Frontiers est fier de vous présenter sa nouvelle signature…
Combien de fois avons-nous lu cette accroche en préambule des mails de promotion du célèbre label italien de Serafino ? Des dizaines de fois ? Oui, et pas toujours dans des cas justifiés, la maison de disques transalpine ayant tendance à s’emballer dès qu’un nom connu s’ajoute à son cheptel. Aujourd’hui, c’est le Brésil qui est mis à l’honneur du côté de l’Italie, avec la sortie du premier album de SPEKTRA, dont le nom ne dira pas grand-chose à quiconque. Pourtant, ce nom en cache un autre beaucoup plus fameux, de ces artistes qui brillent internationalement plus ou moins dans l’ombre d’autres géants, et qui s’affirment un jour, en solo, concrétisant un vieux rêve. En l’occurrence, SPEKTRA est le gros bébé de BJ, alias Luis Paulo de Almeida Junior, chanteur respecté de la scène nationale, mais aussi du public européen. Et pour cause, puisque Luis a longtemps gravité dans la sphère de Jeff Scott Soto, participant activement aux projets du chanteur de légende JEFF SCOTT SOTO BAND et S.O.T.O.
Mais BJ, ce sont aussi d’autres implications, dont celle récente au sein de DANGER ANGEL, ensemble grec avec qui il a enregistré un album (All The King's Horses), ou encore des choses plus personnelles comme TEMPESTT et the JSS BAND. Et surtout, BJ, c’est une voix, puissante, de celles qu’on n’oublie pas une fois entendue, et qui permettent de rivaliser avec les plus grands vocalistes de l’histoire. Alors, lorsque le multi-instrumentiste/compositeur a fait part de son intention de créer une première œuvre en solo, Serafino a sorti son carnet d’adresse et son chéquier, sachant pertinemment que le projet allait rapidement séduire les fans de l’écurie Frontiers.
Accompagné dans l’aventure par ses trois compères favoris, Edu Cominato (batterie), Leo Mancini (guitares) et Henrique Canale (basse), Luis a donc souhaité composer un répertoire en adéquation avec ses influences et ses héros, histoire de se lover au creux de l’inspiration de FOREIGNER, WINGER, JOURNEY, et autres chantres d’un Hard Rock mélodique de grande classe aux mélodies proéminentes. Confiant le travail de production à son mentor Jeff Scott Soto et au couteau suisse maison Alessandro Del Vecchio, BJ s’est autorisé une fantaisie harmonique qui risque fort de faire les beaux jours des accros à un AOR de qualité, mais aussi aux afficionados d’un Hard Rock joué smooth, mais avec les tripes.
Le résultat : cet Overload, débordant de refrains à reprendre en chœur entre initiés, de couplets anthémiques qui feront trembler les stades, mais aussi d’émotion à fleur de peau. Une véritable réussite dans un genre plus qu’exigeant et déjà constellé de chefs d’œuvres impérissables, qui accueillera avec plaisir un petit dernier dans le secret des alcôves. Avec un son énorme et propre, des chansons taillées sur mesure, et évidemment, des parties vocales à rendre verts de jalousie les David Coverdale, Kip Winger et autre Steve Perry, BJ nous déroule le tapis rouge d’un travail d’orfèvre, avec onze morceaux calibrés jusqu’à la dernière note, mais sonnant frais comme une envie pressante enfin soulagée.
Inutile donc de craindre de s’embourber dans les bons sentiments et les coulées de boue de mièvrerie, puisque ce premier album fait montre d’une énergie incroyable, fricotant d’ailleurs parfois avec le Heavy que prônait SKIDROW dans ses moments les plus rebelles (« Our Love »). Et dès le hit d’entame au doux parfum Jami Jamison « Overload », on comprend que BJ n’avait pas l’intention de verser dans le sentimentalisme de bas étage pour séduire les minettes d’auto-tamponneuses. Pas de formule facile donc, pas de raccourci, mais un bréviaire du Hard mélodique le plus efficace, celui qui fait autant headbanguer que remuer avec sensualité, et si ses suiveurs connaissaient très bien ses capacités vocales hors du commun, ils auront aujourd’hui le plaisir de les découvrir dans un contexte plus personnel.
En quarante minutes, le timing parfait, SPEKTRA sonne plus comme un effort commun que comme un projet solo, et c’est évidemment ce qui fait sa force. Si la patte du chanteur est omniprésente, il n’en a pas pour autant bridé ses complices, qui peuvent s’exprimer à plein régime, de lignes de basse serpentines en soli homériques et flamboyants. Avec une assise rythmique solide, des chœurs à faire prier les STRYPER un lundi matin (« Since I Found You »), des sursauts d’énergie en mode bonafide du samedi soir (« Breakaway »), et des incartades plus déhanchées à la mode nineties (« Don't Matter », et son riff qui une fois de plus ferait la fierté de SKIDROW), Overload est une mine de tubes qui rendra votre mine plus halée, malgré cette pluie estivale persistante.
Véritable soir d’août avec amis et couchant apaisant, Overload ne marque aucun temps d’arrêt inutile, se veut parfois allusif à l’AOR des eighties avec claviers d’époque et riff radiophonique (« Back Into The Light »), souvent proche d’un Hard Rock à la mode Billboard (« Forsaken »), pique parfois aux rois pour rendre aux princes, recycle des riffs et des plans connus, mais le fait avec un tel panache que la tactique passe crème.
Evidemment, rien de bien révolutionnaire dans cette approche, mais un amour du travail bien fait, et une passion communicatrice. Avec quelques clins d’œil à l’école suédoise (« Behind Closed Door »), mais surtout, une qualité constante qui garde la pression sous contrôle et ne tolère pas les baisses de régime, autant dire que BJ a supporté une décennie dans l’ombre pour mieux rejaillir dans la lumière le jour J, et que grâce à SPEKTRA, il va gagner ses galons de chanteur/compositeur vedette en son propre nom. Ce qui est amplement mérité, et oui, cher Serafino, tu peux vraiment être fier de cette signature, si ça te rassure.
Titres de l’album:
01. Overload
02. Runnin' Out Of Time
03. Just Because
04. Since I Found You
05. Our Love
06. Breakaway
07. Don't Matter
08. Back Into The Light
09. Forsaken
10. Behind Closed Door
11. Lonely Road
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