Parfois, en tant que chroniqueur, nous recevons des mails promotionnels assez anonymes qui ne nous en disent pas énormément sur le produit qu’ils vantent. Ainsi, en téléchargeant l’archive du premier EP des danois d’OFFERNAT, je n’attendais rien de spécial, le laïus de communication étant assez flou. Mais ayant une inclinaison naturelle à faire confiance aux pays nordiques depuis des décennies, je me suis laissé convaincre par ma curiosité, et j’ai fini par découvrir que sous des atours génériques, les OFFERNAT étaient une sacrée surprise. Plus complexe qu’elle n’en avait l’air de prime abord, cette chronique n’allait donc pas se borner à quelques formules lapidaires couchées sur des humeurs variables.
Fondé en 2020 à Copenhague, capitale du beau royaume du Danemark, OFFERNAT est ce qu’on pourrait désigner comme un power-trio de par sa formule. Centré autour des trois personnalités de Jonas Bangstrup (batterie, chœurs), d’Anders Kargaard Bork (chant/guitare) et William Frøland (chant, basse, piano), ce groupe sorti de nulle part se présente dans les premiers instants comme un combo de Hardcore assez ordinaire, animé d’une rage saine, mais pas forcément plus brutal ou original que ses congénères. Et après quelques minutes d’écoute, on se dit que l’analyse va être rudement simple, avant de jeter un rapide coup d’œil au tracklisting. En effet, quel groupe de Hardcore classique naissant oserait une composition de plus de neuf minutes en tant qu’épilogue de son premier moyen-format ? On relit alors le communiqué de presse fourni avec le lien, et on note des allusions au Black Metal, au Post Rock, et toutes sortes de déviances qui finalement, écartent de la piste Hardcore conventionnelle. Alors si comme moi vous pensez que l’ouverture de « Submissive Impulse » solde les comptes immédiatement, détrompez-vous : Offernat a beaucoup plus à offrir que ça.
Certes, les premières minutes de ce fameux premier titre indiquent que les trois danois se rangent dans une catégorie pratique de Hardcore straight, à tendance chaotique du grand nord. Les voix sont écorchées, le rythme est faux dans son mid maltraité, le riff est simplissime, mais l’ambiance poisseuse et le ton virulent cachent quelque chose de plus profond. On pense à un REFUSED plus simpliste, plus NYC, mais dans le fond, on commence à se poser des questions. Et ces questions trouvent une ébauche de réponse via « Black Lung », aux arpèges délicats, et à l’ouverture indécise. Entre mélodie amère, Post Hardcore et Sludge, OFFERNAT brouille salement les pistes, et dévie de sa trajectoire un peu hâtivement établie pour nous entraîner dans un univers aux boucles de basse hypnotiques et aux accès de rage palpables. Très convaincant avec son chant partagé, le trio tisse alors un canevas plus lâche, et multiplie les allusions à NEUROSIS, UNSANE, OPETH, et nous oblige à revoir notre copie. Et lorsque les dernières notes de la transition « Nattefrost » s’évanouissent dans les airs grisés, la révélation « Shadow of Flame » dévoile un ciel beaucoup plus nuancé.
Entre un DOWN vraiment torturé et un Sludge à tendance Post-Hardcore maladif, ce dernier pamphlet achève de transformer ce premier EP en réussite absolue. Doucement, sans forcer, les trois danois nous ont emmenés exactement là où ils le souhaitaient, loin de ce Hardcore bas du front que nous avions cru deviner dès le départ. Les riffs sont lancinants, le chant hurlé à pleins poumons, l’ambiance pesante et le rythme lourd, et le cheminement Post fascinant. Avec plus de neuf minutes à meubler, le groupe n’hésite pas à faire appel à des cassures mélodies minimalistes, durant lesquelles la basse lâche quelques notes sentencieuse, tandis que le chant accepte de se taire pour laisser l’instrumental chaotique dessiner un panorama presque post-apocalyptique. Ce mélange de montées en puissance et d’accalmies inquiétantes débouche sur un solo purement Rock n’Roll, précis dans le doigté, et extrêmement harmonieux. Les trois musiciens se lancent alors à corps perdu dans un crescendo impressionnant, et les dernières cartouches sont tirées, s’appuyant sur la précision d’un chant de plus en plus exhorté. La violence, sous toutes ses formes, des accélérations fulgurantes pour se rapprocher d’un BM traité plus concret, et les vingt-quatre minutes s’achèvent en une apothéose de chaos.
Belle surprise que ce premier EP des OFFERNAT, qui donne vraiment envie d’en savoir plus sur ces musiciens surprenants aux goûts éclectiques. Des compositions fortes et ouvertes, une attitude, de quoi envisager l’avenir en longue-durée pour notre plus grand plaisir de masochiste.
Titres de l’album:
01. Submissive Impulse
02. Black Lung
03. Nattefrost
04. Shadow of Flame
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30
Un bouquin est sorti là-dessus, "The Tape Dealer" de Dima Andreyuk ( fanzine Tough Riffs)...
10/02/2025, 15:31
Toute ma jeunesse.Mais franchement, je ne regrette pas cette période : Le nombre d'heures "perdues" à remplir des K7s et faire les pochettes bordel... ... ...
10/02/2025, 10:16
Um som genuíno e nostálgico.Eu olho para Um poema morto, com grande carisma, com a esperança de que a boa e velha desgraça dos anos 90 ainda respire. Abstract Existence, talvez, seja o &(...)
09/02/2025, 11:22