Trois ans d’absence, et les hollandais de PHLEBOTOMIZED reviennent par la petite porte avec un EP. Un bon moyen de prendre la température après la tempête déclenchée par Deformation of Humanity, album qui entérinait définitivement et qualitativement le comeback du groupe dans les années 2010. Pour les néophytes totalement étrangers à l’univers de de combo hors-normes, sachez qu’il a entamé sa carrière dans les années 80, ce qui en fait l’un des plus anciens représentants de l’extrême batave. Et si Immense Intense Suspense mit le feu aux poudres en 1994 de son savant mélange entre Death avant-gardiste et Doom écrasant, c’est bien le chef d’œuvre Skycontact qui établit une bonne fois pour toute la réputation du groupe de Rozenburg. Nouvel EP qui déçoit donc de sa brièveté, mais dans le cas de PHLEBOTOMIZED, un simple moyen-format de sept morceaux vaut plus que des anthologies complètes de confrères plus célébrés et capés. Et une fois encore, en vingt et quelques minutes, le combo toujours aussi créatif donne une leçon de riffs et d’ambiances à ses collègues qui feraient bien de s’en inspirer pour éviter au Death de stagner ou de piocher un peu trop allégrement dans son héritage vintage.
Pain, Resistance, Suffering est donc de ces œuvres courtes, mais si intenses que plus aurait été difficilement encaissable. Je parlais d’un groupe hors-normes plus en amont, et si PHLEBOTOMIZED l’est artistiquement, il l’est aussi de par sa formation en septet, chose assez rare dans le Death pour être soulignée. C’est donc avec plaisir que nous retrouvons en plein confinement estampillé avril 2021 Tom Palms (guitare, et seul membre d’origine), Rob op 't Veld (claviers), Ben de Graaff (chant), Dennis Bolderman (guitare), André de Heus (basse), Alex Schollema (batterie), et le petit dernier Thijs van der Sluijs (guitare, depuis 2019). Tous les fans attendaient beaucoup du retour de leurs héros, et autant dire qu’ils ne seront pas déçus par ce nouveau voyage aux confins du possible. Si les sept musiciens ne proposent rien de neuf, ils recyclent avec un flair imparable, et parviennent à multiplier les ambiances dans un temps imparti, passant d’un Death vraiment féroce mais suffisamment expérimental pour séduire, à une sorte de Proto-Doom mélodique et presque gothique, ce qui a l’avantage de conférer à cet EP une aura très particulière.
Et c’est via une longue et synthétique intro que PHLEBOTOMIZED nous accueille, plantant son fanion sur une nouvelle planète, dans un désir continu de conquérir l’univers de l’Xtreme. Les violons samplés sont là, la guitare aussi, qui lâche un riff impérial et sentencieux, et immédiatement, nous sommes entraînés dans un multivers où la logique de la linéarité n’a pas droit de cité. Il est assez rare qu’un groupe puisse fasciner en quelques secondes et quelques notes d’intro, cet exercice étant d’ordinaire réservé à une pièce musicale sans intérêt, ou à quelques arrangements plus ou moins heureux. Mais « It Will Pass... », malgré son absence de chant peut être considéré comme un titre à part entière, même si ce rôle échoit plus logiquement au terrifiant « Pain, Resistance, Suffering ». Moins de deux minutes de puissance, moins de deux minutes de violence, et pourtant, tous les signes sont là, PHLEBOTOMIZED est en forme, et le démontre de la façon la plus brutale qui soit.
Impeccablement produit, Pain, Resistance, Suffering s’avale d’un trait, et exige des retours permanents sur son contenu, la valse guitare/synthés/chant/rythmique étant d’une intensité rare. Tous les tempi y passent, de l’allusion CREMATORY de « No Surrender » à la tuerie Heavy/Doom de « Beheaded Identity », le septet se montrant sous son jour le plus flatteur, et offrant un résumé parfait de son retour à la lumière de 2013, sans forcer son talent, et en temporisant même un peu, dans l’expectative d’un nouvel album à paraître s’annonçant sous des auspices grandioses.
Il y a de tout, pour tout le monde, du bref et lapidaire pour les bourrins les plus bourrins (« You Have No Idea », non en effet, mais ça fait quand même mal aux oreilles), du travaillé et catchy pour les plus exigeants sur la mélodie (« Collusion Starts Here », le « tube » de l’album, qui gonfle enfin le chant clair pour rappeler le PARADISE LOST le plus dense), et un final suffisamment acrobatique pour justifier cette terrible étiquette « Avant-garde Death » qui colle à la peau du groupe depuis sa prime jeunesse. Alors, j’en conviens, tout ça passe trop vite et laisse frustré. Mais la qualité de ce retour est si éclatante qu’on veut bien pardonner aux hollandais leur pingrerie, à condition qu’ils enchaînent avec un longue-durée de cette qualité indéniable et irréfutable. De quoi s’aérer l’esprit en oubliant pour une petite demi-heure que le Death actuel ne fait que miser sur la puissance et la vitesse au lieu de travailler ses atmosphères, ou qu’il préfère pomper les racines pour économiser son énergie créative.
Titres de l’album:
01. It Will Pass...
02. Pain, Resistance, Suffering
03. No Surrender
04. Beheaded Identity
05. You Have No Idea
06. Collusion Starts Here
07. GPS
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