Frontiers remet le couvert, les petits plats dans les grands, et nous a concocté un banquet à faire pâlir la cour de Versailles. D’ailleurs, toutes les lumières sont allumées, la galerie des glaces renvoie le reflet de tous les musiciens impliqués, et Serafino, de très près, veille au bon déroulement de la soirée. Enfin de soirée, il conviendrait plutôt de parler de semaine, puisque la maison de disque transalpine nous a lâché une salve de sorties qui va demander du temps à être digérée, alors autant commencer le repas par le hors-d’œuvre. Et le hors d’œuvre est danois, chaud, velouté, comme un consommé du chef agrémenté de saveurs classiques, mais goûtu en bouche.
One For The Road est donc le premier album des finlandais de RUST N' RAGE, dont le baptême laissait à penser à un Hard Rock débridé, enragé, dans la veine d’un GUNS N’ROSES adapté nouveau siècle. Mais de rage et de rouille il n’est pas toujours question sur ce premier longue-durée, qui se voudrait plus miel et liqueurs fruitées avant de se corser. Non que l’effort manque d’énergie au point de susciter une léthargie logique, mais autant admettre que la musique proposée par ce quatuor est parfaitement en phase avec la politique artistique estampillée « Melodic Metal » de Frontiers. Du moins dans un premier temps.
Nous venant de la petite ville de Pori, les RUST N' RAGE (Vince - chant, Johnny - guitare, Eddy - basse et Jezzie – batterie) sont des musiciens pour le moins versatiles et portés sur le Rock, sous toutes ses formes. Si le fond de leur air est plutôt frais et harmonieux, il se réchauffe parfois de pulsions épidermiques, ce qui empêche d’attraper froid. Ainsi, après quelques morceaux plus ou moins passe-partout, le quatuor nous balance en pleine face un « Heartbreaker » fort en oreilles, qui cavale d’un couplet en mode lévrier afghan, avant de se calmer dans les virages d’un refrain anthémique, ceux-là même que les stades adorent reprendre en chœur.
De tout donc, pour faire plaisir aux amateurs d’un Hard Rock certes harmonieux, mais énergique. La recette nordique par excellence, et l’autre atout de ce premier album est de nous éviter la standardisation d’une production à la Del Vecchio. Jimmy Westerlund s’est donc occupé du nouveau-né, et lui a prodigué des soins tout particuliers. Un son propre comme des fesses pour la couche, mais suffisamment abrasif pour gratter un peu le joufflu, des basses présentes mais pas envahissantes, et une guitare qui garde son mordant sur la tétine.
Une approche tout à fait adaptée à la philosophie d’un groupe qui se révèle à mi-parcours, trouvant enfin le turbo pour propulser son avancée à une vitesse notable. Ainsi, « Hang ‘Em High » poursuit sur la veine turbocompressée, et excuse le formalisme d’une entame de parcours assez timide, loin de la pole-position. Car si « Prisoner » et « Ghost Town » restent des accroches sympathiques, ce ne sont pas moins deux titres éminemment attendus et presque cliché dans un registre de Hard respectueux des codes eighties qui n’ose pas adapter à sa convenance. Et lorsque Frontiers cite les noms de GUNS N’ ROSES, JUDAS PRIEST, MÖTLEY CRÜE, et DOKKEN, on se méfie de la copie carbone sans intérêt. Heureusement, il ne s’agit là que d’une astuce promotionnelle, tant le son des danois est éloigné de toutes ces influences trop encombrantes. On peut à la rigueur garder le nom de DOKKEN dans un coin, mais on pense plutôt à la scène scandinave la plus mélodique et souple, W.E.T, ECLIPSE, TNT et d’autres noms plus ou moins connus. Et si « One For The Road » nous extirpe enfin du marasme avec son refrain en mode « hymne de stade », les riffs se densifient et l’atmosphère se charge d’électricité sensible.
Instrumental capable, mais surtout, chanteur aux capacités incroyables, à l’aise dans les mid et les high range, et capable de transcender des titres trop stéréotypées pour vraiment titiller la curiosité.
Et comme si les danois se rendaient compte qu’il est temps de durcir le ton, le milieu de l’album provoque enfin la rupture tant attendue vers un Hard plus nerveux et trépidant, se rapprochant soudainement de ces fameuses références eighties si importantes. Sans perdre de sa souplesse, RUST N' RAGE bombe le tempo, aiguise la guitare et laisse la basse ronfler, pour nous décocher des flèches imparables (« Ride On »), des hits intemporels qui auraient fait les beaux jours du Billboard de 1989/1990 (« I've Had Enough »), et même des cassures sentimentales qui parviennent à éviter la mièvrerie gauche d’un rendez-vous programmé (« Unbreakable »).
Cette seconde partie d’album, bien plus réussie et passionnante que la première, autorise même des dérapages contrôlés en mode VAN HALEN/SWEET (« The Throne », surpuissant et qui sent bon le bitume), avant de se conclure sur un morceau plus classique et fondamentalement Heavy (« Moving On »).
La persévérance. C’est donc mon conseil le plus judicieux, tant le premier tiers de One For The Road ne donne pas vraiment envie de s’en jeter un dernier pour la route, mais de la reprendre tout de suite. Avec un redressement de barre effectif, les RUST N' RAGE sauvent les meubles, mais prennent un gros risque. En effet, on connaît le rôle des premiers morceaux d’un album, et leurs impératifs de séduction. En misant sur le meilleur opposé, RUST N' RAGE affirme sa singularité, mais risque de laisser passer des occasions.
Nous verrons si les fans ont la patience d’attendre le bon moment.
Titres de l’album :
01. Prisoner
02. Ghost Town
03. One For The Road
04. The Future Is For The Strong
05. Heartbreaker
06. Hang ‘Em High
07. Ride On
08. I've Had Enough
09. Unbreakable
10. The Throne
11. Moving On
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09