« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? »
« Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie »
Sur cette citation de Charles Perrault, on pourrait broder bien d’autres histoires que celle de Barbe-Bleue, ce mari un peu trop secret qui garde ses anciennes conquêtes bien au chaud dans une salle discrète. Métaphore sur l’adultère ? Secrets enfouis qu’on ne partage pas ?
Ou bien, attitude du chroniqueur qui s’adresse à son dossier d’albums en attente de traitement, et qui se demande si quelque chose de nouveau va finir par éclairer l’aube de son espoir…
Cette aube ce matin a choisi un coin de Hongrie, Békéscsaba, pour tenter d’y dénicher un combo un peu moins dans la norme que la moyenne. Et ma quête fut plus fructueuse que celle de la pauvre sœur Anne qui ne voyait jamais rien venir qu’un soleil pale et un gazon terne. Car dans ce dossier trônait en première place un album vraiment à part, qui a transformé une matinée pluvieuse et grise en voyage fantastique et lumineux qui grise.
Concrètement, l’histoire d’ANN MY GUARD est intimement liée à celle de sa femme de tête, la multi instrumentiste, compositrice et chanteuse Eszter Anna Baumann-Toth, qui depuis 2007 nous fait cheminer sur les routes de son univers fantasmagorique.
D’abord responsable d’une démo à la même époque, la musicienne surdouée et décidée a ensuite gravé deux EP, Cinderella’s Syndrome en 2010, et le fort bien nommé Doll Metal un an plus tard, avant de se frotter à l’exercice du LP trois ans après avec l’excellent et exotique Innocence Descent.
Honorés dans leur pays (présentation triomphante à X-Factor, multiples prix et décorations décernés), disposant d’un nombre conséquent de clips promotionnels très travaillés, les ANN MY GUARD (Eszter Anna Baumann-Toth – chant/basse, Krisztián Varga et Benjamin Bárkányi – guitares, Norbert Tobola – batterie) proposent donc en ce début d’année 2017 ce qui devrait représenter la confirmation de leur énorme potentiel et talent, avec ce second LP Ourania, qui tel un ouragan va passer sur vous, emporter votre amour, et balayer le passé de tout ce que vous avez pu écouter en termes de Metal moderne et mélodique. Et ne luttez pas, il va sans nul doute allumer le vice, déclenchant un incendie que rien ne pourra arrêter.
Veuillez pardonner cet emprunt à une célèbre princesse monégasque, mais je dois reconnaître que ces neuf chansons m’ont enthousiasmé au plus haut point, dans le créneau pourtant risqué d’un Metal moderne pluriforme, si apte à nous refourguer de fausses découvertes formatées et calibrées pour plaire à un public adolescent en manque de repères marketing appuyés.
Ici, l’image est certes travaillée, les gimmicks affutés, mais la musique est d’une telle richesse et d’une telle diversité qu’on ne peut qu’adhérer à son concept certes un peu « fantastique », mais qui se concrétise dans des chansons accrocheuses, qui picorent les graines de tous les styles possibles.
Il n’est donc pas rare de passer d’un Pop-Rock hautement mélodique et élastique à un Power Metal aux aspirations symphoniques sans que l’âne ne se retrouve sur le dos du coq, et malgré quelques faiblesses et automatismes encore un peu gênants, l’ensemble dégage une fraicheur et une puissance imparables, qui feront fondre de plaisir le plus brutal et exigeant d’entre vous.
D’abord, parce que le groupe Hongrois à formidablement bien agencé son disque et n’a pas tenté de le blinder avec des expérimentations balbutiantes ou hasardeuses. Neuf pistes pour moins d’une demi-heure c’est très malin en soi, d’autant plus qu’Ourania contient deux instrumentaux de moins d’une minute et une intro, ce qui porte le total de chansons à six, dont aucune n’aurait mérité de rester enfermée dans le donjon de Barbe-Bleue.
Musicalement, situer le quatuor est affaire complexe. En mélangeant les optiques d’Avril LAVIGNE, DELAIN, THE HARDKISS, NIGHTWISH, et autres EVANESCENCE ou DIAMANTE, tout en gardant cette petite touche dite « de l’Est », les ANN MY GUARD ont joué la carte de l’éclectisme, sans tomber dans le piège du fourre-tout sans âme.
On se retrouve donc à écouter de solides morceaux Pop-Rock-Hard comme cet irrésistible « Asteria », qui bondit d’un up tempo caoutchouteux et d’un clavier lumineux sur fond de vocalises sucrées et hautement commerciales, à un exercice de style LACUNA COIL emphatique et mordant les plates-bandes du Néo Metal sur « Obsidian Tears », qui débute sur une ambiance lacrymale avant de se lâcher sur un Hard-Rock survitaminé, une fois de plus dominé par des arrangements vocaux aussi puissants que célestes. Bien vu, et vous constaterez vite que ces grands écarts sont l’ADN même de ce second effort qui décidément, propose des choses classiques arrangées à une sauce perso qui prend très vite.
Ça ne colle pas au palais, c’est frais et conséquent en même temps, comme une bulle de savon qu’on éclate au-dessus d’un arc-en-ciel musical augmentant de quelques tonalités le spectre des couleurs usuels.
Ces dits morceaux reposent sur une instrumentation solide, portée par des musiciens au talent indéniable, mais aussi par l’incarnation vocale d’une interprète qui habite ses personnages et développe une palette vocale impressionnante, sans se prendre pour la dernière diva en fourrure de synthèse. Alors, on déroule le tapis rouge pour accueillir les invités, d’abord d’un pas preste et Rock, avec ce « Callisto » au refrain entêtant et onirique, puis d’une allure plus « officielle », au son d’un « Breathe The Sun », qui rappelle autant les SCORPIONS que le HELLOWEEN médium d’Andi Deris.
On lâche une grosse bombe pour affirmer son allégeance au Metal le plus torride, et « Hekate » de rappeler certains arrangements du DREAM THEATER le plus théâtral, tout en conservant cette patte Pop-Rock dans la simplicité d’agencement, avant que « The Secret » ne révèle aux convives les tentures de velours sur fond d’orchestration luxuriante de cordes, pour un ballet vocal de rêve fonctionnant comme un instrumental à peine incrusté de quelques interventions chantées à la manière d’une prière païenne.
En parlant d’instrumentaux, « Io » et « Serpent » permettent en quelques secondes de faire rebondir l’intrigue, et sont loin de faire office de remplissage masquant un manque d’inspiration pour atteindre un timing respectable.
Finalement, Ourania se suit comme un conte musical narré et chanté par un groupe qui dégage un charme incroyable, sans pour autant se départir complètement d’influences assez frappantes. Le talent de ces musiciens et les compositions aussi charmantes que probantes font de ce second album un court voyage en terre inconnue, dans une dimension parallèle ou le Rock, le Metal, le Hard Rock, le Symphonique light et le Folk cohabitent naturellement, et gageons qu’avec de tels morceaux dans les oreilles, cette chère sœur Anne aurait plutôt vu l’herbe qui poudroie et le soleil qui verdoie.
Titres de l'album:
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