Erik Martensson, c’est un peu l’Alessandro Del Vecchio suédois, le musicien prolifique qui ne peut se contenter d’un seul cadre pour s’exprimer. Pas étonnant de retrouver les deux musiciens au service de la même écurie italienne, et pas surprenant de constater non plus qu’ils ont chacun un CV à rendre dingue un DRH. Je ne dresserai pas ici le parcours de l’italien, que tout le monde connaît bien, mais pas question non plus de me lancer dans la bio d’Eric, autrement qu’en mentionnant ses projets phare. Outre ECLIPSE, qu’il mène d’une main de compositeur ferme depuis la fin des années 90, on retrouve aussi son nom célèbre au casting d’autres concepts tels que NORDIC UNION ou W.E.T, deux autres entités qui règnent sur le Metal mélodique depuis des années. Mais malgré cette dispersion qui n’émousse en rien son talent, c’est bien ECLIPSE qui reste son fils préféré, celui qu’il élève depuis vingt ans avec un amour et une attention particuliers. Sept albums studio en deux décades, le ratio n’est quand même pas très élevé, mais outre sa productivité externe, le faible quota a une autre explication. Erik réserve en effet ses compositions les plus peaufinées pour des albums paraissant tous les deux ou trois ans, et faisant le bonheur des amateurs de Hard Rock mélodique à tendance FM. Et deux ans après le miraculeux Monumentum, qui méritait son titre à plus d’un égard, c’est Paradigm qui prend la suite et qui se montre d’un même niveau de qualité. Un paradigme donc, au sein duquel par définition et interprétation, « les idées ne se séparent jamais de l'exemple qui les suggère ». L’exemple étant donc ce septième album du combo, les idées qu’il défend sont toujours les mêmes. Proposer le meilleur Hard-Rock mélodique de la création, composé à la suédoise mais interprété avec une énergie toute européenne, avec des inflexions américaines indéniables, et une ambiance générale propice à la nostalgie des eighties. Et Paradigm est donc bien le parangon de cette théorie, avec ses mélodies imparables et son énergie de tous les diables n’éclipsant pas le romantisme ambiant.
Le line-up (Erik Martensson - chant/guitare/clavier, Magnus Henricksson - guitare, Magnus Ulfstedt - basse, et Robban Back - batterie) s’est donc une fois de plus plié aux idées de son leader, qui a appris pas mal de nouvelles astuces avec les années et ses incartades dans W.E.T et NORDIC UNION. A savoir mélanger la brillance d’un Glam light à l’efficience d’un Metal mélodique traditionnel, pour pouvoir accoucher d’hymnes intemporels et irrésistibles. En se plaçant dans la directe lignée de son prédécesseur, Paradigm prolonge donc le travail entrepris sur Monumentum, gardant le cap sur le même niveau de qualité pour ne léser personne. Et si depuis l’enregistrement de l’album, Magnus Ulfstedt a rejoint l’ombre en quittant ses anciens camarades, l’histoire continue, et la légende aussi, écrite à grands coups de riffs tranchants et de lignes vocales puissantes. Produit par Erik Martensson himself qui fait tout le travail aussi bien que quiconque (encore un parallèle avec Del Vecchio), ce septième effort studio des suédois met encore une fois en valeur deux facteurs. Le premier, la qualité des compositions d’Erik, le second, le talent guitaristique de Magnus, toujours prompt à durcir les idées les plus fluides pour leur conférer une aura plus métallique. C’est ce qu’on sent sur les morceaux les plus hargneux et durs, à l’image de « .38 Or .44 », l’un des plus salés du répertoire du groupe. Rythmique à l’abattage conséquent, atmosphère à la HAREM SCAREM de Mood Swing, pour une ruade que le DOKKEN historique n’aurait pas reniée. Mais ECLIPSE, avant de rugir, miaule d’abord de plaisir, celui ressenti par les fans se délectant d’une entame comme « Viva La Victoria ». Le type même de morceau à la fausse intro acoustique qui nous mène sur un Hard trépidant comme seuls les suédois et les italiens savent encore le faire. Un tube dont W.E.T aurait pu se satisfaire le sourire aux lèvres, et qui achève de transformer ECLIPSE en point de convergence de tous les projets de son leader. On y sent du Glam des 80’s, du Metal moderne du nouveau siècle, l’influence conjointe de l’Amérique et de l’Europe du nord, mais surtout la volonté d’approcher la perfection harmonique d’encore un peu plus près, sans faire de concessions inutiles et sirupeuses.
Sirupeux, le mot n’a d’ailleurs pas lieu d’être sur un album d’ECLIPSE, malgré quelques incartades sur le terrain de la ballade lacrymale. Mais même lorsqu’Erik laisse son petit cœur s’exprimer, la naïveté et la mièvrerie n’ont pas droit de cité, l’émotion se voulant aussi brute qu’un musicien viril subissant le contrecoup de la solitude nocturne. Alors, « Shelter Me », aux dégoulinades de chant certes un peu emprunté, mais aux harmonies superbes, et « Take Me Home », en final révérence à DARE et ces groupes aux emprunts légèrement irlandais sur les bords, mais Folk avant tout. Il semblerait donc que les thèmes de l’abri, de la protection, du retour à la maison soit les plus susceptibles de générer l’émotion chez les suédois, qui n’hésitent pas à célébrer les sentiments les plus purs et sincères pour s’éloigner d’un Hard Rock un peu trop tendu. Mais deux ballades (dont une demie, au regard de sa puissance lyrique) pour onze morceaux, le fan n’est donc pas abusé et trop titillé sur sa corde sensible, puisque le reste du répertoire bande les muscles tout en caressant la radio de l’autre main pour ne pas perdre la sienne. C’est ainsi qu’entre un hommage bien senti (« Mary Leigh », militante politique et suffragette britannique, qui lutta pour les droits des femmes au début du vingtième siècle, et qui se retrouve honorée d’un morceau de pur Hard à tendance Heavy), des allusions au parcours multiple et complexe de Martensson (« Blood Wants Blood » qui parvient à synthétiser tous ses projets en un timing de hit-single), des évidences mélodiques qui en appellent à la tradition (« When The Winter Ends » qui semble exhumé de bandes oubliées de Monumentum), Paradigm raconte une aventure simple mais riche, qu’on prend plaisir à suivre puisque son prologue a déjà été écrit il y a quelques décennies.
Sans changer d’un iota la formule magique trouvée il y a bien longtemps, ce septime effort studio conserve les mêmes objectifs, et taquine le même degré de qualité. Les plus chafouins et exigeants regretteront que le groupe n’ait pas pris plus de risques en signant une suite un peu trop logique, mais pourquoi dévier lorsque la ligne droite mène au paradis ?
Titres de l’album :
01. Viva La Victoria
02. Mary Leigh
03. Blood Wants Blood
04. Shelter Me
05. United
06. Delirious
07. When The Winter Ends
08. .38 Or .44
09. Never Gonna Be Like You
10. The Masquerade
11. Take Me Home
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