Dès le départ, sans même avoir lu la promo sheet jointe avec l’album, ça pue. La photo sur le Bandcamp du combo qui se la joue trop groupe Hardcore suédois, avec mines enthousiastes, coupes improbables et vêtements Emmaüs, ça pue. On nous vend le truc comme un machin bricolé par des iconoclastes, qui se réclament d‘influences trop respectées pour être honnêtes. Pensez donc, citer FAITH NO MORE, DEVIN TOWNSEND, MASTODON, DILLINGER ESCAPE PLAN ou OPETH, ça attire le touriste perdu dans les ruelles de Brest à la recherche d’une crêperie qui n’arnaque pas les touristes avec des tarifs trop élevés. On évite toutefois le traquenard MR BUNGLE, IWRESTLEDABEARONCE ou autre PEROPERO, mais de justesse. Alors, la méfiance est évidemment de mise, comme lorsqu’un serveur vous vante sa carte comme la meilleure de la région. Et puis, la formulation bordel. Tenez :
Moi je veux bien, mais on m’a déjà fait le coup à plusieurs reprises, et je me suis retrouvé avec des chaussettes musicales…à repriser. Alors, on finit inévitablement par écouter, et là, on se rend compte que tous ces arguments, ces influences, ces formules à l’emporte-pièce d’un pull que l’on met pour descendre les poubelles sont vrais.
Le gros choc.
La baffe.
Mais en même temps, avec deux albums déjà sortis, il y avait de quoi faire plus confiance dès le départ. Avec des concerts fameux en support de têtes encore plus fameuses, des festivals qui vous honorent et une ambition qui vous dévore, les TRANZAT avaient déjà placé le leur à la meilleure place, sur la plage, en plein milieu des touristes, pour les emmerder d’un jet de grains ou d’une conversation un peu trop forte avec ballon dans la gueule.
Il y a effectivement un peu de tout dans cette musique, une grosse louche de, une cuillérée de, un assaisonnement relevé de, mais il y a aussi des choses plus personnelles. Tiens, pour l’amour de la formule, on pourrait concevoir le truc comme un spectacle drôle mais intelligent monté par Mike Patton et MÖRGLBL. Pas mal non pour rire en s’instruisant ? « Mr. Awesome » en est d’ailleurs la démonstration la plus probante, avec cette mélodie à la FAITH NO MORE d’Angel Dust, et son agencement rythmique digne des plus grands équilibristes Fusion.
Alors, j’en conviens, on connaît déjà le truc par cœur. Les titres burlesques et interminables en fausses pistes, les gros riffs qui le disputent à des compétences techniques hors-normes, les changements d’humeur comme de chemisette à fleurs, et pourtant, la mayonnaise prend, comme si soudainement, ce comptable falot et sans épaisseur sortait la blague du siècle qui fait même marrer le patron, et Chantal, la secrétaire. Car derrière les costumes, derrière les galéjades, il y a une musique phénoménale d’énergie et d’envie, qui fricote avec toutes les tendances et qui produit même des déflagrations conséquentes, comme celle ressentie à l’occasion du thrashy « Climbing Tibetan Mountains to Learn the Secrets of the Mind ».
Se marrer OK, mais une blague n’est jamais aussi drôle que lorsqu’elle est élaborée avec soin. Le pétard dans la crotte de chien, c’est marrant, on l’a tous fait, mais le pétard mammouth dans la bouse de vache alors qu’un élu local inaugure une ferme bio, c’est encore plus fendard. Alors, entre fumasse Heavy Metal et Crossover de détail, tout y passe, avec un brio incroyable. Les morceaux les plus puissants s’accordent incroyablement bien du chant lyrique de Manuel Liegard, les plus nuancés se montrent gré d’être cajolés par la section rythmique incroyable menée par la basse de Nicolas Galakhoff et la batterie de Thomas Coïc (« Morning Glories »), et entre les deux, soufflante mais brillante, se love la guitare de Benjamin Arbellot, qui tricote un max de riffs avant que l’hiver n’arrive (« My Dear Washer », sublime ode pour machine à laver fidèle et aimante).
Progressif, mais dans le sens ludique du terme, expérimental, mais solide, mélodique, mais bruyant. C’est le constat que l’on peut tirer de cet Ouh La La, qui ressemble plus à une interjection d’étonnement constatant des progrès énormes qu’un hommage aux lapins de LUDWIG VON 88. Et puis sincèrement, avec un épilogue de la trempe de « Global Warning », qui regrette l’immobilisme écologique et les coups de soleil mortels à venir, TRANZAT peut jouer la dérision en toute tranquillité.
Alors, certes, ils sont moches comme des informaticiens de maintenance réseau, ils sont attifés comme des nerds sortis d’une trilogie US potache, mais ils envoient la sauce. Un bukkake sonore à la limite de FREAK KITCHEN et TOMAHAWK, et finalement, un disque fondamental, à la hauteur de l’admiration de son agence de prom/distrib’
Titres de l’album:
01. Shall We Dance?
02. Lobster Beaujolais
03. Mr. Awesome
04. Climbing Tibetan Mountains to Learn the Secrets of the Mind
05. Lord Dranula
06. Morning Glories
07. My Dear Washer
08. Pillow Fight
09. Global Warning
Ecoute prévue car Lord Dranula m'a particulièrement plu et pourtant j'ai les mêmes rétissences que ce que la chronique explique très bien, à force de vouloir être en dehors des clous, on fini par être en dehors de tout, mais si mortne2001 y a vu un très bon album, cela vaut le coup que je m'y risque !
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29