Sardou la sardine chantait « qu’en France, on a pas de pétrole, mais qu’on a des idées ». C’est un fait, quoi que les idées en question soient de moins en moins viables. Je me permettrai donc de détourner son vers pour affirmer qu’en France, on n’a pas de pétrole, mais qu’on a des Thrasheurs. Et des bons, des furieux, des lions, qui ont complètement phagocyté les enseignements de maîtres pour élaborer leurs propres dogmes, tout aussi brutaux, techniques et efficaces.
Vous me direz, l’air éberlué, qu’on en était convaincu depuis longtemps, depuis au moins…les années 80. Mais justement, les années passent et confirment ce postulat de façon de plus en plus évidente, et le cas des Parisiens d’EXTRAVASION ne fait que confirmer cet état de fait, qu’ils entérinent de la plus violente et probante des façons avec leur premier EP Origins of Magma.
Mais avant d’aller plus en amont dans les explications, un peu d’histoire et l’énoncé d’une biographie somme toute assez brève. Reprenons donc les termes exacts de leur page Facebook, pour plus de clarté.
«EXTRAVASION, est un groupe de Thrash / Death technique formé en 2013. Fortement influencé par des groupes tels que MEGADETH, ASPID, VEKTOR ou encore UNLEASHED, EXTRAVASION a su se créer sa propre identité musicale. Les guitares sont lourdes et atmosphériques, la voix rugit des paroles virulentes. »
C’est direct, sans fioritures, mais surtout, d’une vérité indéniable, et lorsque les sept pistes de cet EP introductif vous auront ramoné les conduits, vous serez bien à mal de contredire ce quatuor qui sait se montrer aussi efficace que persuasif.
Quatuor donc (Emil sir Grand-Duc – chant, Baptiste Pernette – guitare, Guillaume Pepin – batterie, Clément Berthou – basse), qui en trois ans a peaufiné sa vision d’un Thrash hautement technique mais pas roboratif tirant sur un Death allégé, pour proposer en mars 2017 un produit fini de très grande qualité qui n’a pas grand-chose à envier à ses aînés de LOUDBLAST, MASSACRA, et même GOJIRA pour placer la barre encore plus haute.
Si les influences sont manifestes, elles sont transcendées par un esprit frondeur qui ne tolère pas la tiédeur, et qui ose des plans acrobatiques sans pour autant avoir la prétention artistique d’un ATHEIST ou d’un MEKONG DELTA. Ici, la démonstration n’a pas droit de cité, et doit rester unique complément d’une concision brutale de tous les instants, qui transforme chaque piste de cet Origins of Magma en ballet d’ultraviolence savamment maîtrisé.
Un groupe, c’est avant tout une réunion de musiciens, et ceux formant les rangs d’EXTRAVASION sont tous d’un niveau incroyable. Ce qui leur permet d’ailleurs quelques fantaisies Jazzy plus qu’appréciables, comme celles qu’on trouve sur le phénoménal et ludique « Bankster », monument de lourdeur Heavy au groove lubrique, qui joue un sale jeu de cache-cache avec les références, pour mieux les adapter à une vision très personnelle de la puissance.
De çà et là, on pense à une version plus adoucie d’un MASSACRA qui aurait dilué sa véhémence Death dans un Thrash de haute volée à la MEGADETH, voire à un NO RETURN dopé aux amphétamines VEKTOR, soit le meilleur d’un extrême qui sait le rester tout en se voulant relativement abordable dans ses débordements agressifs.
Et après une intro toute en sobriété mélodique (« Castle »), les EXTRAVASION donnent immédiatement le ton, celui d’un énorme Thrash bouillonnant qui en effet n’hésite pas à accélérer la corrosion par l’adjonction de touches Death assez marquées (« Flames Of Industry »). Ce qui ne les empêche nullement de placer à intervalles réguliers de probants passages Heavy du meilleur effet qui offrent des pauses accrocheuses relançant constamment l’attention et la rétention.
La technique pour la technique n’est pas le propos des Parisiens, qui ne l’utilisent que pour jongler entre des plans saisissants d’efficacité, qui débouchent sur des parties en solo démontrant le talent constant et éclatant de Baptiste, toujours prompt à dégainer des interventions brûlantes et brillantes.
Section rythmique créative mais solide, et vocaliste qui n’a pas oublié comment hurler, tout en maintenant la pression d’un phrasé Heavy un peu Hardcore sur les bords, dans la plus grande tradition française du genre.
Contretemps à l’Allemande (école MEKONG et HOLY MOSES adapté à un contexte VEKTOR) sur le vertigineux «Origins of Magma », qui ose des circonvolutions de basse à la CYNIC/DEATH, harmonies présentées puis tailladées par des guitares saccadées et bien placées («Circle Of Life » et sa basse à la Dave Ellefson), ou accélérations sans pitié pour un massacre organisé (« Consume », qui une fois de plus parvient à tailler un refrain typiquement Germain expurgé de ses coulées de gras), le passage en revue des tics des styles affectionnés est exhaustif et parfait, et les EXTRAVASION tirent leur épingle du jeu sans forcer, mais en affirmant leur personnalité.
Et comme les mecs ont de l’ambition, celle de leurs moyens, ils terminent ce premier effort médium par une longue digression progressive, qui en dit long sur leur marge de manœuvre et de progression.
« La Nuit », qui ne doit rien à celle de Druillet, est plus qu’une simple chanson Thrash à tiroirs, c’est un tour de force qui passe en revue toute les ambiances Heavy disponibles pour créer un climat envoutant permettant aux musiciens de démontrer non seulement leur talent d’instrumentistes, mais aussi leurs capacités impressionnantes de composition. Bribes de Blues et volutes de Jazz, guitare solo aux accents ibériques, breaks atmosphériques, soudaines poussées de violence Death, basse en arabesque qui s’impose au premier plan, chant qui module, susurre, assure, et évolution qui se veut parfaitement logique et analogique, en point d’orgue d’un premier EP qui décidément, se veut valeur sure et carte de visite qu’on garde précieusement dans sa poche.
En sept petits morceaux (huit pour la version physique), les EXTRAVASION se placent d’emblée sous le soleil brûlant des espoirs de demain, et posent des jalons certains. Avec une musique qui se permet des emprunts à divers courants, il est certain que les Parisiens se préparent de jolis lendemains. Technique affûtée, interprétation inspirée, et inspiration effilée, Origins of Magma est une entrée en matière tonitruante qui prouve une fois de plus que la vitalité de la scène Française n’est pas qu’une légende trop chauvine.
Alors, non en France, on n’a pas de pétrole, mais on a des groupes qui décollent. Et l’un dans l’autre, c’est tout à notre avantage.
Titres de l'album:
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