Nous sommes d’accord pour dire que le Thrash allemand fut l’une des écoles de pensée violente les plus efficaces et radicales de son temps. Aujourd’hui encore, pas une nuit ne passe sans que des musiciens ne prient les enfers pour les remercier d’avoir envoyé sur terre KREATOR, SODOM, DESTRUCTION, TANKARD, ASSASSIN, HOLY MOSES ou DEATHROW. Mais nous sommes d’accord aussi que tout ce qui a été tamponné et envoyé d’Allemagne dans les années 80 n’a pas été reçu avec le même plaisir que les cartes postales postées par Mille, Schmier, Sabina, Tom ou Gerre. Car derrière les gros bouleaux de la forêt de la Ruhr, se cachaient aussi de gros boulets à la fourrure foireuse, qui croyaient capitaliser sur la renommée de leurs contemporains pour passer pour de faux prophètes. Les exemples étant légion, je me garderai bien de les citer ici, mais je peux utiliser celui de DARKNESS, dont les trois albums pré-split ne sont pas restés dans les annales. Je consens et j’admets que Death Squad a en son temps tourné sur ma platine, mais sans que je ne m’arrache les cheveux de sa créativité folle. J’ai toujours vu en DARKNESS un petit frère d’ASSASSIN, moins radical, plus gauche et moins hystérique, et la reformation du groupe ne m’a pas forcément fait changer d’avis. Admettons quand même que les originaires d’Essen ont gagné en professionnalisme ce qu’ils ont perdu en naïveté, et ceux n’ayant pas oublié le naufrage de Conclusion & Revival ne l’échangeraient certainement pas contre le plutôt réussi The Gasoline Solution. Il y a deux ans, le combo nous avait gratifiés d’un nouveau long, First Class Violence, plutôt bien accueilli par les masses thrashantes, et c’est donc assez logiquement que le quintet revient nous brailler saucisse en 2020, mais en format médium cette fois-ci.
EP bâtard, Over and Out fait du neuf avec du vieux, et sonne vieux avec du neuf. Il propose en effet trois inédits qui sonnent comme des classiques, deux relectures d’anciens morceaux, un live et une reprise, soit un joli fourre-tout qui comblera les fans les plus impatients. Evidemment, comme toujours dans le cas de DARKNESS, le résultat est mi-figue, mi-Schnaps, mais moins qu’à l’ordinaire, puisqu’on ressort presque de l’écoute de ce nouveau-né galvanisé. Il faut dire qu’en version raccourcie aux branches, le groupe est plus supportable, d’autant que les trois inédits gravés donnent une idée intéressante de l’album à venir. Cet avenir sera bien évidemment Thrash, jusqu’au bout des lacets de baskets, et « Every Time You Curse Me » ne perd pas de temps en salamalecs, et bombarde sévère après une intro intrigante. Grosse basse un peu crossover sur les bords, lick classique, et c’est parti pour un trio de tête chafouin, mais efficace même le lendemain. Nous présentant de fait son nouveau bassiste Ben, le quatuor de base toujours centré autour des deux leaders Lacky (batterie) et Arnd (guitare), soutenus par le chant de Lee et la seconde guitare de Meik. Voilà pour la grosse nouveauté, le reste est à l’avenant, et continue de pousser sur les fondations creusées depuis 2013 lors de la reformation du gang. Pour en revenir à l’introductif « Every Time You Curse Me », son approche assez technique ET bourrin à la fois n’est pas sans rappeler par moments de mélodie le légendaire The New Machine de HOLY MOSES, ce qui est assez bon signe. C’est classique, ça ne cherche pas Wagner à quatorze heures, mais c’est efficace, comme du KREATOR contemporain expurgé de ses harmonies les plus niaises.
« Dawn Of The Dumb » continue sur sa lancée, mais fait preuve d’un peu d’audace avec son entame subtilement hispanique. Plus Heavy, ce second titre garde le niveau de qualité, se montre redondant juste ce qu’il faut, et nous entraîne dans le passé du Metal national, celui qu’on beuglait comme des ânes dans les années 80. DARKNESS est en forme, et son prochain LP pourrait bien être le plus solide depuis son retour dans les années 2010, ce qu’on constate et qu’on ressent à l’écoute agitée de « Over And Out ». Hymne Thrash comme on les aime, dans la lignée des collègues d’EXUMER, saccades typiques, chant hargneux et monolithique, pour une ambiance survoltée qui fait plaisir aux pieds. En trois morceaux, les allemands nous font plaisir et tapent le sans-faute, jusqu’à la première, de goût et d’appropriation. Autant être franc, lorsqu’on s’attaque au répertoire historique de SKID ROW, il convient d’avoir le chanteur au bon timbre. Mais cette version de « Slave to the Grind », solide au niveau de l’instrumental, pâtit de l’organe très limité de Lee, et sonne comme une catastrophe industrielle qui nous rappelle à quel point le beau Bach était un vocaliste d’exception.
Heureusement pour nous et eux, DARKNESS rattrape immédiatement le coup d’un tonitruant « Tinkerbell Must Die » capté en concert à Osaka, Japon, qui donne un solide aperçu de la force de frappe du groupe en live. Avec une cadence d’abattage bien supérieure à la moyenne, le quintet sonne vraiment féroce, et fait oublier la timidité de certaines versions studio. En parlant de studio, les musiciens nous gratifient d’un réenregistrement de « Armageddon » qu’on trouvait sur leur première démo The Evil Curse de 1985, archétype du Thrash germain des années 80 qui castagnait et réfléchissait après. La bagarre se termine en demi-teinte, avec une version acoustique de « Faded Pictures », tiré de Death Squad, et qui permet à Bruno et Pierre, du premier line-up du groupe de venir jouer des cordes vocales. C’est assez touchant dans les faits, mais pas vraiment enrichissant musicalement, la chanson étant proposée dans une version assez plate et encore une fois gâchée par le timbre trop rauque et linéaire de Lee.
Cinq sur sept, le résultat est plus qu’honorable pour Over and Out qui se présente comme un délicat amuse-gueule avant le prochain repas global. Espérons que les allemands de DARKNESS ne perdent pas leur hargne d’ici-là, et qu’ils nous pondent enfin l’album définitif qu’ils sont peut-être capables de composer. Ou pas.
Titres de l’album:
01. Every Time You Curse Me
02. Dawn Of The Dumb
03. Over And Out
04. Slave To The Grind (SKIDROW Cover)
05. Tinkerbell Must Die (Live In Osaka, Japan)
06. Armageddon (2020 version)
07. Faded Pictures (Unplugged)
Sympa le papier. J'aime bcp le 1er Darkness, le second est bien aussi, et d'accord avec toi sur la vue d'ensemble de la disco du groupe. EP sympa aussi.
Pour moi, Darkness était un groupe Thrash allemand de seconde classe, comme Exumer. Ils n'arrivaient pas à la cheville de Kreator/Sodom/Tankard/Destruction.
Je constate aussi, chez Darkness comme chez tous les autres, qu'ils se sont bien américanisés et ça fait un bail que ça dure.
Le temps des albums implacables façon Persecution Mania/Pleasure to Kill où les mélodies étaient presque bannies au profit de riffs bien méchants, bah c'est derrière nous.
La compo présentée ici pour Darkness, on dirait un truc sorti tout droit de San Francisco, pas de la Ruhr !
Bref, pas d'identité musicale. NEXT !
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09