Aujourd’hui, la France essuie une nouvelle tempête. Je ne parle pas ici des conflits sociaux qui empêtrent le gouvernement dans une tornade de révolte citoyenne, mais tout simplement des vents violents et de la pluie battante qui font tanguer nos régions. Et comme on le dit si bien lorsqu’on parle de « calme avant la tempête », la journée d’hier fut plutôt clémente et douce. Nonobstant ces quelques considérations météorologiques qui je l’avoue n’ont pas grand intérêt, abordons le cas aujourd’hui d’un groupe dit du « calme pendant et avant et après la tempête », en traitant du cas THIS MORTAL MOUNTAIN, jeune groupe américain qui nous offre la primeur de son EP trois titres Ophidian. Fondé en janvier 2018, ce trio (Aryssa - textes/chant/bruits, Nolan - composition/guitare/basse/claviers/bruits/chant et Colin - batterie/guitare/claviers/composition) se livre donc au difficile exercice de transcendance du monolithe, en jouant avec les codes du Sludge au point de baliser leur approche d’un très créatif Post-maximalist spoken word atmosludge, qui au demeurant d’une dénomination absconse empêchant toute extrapolation, définit à merveille ce mélange de sonorités sourdes, de déviances harmoniques, de nappes vocales phréatiques, et d’à-coups rythmiques souvent tamisés d’un silence inquiétant. Sludge donc, mais pas uniquement, Post puisque l’optique est résolument ouverte, mais aussi une touche de Progressif pour ces longs déroulés qui brodent sur un thème pour mieux le déformer, et un résultat plus que probant, qui caresse autant les oreilles qu’il n’écrase le cœur. C’est donc une sorte d’épiphénomène en circonvolutions qui vous attend, avec un beau mélange de notes cristallines, de ruades de percussions, de strates de chant qui se chevauchent, et surtout, une multitude d’ambiances, parfois légères comme une bulle de savon, mais le plus souvent plombées comme un destin qui vous entraîne vers le fond de la dépression.
Mais une indéniable énergie se dégage de l’ensemble, puisque le trio refuse les codes trop figés du Sludge traditionnel, pour adopter une posture Post-Hardcore assez intéressante, proche de NEUROSIS et CULT OF LUNA, mais avec ce surplus de hargne qui confine la nostalgie dans un coin de la pièce. Inutile donc d’attendre de longues litanies obsédantes et répétitives, mais plus roboratives que nutritives, puisque par l’utilisation d’harmonies acides, de samples récurrents, et de constructions en gigogne, les THIS MORTAL MOUNTAIN progressent dans le dédale de leur propre monde à vue, sans chercher à meubler chaque trou d’un riff éléphantesque ou d’une pesanteur excessive. Enregistré et mixé aux Reckless Endeavor Recordings par Nolan James Corbin, masterisé aux Treelady Studios par Garrett Haines et drapé d’un artwork abstrait signé Jackie Lenggenhager, Ophidian est donc une sorte d’Ovni crossover, qui se permet pas mal de choses et qui en réussit la plupart, quelle que soit l‘approche privilégiée. Et sans vouloir réduire le triple travail du groupe à un seul exercice de style, disons que le long et pluriforme « TINAH » résume admirablement bien leur démarche, en accumulant les parties disparates, qui trouvent pourtant une continuité indéniable une fois le morceau achevé. En choisissant de ne pas choisir un camp, le trio de Pittsburgh plante un décor mouvant, à base de guitares claires qui soudain se déchainent dans un torrent de distorsion, d’une batterie très analogique à la force de frappe incontestable, d’une basse qui ne se cantonne pas à ses fréquences les plus basses pour faire trembler le sol, et à des samples disséminés avec pertinence pour transformer le tout en narration musicale qui rappelle évidemment les NEUROSIS, mais aussi TENGIL, pour cette façon de jouer avec les nerfs et de pratiquer le grand écart de puissance.
D’ailleurs, le groupe cite quelques artistes contemporains ou non qu’ils apprécient, dont les HER NAME IS CALLA, THE REPUBLIC OF WOLVES, DES ARK, ENABLER, CULT OF LUNA, DARK CIRCLES, SVALBARD, SUFFOCATE FOR FUCK SAKE, MANY ROOMS, LA DISPUTE, LIGHT BEARER, ou CROWHURST, ce qui permettra aux curieux de se faire une petite idée de ce qui les attend. Ambiance de temps à autres onirique, avec arpèges délicats, qui s’assemblent pour monter en intensité, et se lover au creux de l’inspiration d’un Michale GRAVES, développant une sorte de Proto-Folk dynamique et lumineux (« The First Song », la dernière du EP, juste pour l’ironie), mais lucidité de lourdeur lorsque l’entame directe « I am a Coffin » explose de sa basse tremblante pour cavaler sur un up tempo sautillant immédiatement contrebalancé d’un riff greasy et gluant. Restant quasiment instrumental sur la moitié de sa longueur, avant de propulser une myriade de voix au premier plan, cette introduction permet de plonger directement au cœur des débats, et de comprendre immédiatement que nous n’avons pas affaire à des boutiquiers du Sludge, mais bien à des artistes en utilisant les composantes pour aller plus loin. Et cette volonté de transgresser les codes et de réfuter toute affiliation précise rend cet EP encore plus fascinant, et par extension beaucoup trop court, tant on a le sentiment que le groupe a beaucoup plus de choses à dire et à jouer. On se demande donc ce que tout ça pourra donner une fois développé en longue-durée, et l’impatience est manifeste, tant les idées étalées sont probantes et franchement convaincantes. L’utilisation de percussions tribales est aussi une plus-value, comme l’est cette complémentarité de voix, et inutile d’en dire plus sans gâcher la surprise, mais en ajoutant simplement que les THIS MORTAL MOUNTAIN font appel à votre générosité sur leur Bandcamp en vous laissant le soin d’offrir quelques deniers pour acquérir cet EP (en NYP, ce qui est toujours élégant), dont tous les fonds amassés iront au Crisis Center North de Pittsburgh. Des musiciens inventifs et généreux, belle combinaison, à l’image de leur musique.
Titres de l’album :
1.I am a Coffin
2.TINAH
3.The First Song
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