Des sorcières, des grimoires, des guitares, des riffs qui s’évaporent dans le soir, des capuches noires, mais aussi des essences, des effluves, des embruns, des méduses, des muses, et puis aussi pas mal de cheveux, longs, et des moustaches…Je ne sais pas si avec ça j’ai réussi à vous planter le décor idoine, mais c’est dans les années 70 qu’il va falloir aller fouiller de nouveau aujourd’hui pour tenter de percer le mystère WITCH HAZEL, cette magicienne étrange qui a pris sous sa baguette il y a quelques années le destin funeste d’une nouvelle assemblée du même nom. Un groupuscule émergeant de nulle part, mais bien décidé à partager sa conception d’une musique que nous connaissons tous par cœur, depuis les premiers efforts de BLACK SABBATH, de PENTAGRAM et quelques autres dont ST VITUS et TROUBLE. Vous pensez Doom ? Vous aurez quelque part un peu raison, mais pensez plutôt Hard-Rock de saison, celle qui débuta à l’aune de 1970, et qui déclencha tant de vocations chez ces musiciens que la Pop et le Rock trop sages ennuyaient à mourir. Car les WITCH HAZEL sont un peu plus qu’un simple succédané lourdingue de Tony, Ozzy, Bill et Geezer, bien qu’ils en vénèrent les commandements…Se situant de leur propre chef dans une mouvance rétrograde et gentiment passéiste, ces quatre fumeurs de moquette de salle de répète nous abreuvent donc de sonorités vintage depuis la fin 2007, et ne semblent pas prêts à changer d’optique pour caresser le chaland dans le sens du mp3. Non, chez eux, le vinyle est roi, celui qui s’ouvre sur une pochette intérieure révélant les malheurs de pauvres jeunes femmes perdues en pleine nuit, cherchant refuge dans une vieille grange à l’abri de la pluie…
Nate Tyson (chant), Andy Craven (guitare), Seibert Lowe Jr (basse) et Nick Zinn (batterie) sont donc des passionnés du Hard-Rock qui d’emblée, avait choisi la gravité et la noirceur pour s’exprimer. Pour autant, leur nouvel album, Otherworldly ne manque pas de nous éclairer de ses guitares électrifiées et de nous réchauffer de ses mélodies brûlées. Faisant suite à un premier effort publié en 2012 (Forsaken Remedies) et qui les avait déjà méchamment fait remarquer d’un underground à l’appétit décuplé, ce second long joue la carte de la diversité dans la cohésion, et affiche une belle morgue de ton et de fond. Car loin de se contenter de dupliquer les dogmes de Black Sabbath, Paranoid ou autres Sabbath Bloody Sabbath, Otherworldly fouille, pioche, arrange, et déforme à sa propre sauce les enseignements d’une des décades les plus riches musicalement, au point de se poser en crossover assez étonnant de Hard Rock glammy à la KISS, de Heavy doomy à la SABBATH, et même de Folk, de Pop, et de Rock tout court, histoire de ne pas rester cloisonné derrière une fenêtre trop bien fermée. Profitant d’une sublime pochette au trait signé par Rebecca Magar, ce deuxième longue durée est un sacré panaché de tendances passées, et nous surprend de son éclectisme bien amené. Si la case Ozzy et consort est bien évidemment abondamment revisitée, celle d’ANGEL WITCH abordée, et celle des BLUE CHEER sévèrement foulée, les pas des originaires de York, Pennsylvanie ne se privent pas pour piétiner d’autres plates-bandes, au point de parfois rappeler les magiques et magnifiques GRAVEYARD (« Zombie Flower Doom », le plus beau trait d’union entre eux et BLACK SABBATH). Pas de problème de statisme ou de mimétisme donc, mais un bel éclectisme, qui nous séduit de ses thèmes sinon originaux, tout du moins accrocheurs très tôt.
Huit morceaux, quarante-six minutes de musique, car cet album en est, indéniablement, puissante, indubitablement, mais aussi mouvante, souple, séduisante autant que troublante, et le temps passé avec les américains file bon train. Dès l’entame « Ghost & The Fly », on y croit, parce que le son est là, le bon, celui qui donne de l’ampleur mais pas trop de profondeur, qui polit les aigus pour les arrondir mais qui atténue les graves pour les retenir, et qui met donc en valeur ces riffs déliés, et ce chant nasillard décomplexé. La voix de Nate Tyson est d’ailleurs l’un des points forts de la formation, au timbre légèrement féminin sur les bords, un peu hâbleur, un peu gouailleur, mais avec cette petite touche étrange qui permet à des compositions faussement simples de se transcender. Notons un gros travail accompli au niveau des chœurs, entremêlés comme il faut et qui tombent pile au bon endroit, et qui permettent d’extirper les WITCH HAZEL de cette masse grouillante d’imitateurs en goguette qui restent toujours au ras des pâquerettes. Et histoire de bien marquer la rupture, « Otherworldly » s’en va traîner du côté du KISS à peine né histoire de nous faire groover, tout en gardant une griffe fermement Heavy Metal bien plantée, ce qui aboutit à un mélange sucré/salé qui stimule le palais. « Midnight Mist » quant à lui vient clore cette trilogie d’entame de ses boucles et spirales infinies, et joue l’ambivalence d’un Rock très poppisé, digne du meilleur de l’école suédoise des NIGHT FLIGHT ORCHESTRA. En trois morceaux, le quatuor se démarque, marque et fait qu’on le remarque, laissant dans notre esprit une sensation très agréable de liberté et de légèreté, un peu comme si un fan lambda déambulait dans les couloirs du Rock sans avoir à choisir une chambre dans laquelle rester.
Et l’impression est forte, d’autant plus qu’en règle générale, ce genre de groupe s’accroche comme un morpion aux gimmicks les plus brouillons. Aussi doués dans le tricotage que dans l’assemblage, les pennsylvaniens savent lâcher au moment idoine le lick qui englue et boogise crue et dru, pour nous coller à la piste d’un « Meat For The Beast » au chant Osbourne très prononcé. Version ZZ TOP d’un classique de Birmingham, ce morceau permet encore de varier les plaisirs, tout comme son successeur « Drinking For A Living » qui accélère le shaker. On pense aussi à saluer la vague NOLA des sudistes nouvelle-génération (« Bled Dry »), avant de s’embarquer pour la dernière destination, via le long, épique et marteau-pilon « Devastator », qui du long de ses onze minutes synthétise toutes les tendances de la danse de seventies en transe, pour un ultime trip aux confins du Hard Rock d’antan, qui résonne encore de son tocsin quatre décennies plus tard. Epilogue en prouesse qui plonge dans la liesse, qui reste focalisé sur un déhanché vraiment bien balancé, et qui laisse une guitare jeter toutes ses forces dans la bataille déjà gagnée, ce dernier segment est assurément le cadeau épiphanique d’un album magique, qui séduira tous les fans d’une musique sans artifices, mais qui met le feu en laissant des indices. Des indices qui se transforment vite en preuves, celles qui assurent des qualités d’un quatuor dont on n’a pas fini d’entendre parler. Un quatuor qui surclasse la concurrence en proposant des idées fédératrices, des harmonies tentatrices, et qui nous laisse avec un joli lot de morceaux bien chauds. En incluant des éléments de la NWOBHM dans leur soupe classique, les américains nous offrent donc une goulée bien relevée, et nous prouvent que la sorcière qui les a adoptés les a vraiment bien élevés.
Titres de l'album:
Magnifique album qui permet de mieux comprendre leur nouvel album sous le nom de Spellbook.
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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15/11/2024, 09:51
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
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