

Tourista

Alors là, c'est la baffe. 

21/10/2024, 18:20

Humungus

Bah oui allons LeMoustre...Il est évident que le propos d'Orphan est du quinzième degrés.

20/10/2024, 17:22

Humungus

Pas mieux :TRAVERS.

20/10/2024, 17:20

Simony

 

20/10/2024, 09:33

Tourista

7 lettres : JARRETS.

20/10/2024, 09:00

Sphincter Desecrator

@LeMoustre: Concernant Orphan, je pense qu'il y a surtout du 2nd degré...Quant à FATIMA: le groupe sort un album sur Season of Mist en 2020, et découvre en 2024 que DESTRÖYER 666, c'est des méchants... Paye ton groupe de touristes. Allez, une petite (...)

18/10/2024, 22:29

Gargan

Très 90s dans le son, même si j'aurai préféré un peu plus rond. J'aimerai bien les revoir live du coup.

18/10/2024, 19:15

LeMoustre

@Humungus : oui, j'aurai pu mettre les Guignols de l'Info avec Mr Sylvestre dans le lot, quand il citait les gniakoués, etc...Malheureusement quand je lis des réactions comme du dénommé orphan je me dis qu'on est quand même pas sorti d'(...)

18/10/2024, 07:39

Humungus

LeMoustre + 1 bordel !!! !!! !!!

18/10/2024, 06:50

Chemikill

Nostalgie VS

18/10/2024, 04:58

Ivan Grozny

Pour ma part, je trouve le metal encore relativement épargné — pour combien de temps encore ? — par les diverses chasses aux sorcières qui touchent absolument tous les milieux sociaux et culturels. Après feindre de découvrir en 2024 que Deströye(...)

17/10/2024, 23:46

Ivan Grozny

À l

17/10/2024, 23:37

Ivan Grozny

Immanquable

17/10/2024, 23:35

Ivan Grozny

Très bonne nouvelle

17/10/2024, 23:34

LeMoustre

Ramenez nous Billy Milano.

17/10/2024, 20:51

SEXMASTER

Au-delà du cas en question je trouve regrettable que ça arrive de plus en plus, c'est une tradition du genre les provocations, souvent à deux balles certes, mais tu pouvais avoir un concert avec un public souvent extrême mais aussi très divergent sur les id&(...)

17/10/2024, 17:55