Il est relativement plaisant de temps en temps d’entendre quelque chose de différent. Alerté sur les réseaux sociaux de l’intégration de Betov (ADX) au sein d’un projet éloigné de ses obsessions purement métalliques habituelles, je jetais donc un regard attentif à l’évolution du concept PARAD1GM, sans savoir que j’allais bientôt en recevoir les fruits par voie postale. J’ai donc pu constater de facto que le groupe en question n’avait rien à voir avec le Metal mélodique et épique du gang de notre sympathique bassiste, et qu’il versait plutôt dans une sorte de Proto Electro-Metal aux riffs lourds mais aux rythmiques élastiques. Formé en 2015 sous l'impulsion de trois anciens membres de SPIRITED, AlukardX (guitare), Julien (batterie) et Farès (chant), PARAD1GM se présente aujourd’hui sous la forme d’un quintet, puisqu’en sus de Betov à la basse nous retrouvons Matthieu Marchand aux synthés et à la programmation, ce qui permet enfin aux musiciens de présenter leur premier longue-durée, qui ma foi a fière allure sous cette pochette imaginée par Fabien Jacques. Eponyme, comme pour bien asseoir une identité qui ne va pas tarder à s’affirmer, Parad1gm est de ces disques étranges, qu’on sent clairement sous influence multiple, mais qui parvient à tirer son épingle du jeu de ses ambitions et de ses envies d’ailleurs. Si évidemment, l’ambiance générale se veut légèrement sci-fi pour coller au thème choisi, le tout n’est pas sans une âpreté si chère au Metal électronique des années 90, qui combinait alors la souplesse de rythmiques distendues, à des guitares agressives, mais suffisamment traitées pour ne pas rebuter un public réfractaire aux sonorités trop viriles. En résulte un joli mélange, bien équilibré, qui se repaît d’Ambient, de Heavy classique détourné, mais aussi de Progressif, pour un trip aux confins d’une galaxie très personnelle.
Ce qui n’a pas échappé à Season of Mist qui assure la distribution de ce premier long. Enregistré et mixé par Alexandre Beucler et masterisé par Brett Caldas-Lima, Parad1gm est un OVNI qui traverse la production actuelle avec une indéniable grandiloquence, assumant ses atouts comme autant de différences sur la concurrence. Si l’on pense parfois à une version plus épurée et modeste des travaux les moins abscons de Devin Townsend, on pense aussi à la vague des CROSSBREED, à SENSER, en version moins rap, mais aussi à cette génération de groupes progressifs qui commençaient à concevoir le genre comme autre chose qu’un simple écrin à des égos démesurés. Ici, c’est bien la cohésion globale qui prime, et entre des samples intelligemment agencés, des couleurs travaillées, et des morceaux qui osent se distancier les uns des autres, le résultat est probant, même si pas forcément totalement maitrisé. On sent que le groupe a encore du boulot pour peaufiner les détails, mais des morceaux de la trempe d’un « Black Feather » prouvent qu’ils ont la carrure pour faire partie des valeurs sûres. Une puissance dramatique et presque lyrique qui donne à cet album la patine d’un conte post-ap avec espoir livré clefs en main, puisqu’au-delà de ce glaçage sombre, on sent la lumière pointer dans les interstices, notamment par l’entremise de fenêtres ouvertes sur des mélodies un peu nostalgiques, mais clairement positives. Dès lors, on pourrait presque parler d’un Electro-Metal progressif, si l’on ne sentait pas en filigrane ce background purement Metal qui nous laisse à penser que tout ça n’est pas grand-chose d’autre qu’un gros Heavy évolutif déguisé en musique électronique par l’adjonction de quelques effets de manche. Ceci dit sans aucune condescendance.
Mais la sensation est loin d’être désagréable, d’autant que les musiciens impliqués se sont donné à fond pour que ça fonctionne à plusieurs niveaux. Et si les deux premiers morceaux, parmi les plus longs, inquiètent de leur similitude d’agencement, « Qalbik » nous rassure rapidement, en choisissant de s’éloigner de ce schéma trop bien établi. Plaçant alors les sonorités les plus synthétiques au premier plan, et imposant un texte écrit en arabe, ce titre est le premier à vraiment marquer les mémoires, sombre comme une nuit sans les mille autres, mais dansant comme une centaine de Tombak frappés à l’unisson. Et ces trois minutes et quelques permettent aux PARAD1GM de s’imposer dans le paysage actuel, sans singer les groupes typés orientaux comme MYRATH, grâce à des claviers qui n’hésitent pas à bousculer les guitares sans bouffer leur espace. Farès se révèle sous un jour très flatteur, laissant son timbre grave et rauque s’envoler au-dessus de l’instrumental sans lâcher son emprise, et l’orient de nous enflammer de sa culture sans renier les fondements européens Electro-Metal les plus évidents. Véritable hit de l’impossible, ce morceau n’est pas le seul à se montrer compétitif dans le lot, bien au contraire, ce que démontre avec emphase le très lourd et compact « Buried », au riff presque Néo-Thrash, mais au background pur comme de la Pop détournée de ses obsessions les plus triviales. C’est dans ces instants plus modulés que le groupe se montre sous son jour le plus flatteur, lorsqu’il accepte de tamiser la violence sous un abat-jour d’harmonies acides, et qu’il démontre sa plus grande cohésion globale. Chacun connaît son boulot, et c’est avec plaisir que l’on constate que Betov s’est admirablement bien intégré à son nouveau projet, osant même une basse slappée sur le processionnel et déjà abordé « Black Feather ».
En tablant sur des progressions assez fascinantes de redondance, le groupe a pris des risques, mais ils s’avèrent presque tous payants. Ainsi, « Haunted » s’obstine pendant presque huit minutes à mériter son titre spectral, et nous envoute de ses itérations, préférant une fausse linéarité à une surabondance d’idées qui aurait pu mener à l’impasse. Sans en faire trop, mais en amenant les éléments petit à petit, PARAD1GM fait preuve d’une grande intelligence de composition, et pratique l’art du mantra, répété à l’envi pour atteindre un niveau de perception supérieur, et ainsi nous mener à un état contemplatif que la basse souple de Betov souligne de ses circonvolutions (« Haven », presque Pop sur les couplets, et encore plus sur le refrain, malgré une énorme guitare). Mais on pourrait dire bien des choses en analysant en profondeur ce premier album d’une très grande maturité, puisque les astuces fines et souvent discrètes permettent une lecture à plusieurs niveaux. Ainsi, impossible d’étiqueter les français avec un label trop catégorique, et de les cantonner à un Metal électronique trop restrictif. Il est même parfois pertinent de se dire que l’ensemble porte un costume Post-Grunge taillé sur mesure, spécialement lorsque les harmonies riches louchent vers des nineties qui décidément ne veulent pas se laisser enterrer (« Burden », qui semble toucher du doigt la frontière séparant de l’hyper-espace de sa guitare à la Satriani). De fil en aiguille, et sous une épaisse couche de cohérence, Parad1gm défie donc les fausses certitudes acquises après une première écoute un peu trop confiante, et déroule un tapis de compositions plus complexes qu’il n’y parait. Bien sûr, tout n’est pas encore parfait, certaines tentatives un peu gauches, mais l’ensemble est de grande qualité, et largement assez intrigant pour se faire une place dans les playlists les plus pointues. Un disque à réserver aux amoureux d’une musique plurielle, et non aux simples amateurs de Metal, et un succès artistique mérité.
Titres de l'album :
1.Scars of Life
2.Reason
3.Qalbik
4.Buried
5.From the Other Side
6.Black Feather
7.Host
8.Haunted
9.Haven
10.Burden
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20