Petite introduction, Wikipedia style.
« L’affaire Taman Shud, aussi connue sous le nom de « Mystère de l’homme de Somerton », est une affaire qui n’a jamais été résolue, concernant la découverte d’un cadavre masculin non identifié, à 6 h 30, le 1er décembre 1948, sur la plage de Somerton, près d'Adélaïde, dans le sud de l’Australie. Le nom de l’affaire provient de la phrase « Tamam shud » – signifiant « fini » ou « terminé » en persan – qui figurait sur la dernière page des Rubaiyat d’Omar Khayyam, retrouvée dans une poche de pantalon de la victime. Lorsque les journaux de l'époque ont évoqué l'affaire, les mots « Tamam Shud » ont été mal orthographiés en « Taman Shud », d'où le nom de l'affaire.
Considérée comme « l’un des plus profonds mystères australiens », l’affaire a fait l’objet de nombreuses spéculations qui se poursuivent encore aujourd’hui, concernant l’identité de la victime, les événements ayant conduit à sa mort et les causes du décès. »
Décor planté, nous pouvons y aller. Ces TAMAN SHUD là ne viennent pas d’Australie, mais bien de Londres, UK, mais jouent une musique totalement en adéquation avec le profond mystère qu’ils ont choisi comme patronyme.
Peut-être même encore plus mystérieuse…Ça vous aiguise l’appétit auditif ? Je comprends votre faim de bizarreries et de nouveautés décalées, et croyez-moi, vous allez être copieusement servis.
Non que la musique de ces allumés soit la plus originale et indescriptible que j’ai pu entendre, mais son mysticisme sonore, ses échos se diluant dans un espace différent, et sa lancinance en forme de mantra morbide ont quelque chose d’inextricable qui vous fascine et vous entraine dans un monde…parallèle.
Après un premier LP, Viper Somke, qui dessinait les contours d’un univers assez particulier et personnel, les TAMAN SHUD continuent leur exploration Noisy, avec un second longue durée qu’ils ont présenté lors du Liverpool International Festival of Psychedelia, en avant-première. Et si les amateurs de délires plus ou moins lysergiques commencent à balbutier leur nom lors de transes profondes, il est certain que le « grand public » ignore encore les tenants et aboutissants de cette…affaire.
Moins macabre et insoluble que le fait divers qui lui a servi de base, le dossier Oracle War est tout de même une solide affaire de mysticisme musical, et un labyrinthe d’idées Noise qui erre dans bien des couloirs de styles, au point de définir le sien par ses qualités propres. Si le groupe s’amuse des qualifications et évoque un très opaque Necro Psychedelic Noise, il est certain que les fans de Metal, plus enclins à tout ramener vers le centre de leur monde, y verront un genre de Stoner très discordant et disharmonieux, joué par une bande de punks allumés qui n’auraient pas vraiment compris l’utilité du solfège. Mais dans un désir d’ouverture, et de respect du travail d’autrui, je continuerai de considérer la musique des Anglais comme un amalgame plein, qu’il est finalement assez vain de tenter d’expliquer.
La base est simple, d’apparence. Une rythmique lourde à la base distordue à l’extrême, des riffs un peu trainants et feignants, et surtout, des échos vocaux assez terrifiants en l’état, qui m’ont rappelé en version aphone les délires lyriques de Scott Walker dans sa période la plus horrifique.
Une utilisation du down tempo assez futée, qui accentue l’approche un peu léthargique, de soudaines accélérations modérées pour ne pas trop planer, mais aussi de longs interludes bruitistes assez incongrus, qui les éloignent de fait du Rock pour les rapprocher d’une sorte d’Ambient malsain, abusant d’effets sonores pour accentuer encore plus le malaise ambiant.
Pour avoir une idée visuelle du contenu musical, jetez un coup d’œil à la pochette de l’œuvre, qui semble décrire un monde de bas-fonds fantasmagorique peuplé de créatures sous-marines étranges et menaçantes. Et en s’intéressant de plus ou moins près à la production de l’album, on pourrait presque croire qu’il a été enregistré dans un ancien monde submergé, tant il est blindé d’écho et de réverb…
Le voyage commence par un électrochoc en mid tempo plus ou moins accéléré qui ne fait aucun mystère de ceux qui vous attendent sur les neuf pistes de ce second LP. Sorte de mélange hétéroclite des fumettes d’HAWKWIND, de la nonchalance des SEX SNOBS et de la puissance délétère d’un MASTODON un peu fatigué, « Oracle War » délivre une mélodie torturée sous la forme d’un lymphome douloureux, qui tente de cavaler de sa rythmique alors même que sa guitare et son chant font tout pour le ralentir.
De jolies stries électriques étouffées à la SONIC YOUTH, quelques contretemps malins pour un Stoner noisy pas vraiment assumé mais qui assomme, et un enchaînement sans transition sur « Nine Knots » qui nous noue à un tempo pataud, qui se fait happer par un son Garage plus vrai que nature, un peu comme si les 13TH FLOOR ELEVATORS se noyaient avec les BREEDERS ou JESUS LIZARD.
Et si « Trench Acana » se prend pour un BLACK SABBATH échappé d’une pièce confinée et enfumée, un peu à la manière d’un KYUSS des années 70 fasciné par des lignes de basse appuyées, si « Sunken Chapel » nous fait le coup du « hit » Noisy Rock pour mieux noyer les voix dans encore plus d’écho et de delay, c’est pour mieux nous déstabiliser sur le long « Slime Liturgy », qui pourra filer de sales cauchemars aux plus sensibles d’entre vous…
Intermède purement Ambient et subtilement oppressant, c’est une incursion dans le monde de l’anti-musicalité rendue musicale, avec des préceptes de Diamanda Galas appliqués une fois de plus aux délires schizophrènes de Scott Walker, perdu au fond du désert et cherchant son Joshua Tree. Certains, aux raccourcis faciles parleront de tentative de singer les EINSTURZENDE NEUBAUTEN en les insérant de force dans un contexte Dark Ambient, les autres apprécieront la tentative, bruitiste certes, inécoutable pour beaucoup, mais en complète osmose avec la démarche de biais des Anglais. Vous retrouverez peu ou prou le même schéma sur le final « Cerulean Exequy », qui ne s’embarrasse même plus d’une forme de musicalité quelconque et qui n’est que feedback et arrangements grondants, mais rassurez-vous, des instants lancinants comme « Aquatic Malign » et son Post Doom à résonance subtilement gothique sous-marine sauront vous séduire d’une basse monotone à la TREPONEM PAL, plongée dans les abysses d’une trame qui rendrait les fans de JESUS AND MARY CHAIN complètement fous.
En somme, TAMAN SHUD propose avec Oracle War une sorte de prédiction funeste sur le destin de l’harmonie entre leurs mains. Celle-ci est malmenée, et quasiment tuée dans l’œuf, mais respecte les codes que les Anglais ont choisi de respecter dans le cadre de leur Noisy Rock psychédélique qui rebutera certainement pas mal d’entre vous.
Mais un peu d’ouverture et d’immersion dans des mondes différents n’ont jamais fait de mal à personne…A condition de pouvoir tenir le coup lors d’un voyage musical en apnée…Et comme personne n’apportera de réponse claire à tout ça, autant apprécier l’énigme pour ce qu’elle est.
Titres de l'album:
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