Bénies soient les putains
Les choses brisées
Les causes perdues
BOVARY, Flaubert, une pochette assez dérangeante pour un amour du vide et du noir qui fait froid dans le dos. Cette femme aux os saillants et au regard effrayé n’incite ni à la sauvegarde ni au romantisme, mais trahit un amour cruel qui se repaît de la douleur et de la peur. C’est en tout cas ce qui ressort de cet album bien plus complexe que ses apparences.
Déjà auteurs de deux démos, les membres de BOVARY sont des prothèses qui fixent avec beaucoup de mal les os entre eux, comme un grabataire en fin de vie qui s‘accroche à son déambulateur de fortune. Difficile d’ignorer un groupe qui a réussi à pondre des titres comme « Ta Vie, c’est mes Chiottes », ou « Je ne serai plus là pour l'attendre », et ce premier album arrive à point nommé pour lancer professionnellement une carrière que l’on pressent riche, surprenante, mais surtout, déprimante.
Par Amour du Vide est un ravin près duquel on joue à colin-maillard, en laissant le destin décider de la suite des évènements. Une chute, un accident logique, ou bien un simple amusement sadique, pour un résultat musical au-delà des espérances d’un DSBM épileptique et vociféré. Petri Ravn (guitare/chant), Etrange Garçon (guitare/chœurs), Loïs (basse, chœurs) et Bastien (batterie) se présentent donc aujourd’hui à vous sans déguisement, mais avec des morceaux longs, sombres, agressifs et cathartiques, entre la poésie romantique et la lucidité d’une fin atroce entre bile, crachats de sang et draps souillés.
Le tableau n’a rien de réjouissant, mais la portée artistique est énorme. Loin des réflexes conditionnés du genre, BOVARY propose des variations bien agencées, et des humeurs variées. Impeccablement produit pour sonner cru et naturel, Par Amour du Vide est un canyon de désespoir, le genre d’épreuve qui laisse la lame glisser sur les chairs et trancher les nerfs, les muscles et évidemment, vider les veines. Mais cette dépression musicale n’est pas la pire du circuit, loin de là. Elle est l’une des plus nostalgiques, des plus mélodiques, et le tout se présente comme un faux concept sur la vie et la mort, et tout ce qui se passe de plus cruel entre les deux.
Le vide en moi
Le vide du monde
Le bide immonde
Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien
La noirceur donc, un constat sans appel sur un monde sans amour réel, et des douleurs intercostales, le souffle court, et la passion des cicatrices qui restent à vie. Si rien de nouveau ne vient secouer la cage des illusions, la lucidité de ces quatre musiciens fait plaisir à entendre, eux qui ne comptent pas se reposer sur des gimmicks faciles pour s’en tirer. Non, leurs chansons sont habiles, élaborées, truffées d’idées simples mais porteuses, comme en témoigne « Bénies Soient les Putains » et ses neuf minutes de respect pour les travailleuse du sexe et les honnies de Babylone.
Entre Black classique et Depressive modéré, BOVARY suit son chemin entre deux rus de sang, joue lourd puis soudain allégé entre deux arpèges clairs, nous promène dans la psyché d’un être en perdition, pour mieux jouer avec les codes et soigner une entrée en matière imposante. Chacun appréciera les multiples allusions au Metal traditionnel, entre deux hurlements à glacer les sangs (« Celui ou Celle », vraiment assourdissant et désespérant), et deux circonvolutions de guitare assassine.
La tendresse des parias, la misanthropie de ceux qui ont déjà trop vécu, la solitude des ermites de l’amour, tout est concentré ici pour faire ressortir la beauté de l’ignominie. On se laisse donc bercer par ces fables morbides mais concrètes, qui nous mènent à la seule porte de sortie possible : la mort par passion, ou par absence de raison.
Parfois proche d’un Post-Black apaisé et coulé (« Dialogue Amputé ») qui dégénère vite en massacre des sens, BOVARY provoque en ayant les arguments de sa morgue.
Douleur inaudible
Affront inavoué
Regarde où ta passion t’a emmené
Tout est très laid
La douleur la passion, le vide, et la laideur. Un tableau assez exhaustif de la vie, pour un Black Metal fort et puissant. Une sorte de léthargie dont on ne s’extirpe que si on le veut vraiment (« Bonheur Léthargique », poème acide qui offre un point final à une lettre d’adieu), et un clin d‘œil à la littérature française, et sa chanson la plus romantique (« Mon amie la Rose », avec Sotte au chant).
Ça veut dire quoi se sentir heureux
Si ce n’est ne plus avoir de tourment ?
Pour finalement mourir à petit feu
Laisse-moi brûler intensément
Je ne fournirai pas l’allumette, mais je n’éteindrai pas les flammes.
Titres de l’album:
01. Par Amour du Vide
02. Ana
03. Bénies Soient les Putains
04. Celui ou Celle
05. Dialogue Amputé
06. Sans Moi
07. Bonheur Léthargique
08. Mon Amie la Rose
Je rajoute une couche avec l'album d'Anialator sorti en fin d'année dernière. Je l'ai beaucoup écouté et l'écoute encore avec plaisir.
22/04/2025, 19:35
Plus fan de Massacra que de Loudblast perso, même si je possède les deux premiers albums du groupe.
22/04/2025, 19:34
De mon côté j'ai toujours eu du respect pour le groupe même si ce n'est pas ma génération, je n'étais pas né quand ils se lançaient... Donc ils ne m'ont pas marqué comme ils ont pu le faire avec leurs fans de la prem(...)
22/04/2025, 17:35
Pour moi Loudblast, ce sont des suiveurs avec un bon train de retard sur ce qui se fait à chaque époque et Clearcut fait partie de cela... Bref, je ne suis pas très client de leurs albums, on m'avait chanté les louanges de Burial Ground, je me suis ennuyé..(...)
22/04/2025, 16:04
@RBD : ton dernier paragraphe est plein de vérité. Quant au pseudo DPD je préfère le laisser croire ce qu'il veut. Vu comment il écrit, il a pas dû encore sortir de l'école. J'encourage néanmoins les thr(...)
22/04/2025, 13:35
@Tourista : tu t'es trompé, la news sur les 40 ans de Loublast, c'est plus haut
21/04/2025, 20:53
Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.
21/04/2025, 11:45
Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.
20/04/2025, 14:08
Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir).
20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
19/04/2025, 08:38
Jus de cadavre, je parle pas des captations audio dans un instant précis, je crois d'ailleurs que certaines œuvres sont intemporelles, mais ce qu'il reste de ces gens aujourd'hui, c'est extrêmement différent. Bien entendu qu'il faut écoute(...)
19/04/2025, 05:07