Ce qu’il y a de fascinant dans le job bénévole de critique musical, c’est la découverte. De nouveaux groupes évidemment, puisque là est le but principal, mais aussi d’entités à la réputation confirmée, qui affichent une carrière conséquente, et parfois longue de…plus de trente ans.
Non, nul n’est omniscient, et surtout pas moi, malgré la pléthore de combos dont je peux m’enorgueillir de la connaissance. Alors certes, parfois je tombe sur des groupes dont la création ne remonte pas à avant-hier ni à l’année dernière, mais bien à 1979, l’année de mes huit ans.
Tout ça peut sembler surréaliste, mais aujourd’hui, j’ai donc déniché un groupe espagnol fondé à la fin des années 70, et qui peut se targuer d’une discographie conséquente composée de la bagatelle de dix-neuf albums studio, de trois live, quatre compilations, et une grosse poignée de documentaires vidéo.
1979-2016, c’est donc la nouvelle étape d’un parcours au long cours que j’aborde en cet après-midi, en vous parlant de Paraiso Prohibido des andalous de MEDINA AZAHARA. Paraiso est donc leur dix-neuvième effort, et à l’écoute des chansons qui le composent, gageons que le groupe n’en a pas fait beaucoup pour laisser parler ses nombreuses qualités naturelles et individuelles. Et la question se pose alors. Comment ai-je pu manquer un tel pan de l’histoire de la musique espagnole ?
Je n’ai aucune réponse à vous prodiguer, mais plutôt un splendide album de Hard-Rock racé et mélodique à vous recommander. Chaudement, comme la voix de son chanteur Manuel Martínez…
Je l’avoue, et sans vouloir jouer les enfants de chœur, c’est la splendide pochette ornée d’un ange ailé et subtilement dénudé qui a attiré mon attention. Ça, et la mention « Rock progressif » qui m’ont poussé à écouter ce disque, et je ne le regrette vraiment pas. Certes, les pistes de Paraiso Prohibido ne sont pas vraiment les dignes héritières de GENESIS, YES ou KING CRIMSON, mais plutôt celles d’un Hard-Rock de haute volée, dans la grande tradition espagnole, avec cette empreinte anglaise/européenne délicieuse qui rappelle parfois les vieux albums de MAGNUM, mais aussi SHY et même parfois nos NIGHTMARE nationaux.
Sans connaître les œuvres antérieures des andalous, je ne saurais établir d’étude comparative comme celle à laquelle se sont livrés quelques sites spécialisés, affirmant que le quintette tenait là son magnum opus. C’est une possibilité, puisque les quatorze morceaux de ce LP sont tous d’une qualité égale et phénoménale dans le style, à tel point qu’il est très difficile d’imaginer que ces surprenants musiciens ont commencé leur carrière il y a plus de trente-sept ans.
On croirait l’affaire concoctée par de jeunes loups aux dents longues, mais gageons que celles de Manuel Martinez, Paco Ventura, Manuel Ibanez, Juanjo Cobacho et Nacho Santiago le sont toujours, pour montrer de tels signes de faim de mélodies et de rythmiques puissantes et amples. Bien évidemment, le line-up a changé depuis les débuts du combo, et ce premier album éponyme édité par CBS. Les MEDINA AZAHARA jouaient à l’époque un Rock dur, dans la plus grande tradition des DEEP PURPLE et RAINBOW, et si les années ont passé, comme l’eau a coulé sous les ponts, l’orientation n’a pas vraiment changé, et leurs influences les conduisent toujours à jouer ces grandes envolées lyriques qui effectivement rappellent les caprices de Blackmore sous son arc-en-ciel, mais aussi les aventures les moins convenues de Ronnie James Dio en solo.
Désireux de proposer l’éventail le plus large d’ambiances, le quintette n’hésite pas à multiplier les climats, passant au gré des interventions d’un Heavy Metal précieux et torride, mais abordé d’un point de vue contemporain et subtilement progressif (« Ven Junto a Mi » et ses arrangements électroniques discrets tâtant du Néo Metal progressif, gorgés de sonorités orientales), à un Hard Rock costaud qu’ils maîtrisent avec brio (« Vive La Vida Cantando », up tempo qui démange les chevilles et s’articule autour d’une rythmique que Jami Jamison aurait sans doute adorée).
Beaucoup d’exemples de ce type sur Paraiso Prohibido, qui en une heure fait le tour de la boucle et réunit dans un même élan le Hard Rock d’antan et le Heavy Metal de maintenant.
Que les espagnols se plaisent à singer le meilleur AOR des années 80 dilué d’influences classiques qui crèvent les oreilles (« Recordando Esa Noche », qui ressemble à s’y méprendre à du JOURNEY qui aurait beaucoup écouté Verdi), ou qu’ils se lâchent les glandes lacrymales sur des ballades subjuguantes de beauté (« Busca Tu Fe », qui pourtant ne lâche jamais la puissance de son étreinte mélodique, « El Cielo a Tu Pies », joli crescendo nappé de cordes synthétiques), sans oublier de se plonger dans leurs racines culturelles (« Y Asi Nacio El Amor », sorte de MYRATH avant l’heure, et déclaration d’amour aux sonorités andalouses), ils sont à l’aise dans tous les domaines et survolent leurs sujets avec une facilité et une sincérité déconcertantes.
A vrai dire, ce dix-neuvième album studio ressemble à s’y méprendre à un best-of déguisé tant tous les morceaux recèlent de trouvailles harmoniques fabuleuses et de thématiques rythmiques accrocheuses. Si la voix de Manuel Martinez, veloutée et diablement décoiffante est évidemment le point d’accroche principal (il semblerait qu’il soit le seul survivant de la formation d’origine, inutile de se demander pourquoi), la doublette Nacho Santiago et Juanjo Cobacho à la basse et batterie fait des merveilles pour propulser les guitares de Paco Ventura, tandis que Manuel Ibanez (non, il n’est pas guitariste…) caresse ses ivoires et fracasse ses ébènes pour donner du volume à ses claviers, qui tiennent autant de la folie classique de Jon Lord que des dérives spatiales de Kevin Moore.
Alors, ça déroule, pensant une heure. De la simplicité apparente d’un classique Hard-Rock comme « Ponte en Pie », à la fusion musique traditionnelle/Heavy Metal de « Ella Es », qui permet à Nacho Santiago de boucler quelques jolies arabesques de graves sur fond d’arrangements andalous/arabes, pas de temps mort et surtout, pas de baisse d’inspiration. Sans connaître les travaux précédents de MEDINA AZAHARA (ce que je regrette, et c’est une erreur que je vais vite corriger…), je comprends mieux pourquoi les webzines ont qualifié Paraiso Prohibido de « meilleur album » du groupe…Car de l’intro évanescente « La Llave del Paraiso » et ses percussions tribales, à la conclusion « Sonrie », qui unit dans un même déluge de feu le Hard-Rock incendiaire de Los Angeles (évidemment…) au Heavy Metal espagnol des BAJON ROJO, tout respire autant le professionnalisme que la jeunesse de ton et la rage de jouer une musique sincère et inspirée.
Pas un morceau de trop, quelques incursions en territoire progressif à la VANDEN PLAS/PAIN OF SALVATION (« El Dolor de Mi Alma », double grosse caisse incluse), pour un résultat époustouflant de classe et de lucidité.
Quelle belle carrière donc que celle des andalous de MEDINA AZAHARA qui prouvent qu’en 2016 ils sont toujours autant en phase avec leur époque et leurs racines, et malgré son titre, Paraiso Prohibido, n’a rien d’un paradis interdit, mais bien d’un jardin d’Eden Hard & Heavy, au milieu duquel s’écoulent des fontaines de mélodies et brûlent des feux ardents. Et si la demoiselle angélique de la pochette est chargée de nous y accueillir, je veux bien y partir de suite.
Titres de l'album:
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