Difficile de parler de Black Metal sans aborder ses racines…La plupart du temps, les spécialistes conviendront de l’apport suédois en la matière, d’autres évoqueront avec certitude la prédominance de leurs voisins norvégiens, tandis que les puristes de l’attaque frontale se gargariseront de l’importance germanique en la matière…Quelques spécialistes de l’occulte ne manqueront pas de mentionner la Pologne et l’Ukraine, tandis que les chantres de l’underground se feront une joie de contredire tout le monde avec la pole position acquise ces dernières années par nos cousins canadiens.
Tout ceci est bien joli, mais encore faudrait-il rester honnête, et laisser le chauvinisme de côté. Je rentrerai donc en conflit avec moi-même en biaisant cette recommandation, puisque je m’en vais mentionner mon propre pays comme pourvoyeur fondamental d’occultisme morbide, et ce, depuis les séminales années 90, celles qui ont construit et paradoxalement déconstruit l’hydre à mille têtes.
Je pourrais dresser ici une liste quasi exhaustive des combos nationaux ayant un jour ou une nuit battu pavillon BM à travers nos régions, et le monde, mais je serais contraint d’y inclure des étoiles filantes, au détriment des ensembles les plus importants.
Alors, au lieu de me lancer dans cette vaste entreprise condamnée à la vacuité, je me bornerai à parler du cinquième album d’un de nos plus vénérables et dangereux représentants, un quintette fondé en 1994, en Île-de-France, et qui depuis plus de vingt ans se consacre à respecter les dogmes racines du genre, au point d’en incarner l’un des gardiens du temple maudit les plus fidèles.
Les MERRIMACK sont de grands exigeants. Ils sont pointilleux sur l’approche, et encore plus dans son exécution. Après une foultitude de démos et d’EP, ils ont sorti ce qui restera à jamais l’un des pamphlets les plus définitifs du « True Black », en 2002, via l’acclamé dans les abysses Ashes Of Purification.
Depuis, ils ont continué leur entreprise de purification des masses de fans via un Black hautement corrosif et compact, et savourent aujourd’hui leur gloire acquise à la force de riffs glaciaux et de rythmiques torrides, en nous proposant un des LP les plus fondamentaux de cette année, et certainement de leur carrière. On les savait extrêmement agressifs, on les découvre de plus en plus violents, et pourtant, toujours aussi mélodiques dans leur philosophie combinant tradition et évolution.
N’attendez pourtant aucune ouverture sur les dénaturations Post-Black ou Blackgaze, Perversifier & A.K. (guitares), Daethorn (basse), Vestal (chant) et Blastum (batterie) n’ont pas changé leur croix inversé de cou, et continuent de saper les bases de la civilisation judéo-chrétienne de leurs déflagrations dignes d’un MARDUK des meilleurs jours, ou d’un 1349 sévèrement remonté.
La recette n’a pas changé, la puissance est toujours aussi époustouflante, et amplifiée par une énorme production qui leur permet d’être de tous les fronts, sans disperser leurs troupes. Et de fait, Omegaphilia est sans doute le coup de canon le plus meurtrier dirigé vers la forteresse des traîtres à la cause depuis…Serpent Sermon de MARDUK, sans aucun doute.
Et en cherchant la définition musicale du mal à l’état pur dans le grand dictionnaire musical contemporain, vous risquez fort de tomber sur les sept chapitres de cette nouvelle offrande, aussi vénéneuse que cathartique dans son effort constant de repousser les limites de la tolérance. Car MERRIMACK ne se contente pas de faire allusion au malin, il dine à sa table et rit avec lui de la pathétique fuite en avant de la plèbe devant l’inéluctable. Cet inéluctable se trouve donc traduit en musique sur Omegaphilia, qui se veut tables de lois de l’apocalypse à venir, en jouant le rôle d’un Damien de la malséance musicale, comme en témoigne un titre aussi maladif et létal que « Apophatic Weaponry ».
On pensait la marge de progression des français maigre au regard de leurs performances passées, et pourtant, ils nous démontrent qu’ils continuent d’avancer depuis The Acausal Mass, paru il y a déjà cinq ans.
Leur retour est donc célébré en grandes pompes funèbres, et ce dès l’entame féroce « Cauterizing Cosmos », qui après une courte intro incantatoire plante un décorum hivernal de riffs acides, rongeant une rythmique lancinante. Mais le naturel des blasts revenant vite au galop, on plonge à mi-parcours dans un déluge de haine digne du Hellfire des 1349, mis à part que les MERRIMACK n’ont jamais eu besoin de leur influence pour s’adonner au sadisme d’un BM franc et massif.
D’ailleurs, il conviendrait en 2017 de les considérer eux-mêmes comme une influence pour de nombreux groupes postérieurs à leur création. C’est en tout cas ce que semblent indiquer les titres les plus longs de cette cinquième livraison, dont « At The Vanguard Of Deception » reste le parangon indiscutable.
En un peu moins de dix minutes, le quintette fait le tour de la question Black en dynamitant tous les principes de métissage, et s’applique à se conformer aux dogmes d’origines, tout en les adaptant à leurs vues personnelles. Nous passons donc par toutes les ambiances possibles, nous retrouvant englués dans le marigot d’un break central d’une lourdeur écrasante, avant de subir la pression occulte d’un final en crescendo schizophrénique plaçant sur notre route les litanies de chœurs grandiloquents.
Une démonstration de force qui pourtant ne force pas le naturel de musiciens rodés depuis longtemps à l’exercice de la perfection, et qui pourtant parviennent à garder une indéniable fraîcheur dans l’inspiration et l’exécution.
L’instrumental est d’ailleurs tellement millimétré qu’on en reste admiratif, alors même que les vocaux de Vestal sont de plus en plus vomis et laissent une couche de bile épaisse stagner à la surface des morceaux. Mais une fois les deux réunis, le sabbat vire au cauchemar pour tous les négociants en sonorités adoucies pensant que le Post Black reste la seule issue possible, ce que « Gutters Of Pain » infirme de sa démence rythmique assourdissante.
Ne croyez-pas pour autant que MERRIMACK n’est qu’une rognure d’ongle luciférienne de plus, incapable de faire la différence entre cacophonie supersonique et déliquescence infernale. « Sights in the Abysmal Lure » se répand justement en un riff amer et torturé, laissant une batterie tourner au ralenti d’une souffrance musicale vraiment palpable. C’est justement l’équilibre trouvé entre lancinance et ultraviolence qui rend Omegaphilia si essentiel, et qui replace les théories des 90’s au centre des préoccupations.
Il suffit pour s’en persuader d’écouter le traumatique « Cesspool Coronation », qui laisse une des intros les plus efficaces de la décennie nous happer vers les flammes. Majesté des arrangements, espace intégralement occupé par la base instrumentale, tandis que du haut de sa colline en feu, Vespal lâche d’un ton détaché ses homélies décadentes, gravant nos propres péchés au fer rouge sur notre peau.
Il est évident que beaucoup crieront au classicisme forcené, mais les vrais fans d’un BM aussi technique qu’épidermique, et aussi traditionnel que contemporain sauront se délecter des atrocités proposées par un cinquième LP qui décidément, ne risque pas de faire tomber les français de leur piédestal.
Alors oui, la France, le pays du Black Metal. Mais en est-on encore étonné ? Pas moi en tout cas, et tant que des groupes comme MERRIMACK en défendront les différentes nuances de noirceur, le pays des lumières n’est pas prêt de sortir des ténèbres.
Titres de l'album:
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