Ombre

Ombre

18/07/2024

Autoproduction

évidemment de tout. Composition, écriture, musique, enregistrement, et on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Mais alors, qu’est ce qui permet de distinguer ce nouveau concept des centaines émergeant chaque jour de l’underground ? Du panache, un soupçon de créativité, des arrangements ludiques, et un confort dans l’assimilation des influences et références, pour accoucher d’une œuvre éponyme conséquente et quelque peu symphonique sur les bords.

Au milieu ?

Le chaos et la beauté. La laideur et la contemplation, et tout ce que vous voudrez y glisser.

T est un amoureux du beau geste. On le sent dès les premières mesures de « Des Milliers de Lances », qui même éructée comme un damné conserve son potentiel pictural évocateur, quelque part dans les limbes ou au milieu d’une vallée de la mort, peu de temps après un décès. Le voyage est donc aussi âpre qu’onirique, et nous entraîne à la dérive d’un océan de possibilités, navigué avec professionnalisme.

Ombre en jette une sur la scène BM internationale. D’une lancinance exacte et d’une insistance crasse, ce premier long porte en lui les idées de toute une génération, qui n’a de cesse de se passionner pour les musiciens les plus inspirés. Et T, l’est, lui qui multiplie les ambiances et les approches, pour ne jamais jouer la même chose plus que quelques mesures. Ce premier morceau de plus de dix minutes est déjà un condensé à lui seul. Composé de plusieurs parties différentes, et s’achevant dans la grandiloquence d’un Metal d’obédience classique, ce titre est une acmé à lui seul, et la preuve que le Black Metal peut encore repousser les limites en s’ouvrant à l’extérieur.

Il n’y a aucune restriction à imposer à un style qui les foule des BPM depuis des décennies. Avec une base traditionnelle et nordique, OMBRE brode des thèmes mélancoliques, un peu passés, souvent violents, mais jamais dépassés. Survolé de lignes vocales indéchiffrables émanant du passé, Ombre est la part que nous portons tous en nous, et qui surgit lorsque le calme n’est plus une réponse adéquate. Cette part d’Ombre est ici mise en avant par contraste et opposition, le musicien cassant régulièrement le rythme de plans éthérés, harmonieux, pour mieux relancer la machine à cauchemars juste après.

Très opératique, cette symphonie d’outrance garde la luxuriance pour des moments très précis. Ainsi, c’est le centre de « Courant d'air » qui tient lieu de déviance, s’aidant de chœurs étranges et d’une lenteur inhabituelle. La mise en scène est donc fouillée, et l’atmosphère chargée. OMBRE déambule dans un château aux fenêtres cassées, laissant passer le vent qui raconte ses propres histoires une fois la nuit tombée. Hanté par des obsessions brutales et des instincts primaux, T laisse ses instruments vous raconter une vieille légende, de celles qui traversent les générations pour être déformées à loisir. Sous l’égide d’un DISSECTION plus dramatique que bruyant, tenant compte des impératifs de qualité EMPEROR, OMBRE admet ses points forts et met en avant ses qualités. De l’autorité lorsque le beat est plus Heavy, de la souplesse sur les cassures plus fluides, et une colère ouverte lorsque tous les éléments s’imbriquent dans une superposition en mille-feuilles.

La somme d’informations musicales peut donner le tournis. En quatre titres seulement, ce premier album s’impose déjà dans le panorama français, faisant montre de belles certitudes et de doutes touchants. Evoluant en parallèle, une thématique fondamentale et un glacis plus personnel constituent l’ossature de cette réalisation qui met en opposition la laideur rigoriste et la beauté vénéneuse, dans un hiver sans fin à la neige tâchée de sang.

« Vomir son Cœur » est une injonction pour le moins péremptoire, mais elle s’accompagne d’une mise en sons très adaptée. Le ton amer de ces lignes de chant noyées dans le mix, ces mélodies qui tournoient comme de l’eau dans un lavabo, et ces soudaines pulsions agressives qui font monter la température, permettent à ce premier album de sonner non seulement pro, mais aussi original. Puisqu’il est tout à fait possible de respecter les canons atmosphériques en osant les transcender.  

Parfois très Rock, souvent intense, Ombre ne refuse pas la lumière, sans laquelle il ne pourrait pas exister. Il joue avec elle une partie de cache-cache sous les étoiles, nous forçant à chercher les endroits les plus reculés pour ne pas être trouvé. Mais les indices laissés par cette basse mutine, et le ratissage permanent d’une guitare à la distorsion maladive bloquent l’accès aux cachettes décalées, nous faisant perdre la partie pour avoir été trop imprudents.

OMBRE a vraiment travaillé sa partition. « Evaporation », lent et processionnel est une fermeture idéale pour un labyrinthe de lierre et de pierres, et nous force à réfléchir à notre propre condition. Cet illogisme qui nous pousse à détruire que ce nous aimons au nom de l’impatience et du chacun pour soi. Le monde peut être beau, mais seulement si vous le laissez vivre.

Acceptez de souffrir un peu pour continuer à en profiter. Sinon, laissez immédiatement votre place. La queue est déjà assez longue comme ça.   

  


Titres de l’album :                                             

01. Des Milliers de Lances

02. Courant d'air

03. Vomir son Coeur

04. Evaporation


Bandcamp officiel


par mortne2001 le 00/00/0000 à 00:00
80 %    182
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