Un album, c’est souvent une succession de chansons qui forment un tout, mais qui ne racontent pas forcément une histoire précise. Mais il n’y a pas que les concept-albums pour se charger de cette responsabilité, car il arrive que des disques, à priori sans sujet ou en traitant plusieurs vous fassent voyager aussi loin que Tommy, The Wall, The Village Green Preservation Society, 2112, ou Histoire de Melody Nelson. Des disques fabuleux, qui trouvent encore aujourd’hui un écho à travers la passion de leurs admirateurs, mais qui sont les proverbiaux arbres qui cachent la forêt. Inutile d’être un mastodonte pour s’imposer dans le paysage cinématographique musical, il suffit d’y croire, et de jouer une musique capable de transcender les clivages et fédérer tous les amoureux de l’art, dans sa forme la plus sincère et pure.
Ainsi, PLEDGE OF HEALING vous offre son premier disque. Long, tortueux, sombre mais généreux, et surtout, en convergence de nombreux styles pour donner naissance au sien propre.
PLEDGE OF HEALING, ce sont deux musiciens qui ont craqué pour l’univers de l’autre, et qui ont uni leurs forces pour extraire aux forceps l’originalité d’une époque gangrénée par la facilité. D’un côté Cyril, instrumentiste habile et compositeur passionné, de l’autre, Claire, diaphane, à la voix évanescente et à la présence presque fantomatique. Les deux se rendent rapidement compte de ce qu’ils peuvent s’apporter, Claire tombant sous le charme de la musique écrite par Cyril, et Cyril se laissant envouter par la voix unique et presque enfantine de Claire.
Dès le départ de cette collaboration, un seul mot d’ordre : aucun interdit, aucun genre tabou, aucune direction trop claire. Fan d’un Cinematic Rock que d’autres ont développé avant eux, les deux musiciens unissent leur don et nous offrent un premier album fantastique, évidemment réservé à ceux qui n’ont pas fermé les portes de leur tolérance. Alors, certes, mieux vaut être ouvert d’esprit pour apprécier ce premier disque fantastique, puisqu’il ne s’adresse aucunement aux fans de Metal. Mais nous nous savons tous plus curieux que ça, et perméable aux sonorités plus nuancées d’un Rock à la foi(s) électronique et purement analogique.
On appelle ça un voyage je crois…
Le duo met rapidement les pendules à l’heure, la bonne. En citant MASSIVE ATTACK, MUSE, RADIOHEAD et ANATHEMA, Claire et Cyril balisent le possible chemin, et osent un crossover magique. En se rapprochant de ce que LUX avait pu produire sur son magique Super 8, PLEDGE OF HEALING utilise la rudesse des guitares pour souligner la préciosité d’un chant vraiment fragile, aux circonvolutions de cristal. Parfois similaire au THE GATHERING électronique période Anneke, One Step Closer se rapproche du paradis Pop/Rock sans évoquer un seul des deux styles. La couleur musicale est pastel, l’humeur onirique ou contemplative, et l’atmosphère sublime.
Evidemment, je ne cacherai pas que la distorsion reste plus que discrète, et que la guitare fonctionne pratiquement toujours en son clair. Je ne cacherai pas non plus qu’un morceau aussi sublime que « The Universe Responds » risque d’irriter les plus attachés à la violence d’un Rock affranchi, ni que le résultat final ne parlera qu’à une minorité d’entre vous, ceux qui se moquent des étiquettes et ne jurent que par les émotions et les sensations. Et celles procurées par ce premier album, bluffant de maîtrise sont authentiques, et viscérales.
Le duo lui-même prend des gants en matière de promotion, précisant que son travail intéressera peut-être notre cher lectorat. Et je partage leur opinion, sinon, mon clavier serait resté inactif au lieu de coucher en mots les cinquante-quatre minutes de ce premier tome fascinant, hypnotique et intrigant, qui n’hésite pas à louvoyer pendant de longues mesures pour nous emmener exactement là où il veut qu’on soit.
« Too Late » par exemple, se passe de chant pour s’appuyer sur quelques notes émotives, avant de céder sous la pression d’une électronique puissante et tribale. Dans un autre contexte, cette transition instrumentale aurait pu paraître incongrue, mais placée dans son jus d’origine, elle sublime les morceaux qu’elle joint pour nous faire vivre une aventure de l’intérieur, spectateur d’une création originale comme on en entend peu.
Le talent naturel de Cyril et Claire permet à chaque titre d’être poussé à son maximum. Et si le côté fable nocturne fascinera certains, il risque de laisser les autres indifférents, puisqu’il faut bien préciser que toute cette narration repose sur la sensibilité de chacun, et sa capacité à faire abstraction d’un changement d’univers.
Mais PLEDGE OF HEALING est tellement plus intéressant qu’une énième digression nostalgique prévisible trois ans à l’avance, que je n’ai eu d’autre choix que de vous en parler. Touché en plein cœur par une liberté de ton juste, j’ai craqué, et je l’avoue, pour « A Friend For Bad Times », et surtout pour le magnifique « Thrill Ride », ascenseur passant par tous les étages de l’authenticité pour nous arrêter au sommet d’un building de talent.
Propre à générer des formules-choc, ce premier album s’écoute avec les oreilles et le cœur. Un cœur qui battra irrégulièrement au rythme de « Rain To Light Up The Sun », clippé pour l’occasion, et qui s’arrêtera presque en découvrant le final « Through The Storm... », progression étonnante qui utilise le piano à plein régime, mais aussi les strates sonores et les arrangements de circonstance, qui nous plongent dans un livre noir aux personnages troubles et aux silhouettes floues.
Beau, pénétrant, personnel, One Step Closer a parfois de faux airs de projet solo de Devin Townsend époque tétralogie sur les addictions, chanté par une Anneke au sommet de ses moyens. L’ombre d’ANATHEMA plane aussi très bas, mais en définitive, et après s’être frotté les yeux, on discerne au loin les deux héros de cette histoire, marchant tranquillement dans la nuit sans compter les étoiles.
Dont ils font partie.
Titres de l’album:
01. A Friend For Bad Times
02. Hopes And Dreams
03. What I Have Left
04. Life Explorer
05. The Universe Responds
06. Too Late
07. Thrill Ride
08. Rain To Light Up The Sun
09. Through The Storm...
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30