Difficile pour un artiste émergeant de la fin des 60’s de garder le cap cinquante ans plus tard, ou presque…Quelle solution ? Rester soi-même, tenter d’être à la hauteur de sa propre légende, occulter tout ça et se faire plaisir, ou sombrer dans les affres de l’auto-parodie ? Le chemin est parfois difficile à suivre, et je pense que la meilleure option est celle choisie par Alice COOPER himself. Assumer le passé, mais s’en moquer, et continuer de faire ce qui lui fait plaisir, et ce qu’il sait faire de mieux…du Alice COOPER en somme. Certes, son dernier effort en date (2009 quand même…) Welcome 2 My Nightmare n’était pas des plus folichons, et certainement pas au même niveau de ses albums les plus fameux, encore moins du premier volet auquel il faisait référence de son titre et concept.
Concept ?
Le mot est lâché, et pas si incongru que ça. Puisque COOPER lui-même s’est toujours vendu comme tel, chantre d’un Shock-Rock de première bourre et maître d’un Hard-Rock pluriforme et horrifique qu’il a quasiment inventé, si l’on ne considère pas les méfaits d’Arthur Brown. Alors pourquoi ne pas revenir aux bases, celles des 70’s qui lui ont tant réussi, en commençant par retrouver son vieux pote/lieutenant de console Bob Ezrin, celui-là même qui contribua à l’élaboration de ce son aussi sensuel que vénéneux ? C’est certainement ce que Vincent a dû se dire, mais pas seulement…Parce que sur Paranormal, les clins d’œil aux années révolues sont nombreux, très nombreux, à commencer par la musique bien sûr, mais aussi par une liste de guests qui se transforme en who’s who de l’impossible, même pour un album du Coop’.
Qui aurait pu croire un jour tomber sur la frappe légère mais éprouvée de Larry Mullen Junior sur un album d’Alice ? Certainement pas moi, mais j’en serais le dernier à m’en plaindre. L’approche délibérément anti Heavy Metal du métronome de U2 était justement ce qu’il fallait à un projet pareil, surtout pour alléger les coups de médiator de Tommy Henriksen et Tommy Denander qui griffent de tous les côtés, sans parvenir à ressusciter les morsures de Wagner et Hunter. Larry n’est pas le seul invité de la cérémonie en Rock majeur, puisqu’on trouve aux côtés du leader mascaré Roger Glover, du PURPLE rajeuni, Billy Gibbons toujours aussi boogie de son TOP, et Steve Hunter himself, venu gratter un peu sur trois segments bien enlevés. Mais je préfère garder pour la fin la plus grosse surprise du disque, qui fera certainement plaisir à tous les fans les plus âgés…Et les autres.
Car réduire Paranormal à une suite de featurings de luxe serait d’une injustice crasse envers Cooper et Ezrin, qui se sont véritablement déchirés pour faire retrouver au théâtre du morbide sa gloire passée. Oubliées les approximations du dernier poussif studio, et bonjour la liberté de ton, celle des 70’s, qui avait permis à Alice de sortir des pamphlets définitifs comme School’s Out, Welcome To My Nightmare et autre Killer. Certes, j’en conviens, la cuvée 2017 n’a pas l’inventivité et l’audace de ses aînés, mais retrouver Alice dans une telle forme et dans la peau d’un crooner en pleine crise de personnalité fait vraiment plaisir à entendre. Tellement qu’on serait prêt à lui passer la camisole pour le garder entre nos murs.
La double intelligence du tandem est d’avoir d’une part profité de personnages illustrant les morceaux à identités multiples, leur autorisant toutes les excentricités musicales possibles amenant une diversité incroyable au projet. Nous avons donc droit à un passage en revue genre music-hall de l’absurde de toute les facettes d’un Rock décomplexé, ce qui garantit à Paranormal une incroyable variété de ton qui n’engendre guère la lassitude, mais qui ne nuit pas non plus à la cohésion du soi-disant « concept », qui n’en est pas vraiment un. D’autre part, en restant dans le champ de la concision, avec un timing ne dépassant pas les sacro-saintes quarante minutes chrono, l’attention reste optimale du début à la fin, ce qui permet de s’accrocher à une locomotive musicale tirant son lot de wagons tournant à plein régime.
Bien joué, et surtout…Bien…joué. Car l’interprétation est à la hauteur des intentions, puisque COOPER n’a pas aussi bien chanté depuis très longtemps. On retrouve dans son timbre toutes les facettes d’un vocaliste/acteur-chanteur inégalable et inégalé, de l’introductif et progressif « Paranormal » (avec Roger Glover), à « Rats » qui se la joue Rockabilly de l’enfer et ridiculise au passage tous les groupes revival du créneau.
Le maître est toujours le maître, quoiqu’on en dise…
Alors, ça défile. Simple Hard-Rock, Glam d’antan, légères teintes bluesy, évolutions mesurées, décadence adorée, pour un parcours sans faux pas qui revisite à sa façon un répertoire global qui remonte à cinq décades. On sent au gré des pistes le vent tourner et nous abreuver d’effluves de Dada, de Welcome To My Nightmare, mais aussi de Trash, et de tout ce qui a fait de COOPER ce qu’il est et aura toujours été. Ça fonctionne parce que c’est d’un niveau extraordinaire, créativement parlant, mais aussi à cause de l’enthousiasme injecté dans les arrangements, l’interprétation, et les collaborations. Celle de barbu Gibbons sur « Fallen In Love » est évidemment grasse et Blues, pour un ternaire tapant du talon dans un vieux salon, mais ne paraît pas hors contexte puisque Cooper se glisse dans la peau du héros avec une aisance déconcertante.
« Fireball » de son titre pourrait suggérer des tonalités pourpres, mais préfère se focaliser sur un Rock légèrement psychédélique auquel Alice a largement goûté, tandis que « Dynamite Road » tressaute de son cheval pour bondir tel un Hard-Rock de bandit de grand chemin. Il est évident que le plaisir que COOPER a retrouvé se ressent dans chaque accent, dans chaque mot dansant, et il nous le restitue souvent au centuple, se parant d’un haut de forme de luxe pour nous entraîner dans les dédales d’un Broadway tombé dans le piège d’un Roger Rabbit lubrique sur « Holy Water », qui fustige au passage quelques institutions…Les textes parlent d’eux-mêmes, et jouent avec la passion des initiés, entre les « I was a Billion Dollar Baby in a diamond dress” et les « She’s like a dirty cup of poison that I can’t refuse » qui ne font pas grand cas des références qui les amusent, mais la cerise sur le gâteau est sans conteste la réunion improbable des anciens héros, puisqu’on retrouve sur deux morceaux trois camarades du passé, Michael Bruce, Dennis Dunaway et Steve Hunter, venus soutenir leur ancien entremetteur.
Ainsi, sur le second CD se planquent « Genuine American Girl » et « You And All Of Your Friends » qui sentent la nostalgie à plein nez, et qui pourtant, se sentent à l’aise dans le présent. Ne le cachons pas, outre la plus-value des guests connus, ces deux morceaux font en sus partie du haut du panier, de leurs refrains aptes à fédérer et de l’exubérance juvénile qui semble en dégouliner.
Difficile pour un artiste émergeant de la fin des 60’s d’être toujours d’actualité ? Visiblement non, en tout cas pas dans le cas d’Alice COOPER qui se permet à soixante-neuf balais de sonner plus jeune qu’un groupe à peine formé. Et si là était le véritable côté Paranormal de la chose ? Qu’un mec supposément usé par les années défie le temps pour sonner toujours plus frais ?
Je vous laisse répondre à cette question, en dévorant le dernier album d’un de nos plus fidèles compagnons. Ah, l’amitié, et la fidélité. Finalement, ce sont des valeurs toujours d’actualité.
(PS: Le second CD livre aussi son lot de classiques version live à Colombus en 2016. Inutile d'écrire dessus, mais vous pouvez quand même écouter, vous avez payé. Enfin, j'espère.)
Titres de l'album:
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