C’était en 1991, sans hésitation. J’ai collé dans ma platine un album étrange, prêté par un pote, doté d’un son bizarre, et maculé de compositions biscornues, à cheval entre un Death vraiment primaire et sale et un BM pas franchement assumé. Cueilli à froid par un « Cromlech » d’anthologie, avec ce fameux coup de caisse claire à rendre Lars Ulrich fier de ses techniques d’enregistrement, j’ai eu plaisir à découvrir un groupe pas comme les autres, sans me douter que son avenir le rendrait encore plus singulier. Mais jamais, au grand jamais, je n’aurais pu déceler dans cette œuvre brouillonne l’entame d’une carrière unique et exemplaire, qui presque trente ans plus tard serait toujours d’actualité. Ensuite ? Des disques fameux, plus Black, avec un corpsepaint de rigueur, et un son de plus en plus crade, explorant avec passion les arcanes de l’underground extrême des années 90 avec une fascination à peine dissimulée pour les années 80. Je ne me suis jamais vraiment remis de Panzerfaust, l’un des LPs les plus immondes de la création, avec ses lenteurs étouffantes et sa production à l’arrache digne d’une démo de répète, et puis le temps a fait son affaire…Et si je n’ai jamais oublié les A Blaze in the Northern Sky, Under a Funeral Moon ou Transilvanian Hunger, j’ai fini par laisser les DARKTHRONE sur le bord de leur route, pas vraiment convaincu par leur optique Black N’Roll qui me faisait plus marrer qu’autre chose. Mais je n’ai jamais écouté DARKTHRONE pour me marrer, à la limite VONDUR oui, ou d’autres se croyant plus evil que le premier slip de peau de Quorthon. Car DARKTHRONE pour moi, au même titre et même plus que leurs petits copains de régiment de l’époque représentait la quintessence d’un BM norvégien pourri jusqu’à la moelle, pas une récréation catchy qu’on pose sur sa platine pour headbanguer comme un crétin. Et puis, avec les années, la confiance s’est rétablie, et j’ai été ravi de retrouver un groupe puant sur The Underground Resistance, et empestant encore plus sur le référentiel Arctic Thunder. Et en faisant de nouveau connaissance avec le duo, je me suis rendu compte que le groupe dont je possédais le plus grand nombre d’albums, c’était eux. Fenriz et Nocturno Culto. Plus que MAYHEM, plus que MARDUK, ce qui devait forcément signifier quelque chose…
En 2019, et sans avoir tourné depuis l’orée des années 90, le duo est toujours debout, actif, malgré des activités annexes plutôt concrètes et prosaïques. Je ne vais pas vous rappeler le travail de Fenriz en tant qu’agent des postes, ni son implication dans la vie politique municipale, mais tout ça fait partie d’un décorum que le groupe assume pleinement, revendiquant le côté amateur d’une optique artistique qui les honore. Arctic Thunder ayant réussi à rameuter des fans perdus depuis longtemps, il fallait enfoncer le clou et maintenir le niveau de qualité des morceaux, ce que ce dix-huitième LP (en comptant Goatlord) fait sans forcer, en se focalisant sur le point fort du duo, ce point fort incontestable qui a fait d’eux deux légendes que l’histoire n’est pas prête de ternir. Des riffs, beaucoup de riffs, et des bons, lourds, mémorisables, suffocants, agonisants, mais agençant des structures évolutives que Old Star met en avant de la plus probante des façons. Fenriz lui-même l’a dit en amont, Old Star est leur disque qui sonne le plus eighties de leur entière discographie. De ce point de vue-là, impossible de le contredire, car dès « I Muffle Your Inner Choir », le tout exhale d’un fumet s’échappant des marmites funestes de HELLHAMMER, Suisse, circa 1983. Un tempo pilonné, pataud, de ceux que Tom Warrior affectionnait sur « Massacra », une production que les deux compères sont allés chercher dans les abysses du passé, une batterie que les auteurs voulaient purement 70’s mais qui finalement sonne aussi matte qu’une capture d’écran de POSSESSED/CELTIC FROST, pour un impact qui souffle le chaud, et qui mettra tout le monde d’accord. En 2019, DARKTHRONE est toujours ce groupe qui n’en fait qu’à sa tête, et qui prend son temps (trois ans entre chaque album, un rythme beaucoup moins soutenu qu’avant…), pour justement placer un maximum de guitares vénéneuses et à moitié moisies, embellissant le tout de lignes vocales complètement sous-mixées qu’on distingue à peine dans un râle d’agonie lointain. Pas de mauvaises surprises et malgré cette entame rapide, Old Star joue l’oppression et la lenteur quasiment de bout en bout, ce qui est devenu une trademark pour le groupe. Les influences d’hier sont encore plus présentes aujourd’hui, mais elles sont digérées depuis longtemps, et intégré à un ADN unique, celui que partagent Fenriz et Nocturno Culto, fait de distorsion crade, de textes vomis, mais aussi d’une assise très Heavy, plus que par le passé, et loin des tics monomaniaques n’roll des pires années de fun. Aujourd’hui, on joue lourd, on joue fort, mais on joue bien et glauque.
A ce titre, et même si tous les indices menant aux preuves de ce dix-huitième album ont été parsemés durant les années, Old Star, à la filiation pourtant directe avec Arctic Thunder et The Underground Resistance est le fils légitime de Panzerfaust, traduit dans un langage musical plus contemporain et mature. Enregistré et produit par NC, mixé par Sanford Parker (VOIVOD) aux Hypercube Studios, et masterisé par Jack Control, il nous offre le visage le plus distordu, la grimace la plus laide du groupe depuis longtemps, mais aussi les morceaux les plus complets et l’optique la plus sincère. « The Hardship Of The Scots » donné en apéritif aux zines du monde entier recense quelques plans d’importance, et accentue cette agression des bas-fonds, presque progressif dans les faits, séduisant avec ses arabesques de basse, mais surtout révélateur d’une volonté de replacer la guitare au centre des débats, et de conspuer cette génération de groupes les utilisant comme des gimmicks, à la va-vite, pour justifier de prouesses rythmiques. Ici, la précision est tangible, peut-être plus approximative que chez leurs contemporains plus jeunes, mais le tout respire l’authenticité. Rien de neuf bien sûr, le groupe ayant déjà exploré toutes ces pistes avant, et d’autres avant eux, la synthèse entre les premières années de BM et la naissance de la scène via HELLHAMMER et BATHORY crevant les yeux (d’ailleurs, pour Fenriz, inutile de regarder Lords of Chaos. Pour comprendre le BM, il faut écouter The Return, encore et encore…), mais entre la puissance perverse de « Old Star », et l’effet persuasif et évasivement Hard-Rock du long final «The Key Is Inside The Wall » (qui laissera une bonne pitance d’inspiration à tous les apprentis nostalgiques actuels), tout est résumé en moins de quarante minutes, et ce nouveau chapitre se pose en nouvelle borne.
Certains artistes pourraient en vouloir à leurs fans de partir et revenir, piochant comme bon leur semble dans leur production de temps à autres. Je ne pense pas que DARKTHRONE soit de ceux-là. Ils sont tout à fait conscients que leur musique n’a qu’un caractère anecdotique, alors même qu’elle pourrait incarner ce que le Black Metal a produit de plus honnête depuis ses débuts. Une musique de passionnés, qu’on imagine conçue par Fenriz dans son bureau alors qu’il écoute un truc qu’il apprécie. Mais on n’écoute plus un album de DARKTHRONE pour passer le temps. On l’écoute religieusement, comme un vestige du temps ou la scène norvégienne représentait ce que le monde pouvait connaître de plus malsain.
Titres de l’album :
01. I Muffle Your Inner Choir
02. The Hardship Of The Scots
03. Old Star
04. Alp Man
05. Duke Of Gloat
06. The Key Is Inside The Wall
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