Out of the Blue

Tarmat

09/12/2022

Frontiers Records

Encore un nouvel album pour cette livraison Frontiers de décembre 2022, et pas des moindres. Non que le groupe soit connu, reconnu et adoubé, mais simplement parce que ce nouveau venu à les armes adéquates pour faire trembler les amateurs de Hard mélodique et d’AOR fantastique. Et une fois n’est pas coutume dans le style, ce groupe ne vient ni de Suède, ni des Etats-Unis, ni d’Italie, mais bien du Brésil.

TARMAT s’est formé à la mi-2020 autour du quatuor Alexandre Daumerie (chant), Eduardo Marcolino (guitare), Gabriel Aquino (claviers), and José Marcus (basse), quatre amis de longue date ayant déjà joué dans différents groupes ensemble, et dont l’amitié remonte aux débuts des années 2000 pour certains. Autant dire que ces garçons-là se connaissent bien, et prennent du plaisir à jouer et composer ensemble. Notons pour l’amour de la précision que les parties de batterie ont été enregistrées par Rafael Marcolino, et nous pouvons maintenant nous intéresser à la musique proposée par le quatuor.

Autant ne pas tourner autour du pot, TARMAT propose avec Out of the Blue un album qui ne sort pas de nulle part, mais qui prône des valeurs AOR très prononcées, parfois assez éloignées des standards en vogue dans le milieu du Hard-Rock mélodique. C’est donc à un public amoureux des belles mélodies et des ambiances west-coast que cet album s’adresse, les plus hargneux s’en remettant sans aucun doute au reste de la palette Frontiers.

Bon et beau, mais léger comme une bulle de savon. Il est évident qu’un morceau aussi délicat et Pop que « More Than Less » ne plaira pas à tout le monde, mais séduira ceux qui se demandaient ce qu’une rencontre entre STEELY DAN et TOTO pourrait produire comme chef d’œuvre. Avec des claviers placés en avant, un chanteur au timbre doux et suave, une guitare qui soutient plus qu’elle ne s’affirme, TARMAT joue hors catégorie, et incarne le visage le plus innocent de la maison de disques italienne. Loin des productions standardisées par Del Vecchio, ou du Heavy classique que le label affectionne tant, Out of the Blue nous ramène directement dans les années 80, de son mélange entre Pop jazzy, Rock tranquille et AOR de première classe. On pense parfois à un compromis trouvé entre FOREIGNER et BOSTON (« Your Enemy »), mas heureusement pour les plus nerveux, le quatuor brésilien a aussi pensé à ceux qui ne crachent pas sur un brin de puissance dans un contexte de prudence, via « Backbone Feeling », superbe démonstration de Hard FM impeccable.

TARMAT ne joue pas les roublards, et affirme sa personnalité sensible dès les premières minutes de ce premier album. Ainsi, « Out Of The Blue » nous ramène de son intro aux heures les plus romantiques de l’Amérique des eighties, lorsque l’AOR était le genre le plus chéri par les radios et les classements divers. Cette plongée en apnée dans un passé loin d’être révolu répond donc à une volonté de nostalgie, mais loin de la facilité old-school, Out of the Blue se creuse les sillons pour proposer des chansons personnelles, que l’on peut sans problème comparer à nombre de standards de l’époque.

Soft, but chic. Voici une formule qui correspond tout à fait à ce répertoire ciselé et peaufiné à l’extrême. Aucune aspérité, aucune scorie, la perfection comme seule ambition, et une production douce et cajoleuse qui équilibre l’ensemble avec un panache indéniable. Et lorsque l’atmosphère se veut encore plus intime, le fantôme du MARILLION des années 90 laisse traîner ses chaines sur le sol du château (« Moving Backwards »).

Prenant parfois de faux-airs d’album solo de Joseph Williams, Out of the Blue nous fait voyager dans les couloirs d’une Pop-Rock musclée, empruntant parfois les accents d’un Néo-Prog humble mais efficace (« True Colors »). En gros, un répertoire homogène mais hétéroclite, entre délicatesse harmonique et pureté mélodique, avec toujours en point de mire cette envie de faire ressentir à l’auditeur la douceur d’une brise musicale rafraichissante et vivifiante.

Marchant toujours sur la corde séparant le Hard-Rock de l’AOR, TARMAT ose les équilibres parfaits, et livre avec « Dinner’s On The House » une superbe prestation, émouvante, poignante, et en réminiscence des crossover les plus soft des années West-coast. De fait, l’album passe très vite, et nous donne clairement envie d’appuyer sur la touche repeat de notre lecteur préféré. Pour avoir digéré le tout une bonne dizaine de fois, j’affirme que ce premier chapitre supporte très bien les écoutes répétées, sans se répéter, et sans se baser sur un argumentaire trop populiste. Je recommanderai toutefois aux plus métalliques de passer leur chemin, sous peine de subir une crise de neurasthénie avancée.

TARMAT est donc la première grosse surprise de cette tournée Frontiers qui sera sans doute la dernière d’une année fort chargée. On allume les bougies, on met un peu de parfum, et on pense à décorer le sapin. Un joli cadeau à offrir aux amoureux d’une belle musique, sans distinction de genre.     

   

        

Titres de l’album :

01. Backbone Feeling

02. Out Of The Blue

03. Moving Backwards

04. Gibberish

05. Rosetta Stone

06. More Than Less

07. Your Enemy

08. True Colors

09. Dinner’s On The House

10. The Knight


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par mortne2001 le 06/12/2022 à 17:07
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