En France, nous avons les FURIES, en Espagne, ils ont les LIZZIES. Alors, je vous rassure tout de suite, rien à voir avec les délires opératico-horrifiques des LIZZY BORDEN américains, encore moins avec la série pour ados Lizzie McGuire, car nous parlons bien ici de pur Hard-Rock, tel qu’il fut conçu à l’orée du virement vers un Heavy Metal qu’on nomma autrefois la New Wave of British Heavy Metal. Sauf que ces ibères ne sont pas vraiment Heavy Metal, bien qu’ils se dotent de l’imagerie, de l’iconographie, mais aussi des pseudos qui font peur dans le noir. Fondé en 2010 du côté de Madrid par Patricia Strutter (guitare) et Motorcycle Marina (basse), ce quatuor presque exclusivement féminin (le presque étant incarné par Dani Vera, batteur pour la troupe depuis l’année dernière) a pris son temps pour développer son ton, et a patiemment élaboré un certain nombre de hors d’œuvres, avant de faire le saut de l’ange pour un premier longue-durée. S’en sont donc suivis une première démo en 2012, nommé fort à propos Heavy Metal Warriors, puis un premier EP en 2013, End Of Time, avant que l’année 2016 ne voit éclore le premier album de la bande, un Good Luck fort remarqué, suffisamment en tout cas pour s’attirer les faveurs d’un label suédois, The Sign Records. Fallait-il d’ailleurs y voir un signe ? Absolument, puisque ce premier jet était plutôt du genre spontané mais professionnel, et permit aux espagnols d’occuper un peu le devant de la scène histoire de renforcer leur fanbase. Et gageons que deux ans plus tard et autant de temps passé sur scène, ces mêmes fans seront ravis d’apprendre que leur nouveau groupe favori a remis le couvert, via cet On This Ice, qui loin de glisser sur de la glace fine, a sérieusement tendance à brûler le bitume au guidon d’une bonne grosse cylindrée.
Sans changer une recette qui gagne, le quatuor (les trois énoncés plus haut, plus Elena Zodiac au chant) a renforcé ses positions, et campe toujours dessus. A savoir, jouer un Hard-Rock sans fioritures mais pas si bas du front que ça, et agrémenter ses riffs francs de mélodies purement NWOBHM. Et si la pochette de ce second chapitre est digne de figurer dans le top des œuvres les plus brouillonnes de notre musique favorite (en gros, un combat de catch digne de Cherrie Curry se crêpant le chignon avec Tina Turner, le tout dessiné par un nostalgique des dessins des années 80 faits d’une seule main), son contenu est autrement plus sérieux, et digne d’intérêt. Avec une assise simple et des structures directes, les LIZZIES nous brossent donc un portrait nostalgique, et abordent le cas de quelques female fronted bands d’il y a trente ans, les ROCK GODDESS en tête, avec un brin de sauvagerie à la GIRLSCHOOL, l’ombre d’AC/DC et de MOTORHEAD en moins. A savoir, des chansons qui en sont vraiment, et pas de simples prétextes à tester une distorsion bien grasse, et qui alignent un nombre conséquent d’idées, sans se prendre la tête. Des musiciens capables, un minimum de créativité harmonique, pour des tubes parfois imparables, que Fabienne Shine aurait pu chanter en compagnie des THIN LIZZY (« Real Fighter »). Produit par Ola Ersfjord (TRIBULATION, PRIMORDIAL, NIGHT, HONEYMOON DISEASE) et masterisé par Magnus Lindberg, On This Ice est donc une affaire hispanico-suédoise, qui allie la frondeur ibère et la rigueur scandinave, pour un résultat qui frise le sans-faute.
Certes, et pour être franc, vous ne trouverez rien ici qui n’ait été déjà entendu un certain nombre de fois, mais le tout est joué avec tellement de conviction et de talent qu’on en excuse les emprunts parfois un peu flagrants. Entre des tierces qui semblent directement exhumées des bandes des héros de la NWOBHM (AXE, MAIDEN, ANVIL BITCH, SATAN), des riffs qui paraissent provenir d’un vieux grimoire rédigé par les héros de la génération 79/80, un son casher qui vous projette des années en arrière, et une ambiance qui tire parfois sur le Heavy Doom pour retrouver le parfum des sabbats d’antan (« Final Sentence »), tout est fait pour recréer les conditions dans lesquelles les LPs les plus fameux des eighties ont été gravés, citant même la génération précédente des BLACK SABBATH et CACTUS, en les noyant dans des arrangements de la décennie suivante. Mais comme je le disais, loin d’accumuler les gimmicks immédiatement identifiables, les LIZZIES ont pris soin de composer de vrais morceaux, et qui plus est suffisamment variés pour ne pas sombrer dans la redite. Tout y passe, du Hard-Rock light au Heavy appuyé, en passant par le Rock plus abordable et les accélérations contrôlées, pour un résultat final qui tient presque la dragée haute à Good Luck, premier-né qui a semble-t-il porté chance à nos madrilènes. Et dès l’intro envoutante de « Like An Animal », le ton est donné, le synthé présent mais pas imposé, pour une entame d’album très réussie qui débouche sur un pur tube vintage, qu’on croirait presque chapardé dans le coffre-fort des SHAKIN’ STREET. La voix très puissante d’Elena fait le jeu, tandis que Patricia dégaine ses riffs les plus aguicheurs et francs pour mieux nous emmêler dans ses six-cordes. Si la rythmique se contente la plupart du temps de marquer le tempo, la batterie sait s’amuser de quelques fioritures, que le son très bouché et mat met admirablement bien en valeur. Cohésion, fraîcheur, unisson, et « No Law City » de confirmer l’excellente impression en se jouant d’une mise en jambes terriblement Synth-Wave, pour finalement accoucher d’un thème en convergence entre Hard, Pop et New-Wave, histoire de montrer que les espagnols en ont derrière la tête et connaissent les vocables.
Très peu de fautes de goût sur ce second album, qui joue la carte de la sécurité tout en prenant quelques risques. On s’expose binaire sur le très efficace « I’m Paranoid », plus ACCEPT que SABBATH, avant de s’exhiber mélodique via le bronzage au néon de « Playing With Death », aux accents très ROCK GODDESS de milieu de carrière, avant que les frangines Turner ne jettent les gants. Textes directs et sans ambages, pour une virée débridée à la suédoise (« Talk Shit And Get Hit »), petit brûlot collégial à la limite d’un Power-Punk incroyablement accrocheur (« Rosa Maria », un peu MAID OF ACE, mais toujours joué avec une énergie Rock), modulations plus génériques pour hit atypique (« World Eyes On Me », l’un des morceaux les plus ambiancés du lot), et résultat en forme de triomphe pour les LIZZIES, qui avec On This Ice ne risquent pas de récolter des razzies. Sans forcer, gagnant en maturité sans perdre leur esprit d’adolescents assumés, les madrilènes signent une belle réussite, avec des morceaux dont la qualité artistique est inversement proportionnelle à la finesse du trait de cette somptueusement hideuse pochette. Du Hard et du Heavy à l’ancienne pour demain, et aujourd’hui, un LP à apprécier les yeux fermés, mais les oreilles grandes ouvertes. Thin LIZZIES, but big party !
Titres de l'album :
1.Like An Animal
2.No Law City
3.I'm Paranoid
4.Playing With Death
5.Real Fighter
6.Talk Shit And Get Hit
7.Final Sentence
8.Rosa María
9.World Eyes On Me
10.Love Is Hard
11.The Crown
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