Avec le Thrash, il y a toujours deux options. La première, et la plus radicale : jouer à fond les ballons pour faire exploser le compteur de rage sans faire surchauffer la machine. La seconde, choisir un modus operandi moins classique, plus recherché, osant des accointances Heavy et des inclinaisons progressives et mélodiques. La première méthode est éprouvée, et bien que satisfaisante la plupart du temps, elle n’en reste pas moins émotionnellement limitée, à moins de s’appeler SLAYER, VEKTOR, ENFORCED ou CRIMSON SLAUGHTER. La seconde est beaucoup plus difficile à appliquer, et ne s’accorde pas d’hésitations et autres pirouettes faciles. Après tout, on ne joue pas du TESTAMENT, du DEATH ANGEL, du TOXIK, ou du CORONER sans avoir un minimum d’aptitudes.
Mais visiblement, ça n’empêche pas les suédois de SKELETON d’avoir choisi le chemin de droite, au grand dam des amateurs de décibels excessifs et de headbanging à vous décoller le mulet.
SKELETON, c’est une certaine idée de la violence modérée et de la haine modulée. Fondé en 2013 du côté de Norrköping, ce quatuor a déjà largement exposé ses vues sur la question Thrash en deux albums bien tassés (Only Ruins Remain en 2019 et Magnum Opus en 2021), mais s’est complètement lâché au moment de négocier la courbe du troisième album. En effet, c’est une heure complète de musique qui vous attend, découpée en douze morceaux homériques, héroïques, évolutifs et débordant de sens.
Ne vous attendez donc pas à ruer dans les brancards, d’autant que la victime est sortie d’affaire depuis longtemps. Non, tablez plutôt sur une élaboration patiente, à des mouvements réfléchis, à des harmonies subtiles qui transcendent la violence pondérée, et donc à un disque qui prend son temps pour infuser, laissant un petit goût amer en bouche après dégustation.
Tout en louant les qualités de ces messieurs (Kristoffer Karlsson - basse, Robin Karlsson - batterie, Christian Pettersson - guitare et Daniel Pettersson - chant/guitare), fins techniciens, compositeurs capables, je ne pourrais m’empêcher de leur reprocher leur caractère un peu timoré, qui me pousse à les glisser dans la catégorie Heavy solide plus que sur les étagères du Thrash limpide. Quelque part entre SANCTUARY, AGONY, METAL CHURCH, METALLICA, FLOTSAM, SKELETON sort ses squelettes du placard, pour embrasser sans équivoque sa passion. Et cette passion, aussi sincère soit-elle, pourra laisser indifférent les accros aux beats costauds et aux riffs marteau.
Nonobstant cette mise au point, Our Way n’est pas du tout désagréable, juste vendu dans le mauvais rayon. Car si quelques plans et une ambiance générale rapprochent le tout d’un Thrash joué vraiment easy, les morceaux n’en gardent pas moins une patine rude et rugueuse, atténuée par le chant un peu light de Daniel Pettersson. Et après quelques écoutes attentives, on pourrait même sans exagérer considérer SKELETON comme le fils spirituel de METALLICA et FATES WARNING, la préciosité en moins. Une comparaison somme toute assez flatteuse, mais qui est largement méritée par des titres comme « Human Rampaging », nerveux et sensible, ou « Monophobia », saccadé come il faut, et réminiscent du SATAN des années Court in the Act.
Evidemment frustrant parce que trop poli, Our Way aurait indubitablement gagné en concision et en variété, si le quatuor s’était plus ouvertement lâché. Et même si les syncopes sont entraînantes, même si le chant est lyrique et précis, si les soli sont propres et le son clean, la lassitude finit par pointer le bout de son nez, déclenchée par cette absence totale de titre affranchi et véloce. Alors, on se rabat sur ce qu’on a, en dégustant le nerveux et très PANIC « Our Way », tout en déplorant cette attitude de bon gars du voisinage qui tond votre pelouse gratos et répare votre toiture contre un verre de limonade.
Il fallait bien se douter qu’en laissant traîner les débats, les suédois marqueraient contre leur propre camp. Une heure de musique est raisonnable si la variété la domine, mais indigeste si l’avarié la contamine. Non que le quatuor se soit planté dans les grandes largeurs, mais cette étiquette Thrash qu’on lui colle à la peau ne lui sied guère, lui qui défend plutôt un point de vue Heavy Metal agressif, mais encore un peu trop souple.
Mais les ambitions, un certain flair dans le choix des progressions, une tendance à étoffer un thème de base d’arrangements malins font de ce troisième chapitre un livre qu’on prend son temps pour finir, mais qui laisse de jolies images dans la mémoire.
Gardez toutefois un marque-page à portée de main, vous en aurez besoin.
Titres de l’album:
01. Dysthymia
02. Disarray
03. Comprehend the End
04. Clandestine
05. Human Rampaging
06. Our Way
07. Crusade
08. Strength is All
09. Equilibrium
10. Contemplation
11. Monophobia
12. A Sense of Completion
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