Overtaker

Hammers Of Misfortune

02/12/2022

Autoproduction

Au début, c’était tous les deux, trois ans. Et puis, tout à coup, l’intervalle s’est allongé. Au point d’atteindre six années complètes depuis 2016…Je veux bien sûr parler du temps qui s’écoule entre deux albums des américains de HAMMERS OF MISFORTUNE, qui n’avaient pas daigné nous donner de nouvelles depuis le magique Dead Revolution, paru en 2016. Le temps commençait donc à se faire long, d’autant qu’on sait le groupe fantasque, indispensable et iconoclaste dans l’extrême. Une sorte de concept unique qui n’est parfois pas sans rappeler les japonais fous de SIGH, et qui décore l’underground de formules étranges gravées dans la pierre d‘un Metal progressif unique en son genre.

A ce titre, avouons que tous les albums de la bande sont des classiques, et ce, depuis le séminal The Bastard, qui avait illuminé 2001 de ses ténèbres. En guise de bâtards, nous faisions à l’époque face à des musiciens plus que capables, et bien décidés à ne sonner comme personne. Cette promesse d’incongruité est toujours d’actualité au moment de juger de la pertinence du comeback, et Overtaker de remuer la terre du passé pour creuser une tombe au présent.

A la barre, toujours fidèle, le capitaine John Cobbett (guitare/chant), qui mène toujours son équipage ailleurs qu’à bon port, là où on ne l’attend pas. Sigrid Sheie maltraite toujours ses claviers et son micro, tandis que Blake Anderson, petit nouveau à la batterie nous fait profiter de son jeu épileptique et de sa frappe précise. Mais Overtaker permet de retrouver Jamie Myers, absente depuis 2006, et qui revient chanter quelques mélodies biscornues pour le plaisir. Une affaire de famille donc, pour une musique toujours aussi unique, entre Black Metal light et symphonique pour désaxés, mais là encore, HOM a choisi d’emprunter un autre chemin en laissant sur le bord de la route ses compositions les plus développées pour se concentrer sur un but plus précis. De fait, deux titres seulement passent la barre des cinq minutes, pour une homogénéité intégrale qui fait ressembler l’album à une unique poésie sombre de quarante-quatre minutes.

Il est toujours aussi difficile de décrire ce qui fait de HOM ce groupe à part sur la scène extrême. Son art consommé du contrepied, des harmonies amères et des prouesses rythmiques en labyrinthe y sont pour beaucoup, mais les dissonances, les accélérations brutales et les lignes de chant qui se grillent la priorité aussi. Il faut donc encore laisser sa raison au placard pour appréhender toute la richesse d’un disque qui ne détonne pas dans le parcours des américains, et éventuellement, y voir une naissance issue d’un coït fugace entre STRAPPING YOUNG LAD et les STOLEN BABIES (« Don't Follow the Lights »).

Ma meilleure chronique - en tout cas la plus pertinente - laisserait les fans s’enthousiasmer par eux-mêmes, et exigeraient des néophytes une prise de contact immédiate, et c’est tout. Mais même si les mots peinent à décrire ce maelstrom d’énergie centrifuge, le clavier est toujours pris d’une diarrhée verbale au moment de parler de ce quatuor attachant, étrange, et aussi rassurant que l’oncle Fétide planqué dans un cercueil. Alors, on laisse les doigts heurter les touches comme les baguettes de Blake frapper sa pauvre caisse claire et ses pieds démonter sa double pédale, on recense les soli complètement branques faire leur office, et on savoure ces silences soudains qui n’annoncent jamais rien de bon...

…pour les tympans 

Je ne parierai pas sur la surqualité d’un album qui finalement n’est que le prolongement des précédents. Les ingrédients sont toujours les mêmes, la démence supersonique et épileptique, et si certains auront du mal à se raccrocher à une idée bien précise, les autres accepteront le génie en folie dans sa globalité. A l’image d’un alpiniste escaladant à mains nues un flanc de montagne, Overtaker accepte tous les risques, et se hisse à la force des bras. Les mouvements sont précis, la montée progressive mais rapide, et parfois, le sentiment de peur se fraie un chemin dans l’inconscient via quelques arpèges et percussions tribales (« Outside Our Minds »).

Entre un Lolicore pour enfants et une revue menée par les DIABLO SWING ORCHESTRA et dirigée par Nina Hagen, HAMMERS OF MISFORTUNE propose un bal endiablé, qui n’offre aucun quart d‘heure américain. On est là pour danser comme des bêtes, en mode On achève bien les chevaux et ces marathons de danse mortels, tourner autour de la piste, regarder dans le blanc des yeux, y percevoir des mensonges entre deux vérités, et finalement, s’en remettre à nos sens pour juger de la dangerosité de la chose.

« The Raven's Bell » frôle d’ailleurs le malaise avec sa vitesse intenable, tandis que « Orbweaver » nous fait adopter le mouvement circulaire d’un derviche tourneur, tout en sifflotant des mélodies graciles et fragiles.

Spectacle de foire avec ses freaks inimitables, HAMMERS OF MISFORTUNE est toujours ce petit caillou dans la chaussure de l’underground, ou ce géant aux pieds d’argile qui défile sous les yeux hagards d’une foule impressionnée par les monstres. La démonstration peut être trop extrême pour beaucoup, mais les habitués glissent toujours une petite pièce dans la poche du monsieur-loyal, pour qu’il les laisse assister au vrai spectacle, en backstage, lorsque les badauds sont rentrés se coucher.

« Aggressive Perfection » résume tout, et les circassiens commencent à démonter le chapiteau et le décor. La fête était folle et belle, et nous a permis de retrouver une atmosphère unique, un mélange de sciure et de sueur, et des sourires en coin. HAMMERS OF MISFORTUNE, est revenu, vous pouvez laisser tomber les dingues en plastique des frairies de campagne.        

         

         

Titres de l’album :

01. Overtaker

02. Dark Brennius

03. Vipers Cross

04. Don't Follow the Lights

05. Ghost Hearts

06. Outside Our Minds

07. The Raven's Bell

08. Orbweaver

09. Overthrower

10. Aggressive Perfection


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par mortne2001 le 16/12/2022 à 18:13
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