1er mai, fête du travail, et me voilà dissertant sur un groupe de feignasses. Dualité. Bref, il parait que lorsqu’on aime on ne compte pas (sauf que quand je file ma carte bleue à ma chère moitié, j’exige quand même un ticket de caisse voir si elle ne s’est pas acheté en douce un lot de tangas, ou pire, Libé), ce qui est complètement faux au demeurant.
Parce que neuf ans, c’est long quand on aime. Très long même. Mais ces gens-là en ont-ils cure ? Parce que nous faire patienter près d’une décennie pour donner de leurs nouvelles n’est pas acte d’empathie, mais plutôt longue torture subie à l’insu du plein gré de notre volonté. Mais passons outre après tout. Nous les aimons non ? Oui. Alors ramassons le savon.
Il parait aussi que les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. Alors fuguer pendant neuf années en se faisant passer perdus corps et bien et âme pervertie et corrompue (et blagues carambar même pas laissées dans un tiroir de la salle de bain entre les tampons de maman et le plug de papa), n’est pas la blague la plus drôle à faire à des fans qui ont le sens de la revanche aiguisé.
J’y ai pensé.
Je me suis dit, « Tiens, je vais les descendre comme GRONIBARD, ça leur fera les pieds à ces mandrills au trou de balle coloré » (je trouvais la formule pas terrible, mais dans leur cas, ça suffisait largement). Sauf que. Sauf que.
Sauf que, comme tout amoureux éperdu, j’ai quand même écouté leur tirade avant de les éconduire sans café. Et comme une vieille baudruche usée, je me suis dégonflé.
Pourquoi ? Parce qu’envers et contre partouze, je les aime ces fumiers. Oui, je m’appelle mortne2001 et je suis ULTRA VOMIToholic. Bienvenue au club. A propos, vous connaissez celle du fou qui saute les murs pour s’évader ?
Allez, on commence. La pochette est déjà savoureuse en soi (gribouillée par Nicolas Leroy), presque plus attrape-cœur et accroche-l’œil que celle d’Objectif :Thunes, les titres en disent long sans dire grand-chose comme d’habitude (sauf que le stade anal de papy Freud n’est toujours pas dépassé), et une fois les oreilles posées sur l’intro, pas de doute, la production pas signée Bob Rock ou Kurt Ballou est énorme. On se laisse amadouer par ce délire cartoon d’entame qui place les débats sur le terrain du dessin animé, à l’image de cet artwork marrant mais qui ne fera pas glisser le supo plus vite pour autant. Est-ce à dire que nous allons l’avoir dans le cul et devoir asperger de louanges ces quatre abrutis alors même qu’ils nous ont laissé tomber pendant une décade bien tassée ? Ben oui, et du coup, je leur en veux encore plus. Parce qu’ils n’ont pas passé neuf ans à se tirlipoter le chihuahua, mais bien à composer et écrire des morceaux rigolos de bon aloi. Ils sont drôles, mais ça vous le saviez déjà, et puisqu’il faut bien être un peu sérieux (parce que mine de rien, le disque à du coûter un peu de sous quand même), en plus d’être marrants, ils savent jouer et composer, et c’est sans doute pour ça qu’on les adore. Pas facile de conjuguer morceaux solides et galéjades intrépides. Mais les ULTRA VOMIT, malgré les excès ont le sens de l’équilibre. Pas question de proposer vingt-deux pochades approximatives sans y apporter du fond et du fion. D’autant plus que depuis 2008, ils n’ont pas perdu leur temps et ont observé en bons spectateurs goguenards de l’actualité tout ce qui se faisait en termes de Metal à la mode. Alors la parodie bat son plein et pioche dans les tendances de quoi nourrir notre soif de défiance. Défiance envers la normalité (prout), défiance envers le mercantilisme, et si les icones d’hier ont changé, celles d’aujourd’hui sont toujours matière à des clins d’œil appuyés.
Exit donc les DARKTHRONE, les COAL CHAMBER, les RHAPSODY, bonjour les BABYMETAL, RAMMSTEIN, GHOST, AC/DC et consorts, ceux-là même que nous encensons à longueur de chronique, pour une bonne baffe à leur sérieux (qui l’a amplement mérité).
Pour ça, un label (Verycords), une production maousse qui met en relief leur talent d’instrumentiste (oui, ils sont laids et stupides, mais ils savent jouer), et un album, Panzer Surprise! qui comme les Kinder qu’il aime à pasticher, contient non pas un, mais vingt-deux petits cadeaux à monter et démonter en essayant de ne pas s’étouffer avec les petites pièces étalées.
(Parenthèse. Difficile d’être objectif, mais cet interlude est indispensable à ceux qui ne savent pas lire une chronique en diagonale ou se laisser pénétrer d’avant en arrière par le second degré)
« Le dernier ULTRA VOMIT est aussi drôle que Franck de Lapersonne dans son dernier sketch « Le FN, cette terre d’asile de l’humour caustique » »
(Parenthèse refermée)
Alors finalement et pour rester moins vague. Panzer Division Vomit ou Baby Vomit ? Les deux, et trois, et quatre, puisque Le Roi Fetus (chant/guitare/imitations), L’elfe Manard (batterie/voix de merde/geek), le Nain Flockos (lead guitare/beauté) et le Farfadet Bausson (sons laids) ont mis les petits plats de plastique dans les grands de PVC, nous livrant un album aussi fun que conséquent, aussi Metal que chanson paillarde de vacances, avec une nouvelle bordée d’allusions à peine déguisées à des groupes renommés, mais aussi grâce à quelques blagues plus perso disséminées de çà et là.
Chacun choisira bien sûr son intermède/interlude favori (après tout, même avec Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion, les avis sont partagés. Ça va chier dans le ventilo…), mais concédons quand même à ces rois du stand-up musical un don certain pour soigner leurs entrées et leurs sorties, et leurs rimes assorties.
Alors, piochons.
Beaucoup ont déjà élevé « Evier Metal » au rang de nouvel hymne incontournable (ce qu’il est sans conteste), d’autres, plus branleurs et scatophiles vouent un culte à « E-tron (Digital Caca) » ou le fantastique et super-héros lookalike « Pipi vs Caca », tandis que les plus roots et coincés dans les 90’s headbanguent en hurlant « Anselmooooooooooo » avec en fond sonore un « Pink Pantera » poussé au plus loin des potards de l’ampli.
J’ai personnellement une affection particulière pour le tendre bisou adressé aux BABYMETAL et à la scène J-Metal par « Takoyaki », mais gageons que les plus germains et martiaux d’entre vous sont déjà en train de se gominer la mèche en hurlant d’une voix gutturale « Kammthaar », qui a rendu Till Lindemann vert de rire du haut de ses deux mètres soixante-seize.
Mais les VOMIT n’en ont pas pour autant oublié leur passé brouillon de couillons, puisqu’ils se souviennent même de leur fatras Grind de M.Patate sur l’hommage growl double « La Ch’nille »/ « La Bouillie, pt.4 », avant de jeter un coup d’œil du côté des marvelous héros en costume serré et burné via un « Batman vs Predator » au thème légèrement emprunté, mais restitué avec intelligence et mélodie séduisante.
Mais comme nous vivons tous à l’intérieur de « Un Chien Géant » (il faudra quand même qu’ils m’expliquent comment ils en arrivent là sans se mettre leurs amis à dos), les questions sont superflues, et la seule attitude à adopter, et d’écouter et…d’aimer. Oui d’aimer. D’aimer comme Jack aimait Rose, comme Roméo aimait Juliette, et comme DSK aime les femmes de ménage qui sentent le détergent. D’aimer Panzer Surprise ! pour ce qu’il est. Une petite attention que notre maman ramène à la maison après les courses, et qui nous le donne en bougeant les lèvres sur un lip dub germain l’air attendri en nettoyant notre vomi.
Et puisqu’il faut bien lâcher un compliment avant de rendre l’antenne, disons que ce troisième album de nos meilleurs amis imaginaires préférés est aussi bon que le précédent, même meilleur par moments, et qu’ils nous avaient quand même salement manqué les fumiers. Drôles, attendrissants, sales, agaçants, deux doigts dans les fesses et sens mes doigts maintenant.
Ah, et à propos. Il parait que Franck Lapersonne lui-même déteste cet album qu’il juge « décadent ». Ce à quoi je répondrai « poil aux camps ».
De toute façon je déteste les rouquins.
Titres de l'album:
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Je ne suis pas au courant.. il s'est passé quelque chose récemment avec le groupe Al Namrood?
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