Avant d’aller plus en avant dans cette chronique, je tiens à préciser une chose. « Omen to Battle » est l’une des plus belles intros d’album que j’ai pu écouter depuis le cristallin « Crystal Ann » d’ANNIHILATOR. Généralement cet exercice de style est vite expédié à coups de samples, de bruitages divers, de radio ondes-courtes et autres astuces pour plonger dans l’ambiance. Mais « Omen to Battle » aménage un véritable espace mélodique qui plante le décor d’un album aux ambitions claires, et aux desseins nobles. Evidemment, ça ne garantit pas une qualité constante, mais ça met sur les bons rails, qu’on n’a pas envie de quitter.
Les DREAM WILD ont donc peaufiné tous les aspects de leur deuxième album, histoire d’asseoir leur retour confortablement. Un retour qui intervient dix ans après un EP (Metal Warriors) et…vingt-trois ans après un premier long, Time of Confusion, dont le silence consécutif avait en effet laissé les fans dans une confusion totale. Allait-on retrouver ces preux chevaliers brésiliens, originaires de Votorantim à São Paulo, et surtout, allait-on les retrouver en forme, suffisamment pour se faire pardonner ce hiatus sans doute involontaire ?
Aucune explication n’est donnée pour justifier de cette décennie loin des feux de l’actualité, si ce n’est cet album, fier, puissant, et taquinant l’heure de jeu pour nous en donner pour notre argent. Argent qui sera investi avec intelligence en achetant ce disque qui nous rappelle les heures les plus connues d’ANGRA, sans en atteindre la subtilité instrumentale, mais avec un morceau aussi épique que « Battlefield », de plus de huit minutes, le quintet (Cesar Almeida - basse, Daniel Mestre - batterie, Marcos Santos & Ilde Carvalho - guitares et Marcio Antunes - chant) s’aménage une voie royale vers le cœur ardent des fans d’un Heavy Metal mélodique, agressif et emphatique.
Parfaitement produit et superbement mixé, Omen to Battle a tout d’une bataille menée contre la monotonie Heavy qui mine les rangs de l’armada old-school. Bien qu’ancré dans une tradition eighties manifeste, ce second LP sait aussi s’aventurer dans les couloirs des nineties, lorsque le True Metal offrait une réponse de choix aux options Nu Metal si décriées.
Toutefois, précisons rapidement que DREAM WILD n’a pas grand-chose en commun avec les RHAPSODY et autres MANOWAR. Tout au plus soulignera-t-on une tendance à imposer des refrains énormes, et une foi sans faille en un Metal franc et massif, sans astuces inutiles, et aussi fédérateur que le marteau de Thor.
Omen to Battle ne se digère pas facilement. Il prend du temps à être ingurgité, puisque nombre de ses mets dépassent les sept minutes d’ingestion, et il exige une attention optimale portée à ses détails. Parfois à la lisière d’un Progressif technique, tendance soulignée par le niveau technique de ses concepteurs loin d’être négligeable, mais toujours entre des balises d’atterrissage Heavy, il se dissèque avec patience, mais fournit matière à surprise des semaines après sa découverte.
Et si l’on peut pointer du doigt les quelques approximations de Marcio Antunes, qui peine parfois dans les aigus (de la même manière qu’un James LaBrie fatigué en concert), on ne peut au contraire que louer le talent de deux guitaristes qui proposent des motifs variés et des interventions ouvragées. Se reposant sur un principe simple d’enchaînements d’idées mélodiques ou brutales (modérément s’entend), les musiciens nous proposent donc une histoire à tiroir, de celles qu’on lit et relit pour être certain de ne rien avoir manqué.
Le recours systématique au mid tempo pourra aussi lasser les amateurs de modulation rythmique, mais heureusement, le quintet ose parfois se frotter à un Power Metal échevelé et sacrément secoué (« Headbangers », hymne inévitable qui prendra toute sa dimension en live). Et lorsque la pression se fait sentir, il est temps de la relâcher, sur l’air de « Reality Overdose », qui défie la routine pour nous emmener au pays imaginaire du Heavy Metal millénaire.
Sans aller jusqu’à parler de découverte de premier ordre, j’accorde aux brésiliens un panache certain dans la composition, et une énergie palpable dans l’interprétation. Solides à défaut d’être vraiment inventifs, les DREAM WILD rêvent certes en technicolor, mais ont encore du mal à nous offrir un spectacle 3D. On se rabat alors sur les petits idées parsemées de çà et là, sur le tempo bondissant de « Receptors » et le travail admirable de percussionniste de Daniel Mestre, et sur le final plein d’énergie de « Heroes of Life », qui résume les options en moins de cinq minutes.
Dommage pour ce chant qui montre rapidement ses limites, et pour ces options finalement assez prévisibles, tant on sent que les brésiliens ont le niveau pour proposer quelque chose de plus risqué. Dommage aussi d’avoir attendu plus de vingt ans pour en arriver là, comme si le temps s’écoulait beaucoup plus lentement pour les sud-américains.
Mais sur le vil marché de la nostalgie, ils tirent leur épingle du jeu, et nous refilent leur stock sans trop nous flouer.
Titres de l’album:
01. Omen to Battle
02. Battlefield
03. Pass over the Opressor
04. Revelation
05. Headbangers
06. Reality Overdose
07. Receptors
08. The Walls of Eternity
09. Heroes of Life
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