Quand on veut du gras, on ne se tape pas une vieille tranche de jambon blanc avec vingt-cinq pour cent de sel en moins. Non, on prend un bon plat de côtes qu’on cale au four, et on s’enfourne le tout avec de la graisse de canard en bonus histoire de faire croustiller le truc encore un peu plus. Et quand on a envie de renifler un truc qui pue, on ne colle pas son nez sur un vieux camembert. On plonge le nez le premier dans une poubelle, on va nager dans les égouts, ou on pique une tête dans la station d’épuration, à défaut de travailler dans un cimetière et de pouvoir humer la fosse commune à loisir. En gros, quand on veut du gras qui sent pas bon, on y va carrément, et on ne se plaint pas après. Il en va de même avec la musique, quand on veut écouter du vieux Death Metal qui schlingue la gerbe et la bile, on se coltine un vieil INCANTATION, un des premiers BOLT THROWER, et vogue la gerbe le long du canapé. C’est comme ça que ça marche, la mort n’a jamais été une affaire de beauté dans la laideur, mais bien de corps rongés par les vers qui exhalent d’effluves de pourriture et qui suintent bien velu. Et ça, les américains de VASTUM l’ont bien compris, eux dont le nom signifie « déchet » en latin. Des déchets musicaux, les zigues en trimbalent depuis plus d’une décennie, mais autant vous dire qu’ils n’en sont pas un, loin de là. Ils sont plutôt des maîtres en la matière fécale, des orfèvres de la tripaille, et des esthètes de l’enregistrement live du fond d’une grotte oubliée par le temps, jonchée de squelettes d’animaux dont on préfère ne pas savoir comment ils ont atterri là. Fondé en 2009, ce collectif de joyeux drilles à la blague Glam facile (Leila Abdul-Rauf - guitare/chant, Daniel Butler - chant, Chad Galley - batterie, Shelby Lermo - guitare et Luca Indrio - basse) nous en revient enfin avec son quatrième longue-durée, né dans la douleur et ayant entraîné une attente imprévue. D’ordinaire, les barbares ne laissaient s’écouler que deux ans entre chaque régurgitation, mais ce sont bien quatre qui se sont écoulées depuis Hole Below, paru en 2015. Fallait-il pour autant s’attendre à une révolution dans l’underground ou à un magnum opus double, pochette gatefold, avec trente-trois morceaux en forme de concept ?
Non.
Sur ce coup-là, les californiens se foutent un peu de notre gueule. VASTUM propose en effet avec Orificial Purge une chiasse tout a honnête, mais pas de celles qui maculent la porcelaine d’une épaisse couche de déjections. Car ce nouvel album est non seulement une simple prolongation des travaux antérieurs, mais il ne dure en sus que trente-cinq minutes pour six morceaux, ce qui prouve que le quintet n’avait pas vraiment envie de se fouler. Mais qu’importe la quantité et l’inédit, pourvu que la qualité nous satisfasse, ce qui est évidemment le cas. Toujours aussi accrochés à des méthodes d’embaumement traditionnelles, les originaires de San Francisco ne tapent pas dans le tiroir de la créativité, et lâchent une fois encore une dose massive de Death old-school, tel que les frappés d’INCANTATION, BOLT THROWER et DISEMBOWELMENT pouvaient le pratiquer dans les années 90. Et derrière une pochette au sens et traits abscons qui aurait pu décorer une œuvre de DISHARMONIC ORCHESTRA, se cache donc un album faisant la part belle à un équilibre très stable entre brutalité crue et technique drue, l’approche classique des américains. Aucune surprise donc, mais aucune déconvenue non plus, pour un disque qui synthétise le parcours du groupe depuis ses origines. Il faut dire que VASTUM répète la même formule depuis plus d’une décennie, et qu’ils en maîtrisent les moindres détails à la perfection. Doté d’une énorme production Orificial Purge a des airs d’orgie macabre en nécrophilie de groupe, avec sexes turgescents mais infectés, champignons apparents, liquides séminaux qui s’écoulent dans une rivière de pus, le tout traité à la Pasolini pour donner à l’affaire des reflets d’opéra post-mortem de première bourre. Avec toujours en exergue les riffs les plus sombres et plombés de la création, une hésitation permanente entre lourdeur et vitesse, des breaks éléphantesques qui maltraitent les cervicales, et des hurlements émanant du plus profond des enfers, ce quatrième longue-durée pérennise l’héritage Death des nineties, et pousse le bouchon aussi loin qu’il le peut. Quoiqu’il en soit, tout est clairement expliqué sur « Dispossessed In Rapture (First Wound) », histoire que les novices et néophytes ne se sentent pas perdus. Ici, on joue du Death vintage, sans autre artifice qu’une technique instrumentale éprouvée, alors inutile de chercher des fioritures ou des arrangements modernes. Le modernisme, ça craint, c’est pour les crétins.
Mais Satan que c’est bon et que ça pue. Entre la dualité vocale de Leila et Daniel, cette ossature rythmique qui écrase tout sur son passage et même les petits lapins, et ces guitares qui laminent à en perdre la dernière phalange de leurs manipulateurs, l’ensemble est d’une puissance foudroyante, et ne perd pas en créativité malgré la longueur conséquente des morceaux. Jamais avares d’un break doomy, les californiens multiplient les trouvailles vocales en dispensant quelques chœurs bien glauques entonnés par les petits-enfants des zombis de Lucio Fulci, mais gardent le cap sur ce son si compact qui prend aux tripes et les répand sur le sol. On est toujours aussi conquis par l’épaisseur du truc qui semble couler partout sur le sol en béton, genre vieille traînée de sang qui trempe vos godasses, et lorsque les soli disharmoniques interviennent, on s’attend toujours à voir débouler dans la pièce un charmant psychopathe bien équipé. En dehors de ces considérations, « I on the Knife (Second Wound) » est plus ou moins une redite habile du premier morceau, « Abscess Inside Us », pas plus joueur, est aussi plaisant que la découverte d’une tumeur maligne dans un estomac pourri, « Orificial Purge » se permet une coupure centrale dissonante qui fait quand même bien mal aux oreilles, « Reveries In Autophagia » concasse dans les grandes largeurs et nous comprime le thorax méchamment, et « His Sapphic Longing » est à peu près aussi sexy que le cadavre d’une vieille lesbienne morte à quatre-vingt-dix ans et dont le sexe tout sec se voit honoré d’un coup de langue d’une prostituée bulgare édentée. Mais ajoutez au bilan quelques effets sonores très bien sentis et toujours primesautiers, une humeur générale catastrophiquement mauvaise, et une envie d’aller déterrer quelques cadavres pour jouer à la dinette entre nécrophages, et vous obtenez l’album de Putrid Death old-school de fin d’année.
Titres de l'album:
01. Dispossessed In Rapture (First Wound)
02. I on the Knife (Second Wound)
03. Abscess Inside Us
04. Orificial Purge
05. Reveries In Autophagia
06. His Sapphic Longing
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