Le panpsychisme est une conception philosophique selon laquelle l'esprit est une propriété ou un aspect fondamental du monde qui s'y présente partout. L'esprit se déploierait ainsi dans toute l'étendue de l'Univers.
En gros, toute chose animée ou inanimée possède une âme, ou une qualité proche de l’âme. Philosophie lancée par Francesco Patrizi au XVIème siècle, elle trouve aujourd’hui un écho dans ce troisième volet des aventures d’ACAUSAL INTRUSION, duo d’américains qui s’épanouissent dans un Death technique fortement connoté Black Metal. Et après avoir publié les deux premiers volumes de ce triptyque (Nulitas, 2021 et Seeping Evocation, 2022), Nythroth (guitare/basse/claviers/chœurs/composition) et Cave Ritual (batterie, textes) se lancent donc la tête la première dans une conclusion aussi cacophonique que d’ordinaire, mais toutefois, plus concentrée que les deux premiers tomes. Alors que ces derniers frisaient l’heure de jeu, Panpsychism s’arrête sous la barre des cinquante minutes, tout en proposant autant d’idées. Paradoxe.
Conseillé aux fans de DEMILICH, TIMEGHOUL, GORGUTS, ULCERATE, et AD NAUSEAM, ACAUSAL INTRUSION est toutefois trop unique pour se satisfaire de comparaisons faciles. Trop technique pour les fans de Black, trop sauvage pour les accros au Death progressif, Panpsychism est un exercice fastidieux de douleur et d’agressivité, qui nous traîne dans les recoins les moins recommandables de l’underground, peuplés de créatures étranges et embouchés par des impasses multiples.
Largement de quoi se perdre pour toujours, en suivant cette voix gravissime qui n’est pas forcément amicale.
Toujours aussi inclassable, le duo repart donc dans ses contes horrifiques et ésotériques, entre le chaos d’un occultisme passionné et la renaissance d’une mort annoncée. Les parties de batterie de Cave Ritual sont toujours aussi insaisissables, l’homme démultipliant les fills et autres figures acrobatiques, pour se montrer à la hauteur d’un instrumental ciselé par son comparse, qui n’a pas l’inventivité dans sa poche.
A la manière d’un voyage aux confins de l’existence, Panpsychism tente d’analyser un état d’esprit présent dans toute chose, prenant en compte l’individualité dans la globalité, et nous servant encore complexes des théories s’articulant autour de passages atmosphériques, glauques, impénétrables et emberlificotés.
Le son général, très dense et touffu, est aussi riche que cette pochette de Daniele Valeriani, artiste maison qui de son noir et blanc dépeint un paysage morne flanqué d’un énorme passage mystérieux. On se demande d’ailleurs ce que le petit personnage central s’apprête à vivre comme expérience, tant la musique laisse augurer de rencontres improbables et pas forcément amicales.
On note régulièrement des citations de classiques, entre MORBID ANGEL, SUFFOCATION et GORGUTS, mais aussi des allusions à la scène Black la plus incorruptible, ce qui a tendance à rendre l’œuvre encore plus solide et énigmatique. Dissonant, parfois stressant, souvent oppressant, ce troisième album est une réussite macabre qui glace le sang, et qui se réserve aux plus téméraires des courageux.
Difficile en effet de ne pas trembler face à ces graves énormes, ou ces évolutions sur plus de dix minutes qui redonnent ses lettres de noblesse à un Death technique sans compromission. A ce titre, je vous enjoins à savourer le tortueux « Pillar Of Rationality », qui contient plus d’idées et de changements qu’un album complet d’un concurrent quelconque.
Mais le but initial n’était certainement pas d’accumuler assez de détails pour rendre le tableau encore plus cryptique. L’inspiration s‘est laissée guider par la thématique, qui si elle accorde à chaque objet une âme propre, finit par sonner comme un discours assourdissant dans un univers chaotique. Mais loin d’être désagréable, cette sensation prend au corps, interroge, et remet en question notre perception d’un monde en trois dimensions qui s’accorderait très bien d’une quatrième. Temporelle, spatiale ou mentale.
Pas franchement le genre de disque qu’on utilise comme son de fond lors d’une soirée, Panpsychism est une étude fouillée, terrifiante, mais cathartique. En admettant que toute chose a pouvoir de réflexion, ACAUSAL INTRUSION ne s’est pas facilité la tâche, mais a conféré à notre Univers une valeur variable. Constatation renforcée par une musique rapide, cruelle, sombre et lapidaire, qui passe d’une accélération dantesque à un écrasement gargantuesque.
« This Inward Separation », insistant et perturbant, « Continuum Magnitude », discordant, écrasant et malsain, et « Molecular Entanglement », faux final progressif aux arrangements mélodiques et au tempo martial, tout est construit comme une progression dans les croyances, et l’ouverture à d’autres possibilités moins restrictives. Ainsi, durant les huit minutes de ce pavé, l’auditeur passe par toutes les émotions, devant se confronter à une réalité qu’il n’avait pas envisagée : tout a pouvoir de réflexion, et les créatures vivantes ne sont pas les seules à pouvoir réagir émotionnellement.
Panpsychism est donc un devoir de philosophie traité avec originalité et purisme, mais surtout, un album qui exige des dizaines d’écoutes pour être appréhendé dans sa globalité et ses détails. Largement de quoi occuper un hiver qui s‘annonce rude.
Titres de l’album:
01. The Horror Above
02. Encoded Exagrams
03. Statical Universe
04. Pillar Of Rationality
05. This Inward Separation
06. Continuum Magnitude
07. Molecular Entanglement
08. The Beauty Within
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