Les compilations, ça pue. Comme la morue. Et la plupart du temps, soit nous avons droit à un collage à la hâte des meilleurs titres d’un groupe, que l’on connaît déjà par cœur, soit à un assemblage disparate de morceaux hautement dispensables qu’on nous refourgue sous l’étiquette bénie « d’inédits », qui auraient mieux fait de le rester. En partant de là, pourquoi donc m’épancher sur un cas précité, sans avoir l’impression de perdre mon temps et de passer pour un faisan ? Simplement parce qu’un sampler des POWER TRIP est bien plus qu’un simple scrapbook destiné à exhiber des ébauches mal terminées et à peine digne de figurer en annexe d’une biographie vite torchée. En fin amateur de la chose Thrash et Crossover, POWER TRIP fait évidemment partie de mon tableau d’honneur. Avec deux LP sous le manteau, les originaires de Dallas, Texas, qui ne se lèvent qu’à 1PM, ont plus ou moins redéfini les contours du genre, tout du moins les ont adapté à une époque qui ne peut plus se contenter de succédanés. Nul n’a pu oublier l’agression gaillarde de Manifest Decimation ou les attaques de rapace de Nightmare Logic, alors à l’heure de mettre les pendules à, il me semble de bon ton de préciser que cet Opening Fire- 2008-2014 pourrait bien incarner la quintessence d’un ensemble qui n’a retenu que les meilleures leçons des patrons. Lesquels ? Toujours les mêmes évidemment, les SUICIDAL, EXCEL, DEMOLITION HAMMER, D.R.I, IRON REAGAN, VIO-LENCE, et surtout les LEEWAY (quand réhabiliterons-nous ce groupe essentiel que tout le monde semble avoir oublié ?), qui trouvent chez les texans un écho formidable à leurs enseignements. Et cette compilation reste la meilleure occasion de vous familiariser avec l’un des groupes les plus attachants de notre nouveau siècle…
Alors, me direz-vous, pourquoi nous jeter sur cette offrande lorsqu’on connaît déjà les deux longue-durée du groupe sur le bout des baskets ? Parce que justement, on en trouve aucune trace ici, mais plutôt un témoignage vif et acculant des débuts du groupe, avec l’accumulation de quelques pièces assez difficiles à trouver aujourd’hui. Car Opening Fire- 2008-2014 comme son nom l’indique ne se veut pas survol exhaustif d’une carrière encore jeune, mais bien ajout à une œuvre qui prend des allures de bible du Thrash contemporain. Mais foin des mystères, et recensons avec la manière les pépites que vous pourrez y dénicher. Sur ce « nouvel » album se trouvent donc des témoignages du passé, en l’occurrence quelques formats pas vraiment dépassés. Dans l’ordre ou pas, s’y retrouvent accolés le premier EP éponyme, "Hammer of Doubt" version 2010, de la compilation America’s Hardcore, et l’intégralité des The Armageddon Blues Session de 2014. Soit une grosse demi-heure de bonheur, à base de rythmiques en fureur et de riffs tout en épaisseur. De quoi agréablement passer le temps, et réaliser que ces tarés sont probablement ce qui est arrivé de mieux au Crossover depuis le premier album des LEEWAY et le séminal The Joke’s On You d’EXCEL. Un peu mélange des CRUMBSUCKERS et de D.B.C dans l’esprit, Opening Fire- 2008-2014 vous permet en outre de découvrir une facette plus cachée des POWER TRIP, via des morceaux certes connus par les fans, mais plus abscons pour les non-initiés.
Et ce qui frappe à l’écoute de ce puzzle onze pièces, c’est évidemment son énorme qualité. Doté en outre d’un son vraiment spacieux et enrobé, il permet de comprendre pourquoi ce quintette (Riley Gale, Blake Ibanez, Chris Ulsh, Nick Stewart et Chris Whetzel) est devenu en dix ans une véritable référence pour les passionnés. En toisant la concurrence avec des titres relégués en deuxième division d’une production déjà dense, les texans affirment leur suprématie, et nous renvoient au meilleur de ces années balbutiantes durant lesquelles le Hardcore et le Metal semblaient enfin trouver un terrain d’entente. Ridiculisant au passage tous les faux alter-ego trop concentrés sur leur nostalgie pour espérer avancer, les POWER TRIP avec cette série B s’affirment encore plus comme les leaders d’un mouvement auquel ils appartiennent par défaut, mais qu’ils conchient sans crise d’ego. Car ici, aucun segment n’est dispensable, et tous sont autant de pierres ajoutées à l’édifice de la colère transgenre, comme le démontre avec une emphase impressionnante le tube de l’extrême « Armageddon Blues », qui nous prend aux tripes pour nous proposer un ultime trip. Pas étonnant dès lors que les malandrins aient opté pour un patronyme faisant référence aux divins LUDICHRIST, puisqu’ils en atteignent le niveau sans forcer, mais juste en se reposant sur leurs propres qualités. Des riffs gigantesques, une rythmique élastique qui ne rechigne pas à quelques pirouettes, et un parfum Hardcore très prononcé, spécialement sur le chant, qui pourtant n’occulte pas le virage purement Thrash de guitares en permanence en nage. Mais si vous n’étiez pas déjà conscient de cela, « Divine Apprehension », le premier titre vous en fera une brillante démonstration, et vous fera pénétrer un monde où le Crossover est une véritable religion, dispensée par des prêtres défroqués qui pourtant en vénèrent les principes les plus figés. Plus qu’une musique, c’est un état d’esprit, qui vous chasse les idées Mosh pour les remplacer par des principes Hardcore, balayant Thrash pour nettoyer Fast, et accumulant les coups de génie comme les coups d’accélérateur (« Suffer No Fool », un son à décoiffer le chauve Scott Ian, et à réveiller l’esprit des DISCHARGE, sans toucher au Crust)…
Tout ça laisse songeur, et rien que de réaliser qu’un groupe peut égaler en qualité ses albums officiels par une simple compilation fourre-tout laisse rêveur…On pense d’ailleurs à la récente anthologie d’inédits de NAPALM DEATH, qui elle aussi explosait la croyance populaire pour déchaîner les enfers, et la comparaison est loin d’être anodine en soi…Deux groupes qui ont toujours refusé la facilité pour provoquer, agencer, muter, transformer, et ne pas se contenter de produire des œuvres certes d’excellence, mais au classicisme frisant l’indécence. Car si les POWER TRIP adulent le Crossover, ça ne les empêche nullement de le remettre à l’heure, et d’accentuer son côté Hardcore (« Brainwave »), pour mettre l’emphase sur son ADN Thrash (« Acid », si SUICIDAL et les LEEWAY s’étaient croisés, c’est ainsi que la confrontation aurait pu dégénérer). De fait, et loin du remplissage de derrière les fagots pourris, Opening Fire- 2008-2014 peut être considéré comme le troisième LP d’un groupe qui n’a pas fini de nous enthousiasmer. Presque des maîtres du monde, et encore si jeunes…Mais capable de parfumer une compilation pour distiller des effluves maison.
Titres de l'album:
1.Divine Apprehension
2.Suffer No Fool
3.Brainwave
4.This World (2014)
5.Hammer of Doubt (2010)
6.Armageddon Blues
7.Lake of Fire
8.The Evil Beat
9.Acid
10.Questions
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