Quand les extrêmes se rencontrent, la déflagration est immense. Mais. Il n’empêche qu’aussi puissant soit le souffle, il est à même de s’éteindre aussi vite qu’il ne s’est allumé.
Prenons le cas du Grind qui montra des signes d’essoufflement quelques années après son embrasement. Même chose pour le Deathcore. Des styles condamnés à tourner en rond à peine nés, du fait du manque de perspectives qu’ils offraient. Le cycle de la vie et de l’inspiration, et c’est ainsi, mal, ou bon. Il en va de même pour toutes les formes de Hardcore sombre, que l’on parle de Darkcore, de Blackened Core, de Blackened Crust, ou de Dark D-beat, puisque la combinaison de thématiques Core et de traitement BM (en surface il va sans dire) ne permet pas d’aller très loin, pas plus en tout cas qu’un mur du son ténébreux ne laissant jamais filtrer la lumière.
Pourtant, certains groupe du cru se jouent des règles et prédictions funestes, et font tourner la machine avec de nouvelles pelletées de charbon, permettant à leur créneau respectif de progresser et de produire toujours plus de matière, sans pour autant que les changements et évolutions soient perceptibles à l’oreille nue.
Et gageons que les Américains de HIVE font partie de cette catégorie, ce que leur premier longue durée prouve sans équivoque, mais avec une indéniable emphase sur la lourdeur, l’oppression, la puissance et la violence.
L’histoire de HIVE commence en 2014, à Minneapolis, sous l’impulsion de Mike Paradise et Morgan Carpenter. Les deux hommes étaient désireux d’amalgamer leurs influences d’origine (le fameux Crust local et le Dark Hardcore du Nord-Ouest du Pacifique) à celles du D-beat scandinave, pour obtenir le son le plus compact et dru que l’on puisse proposer sans pour autant tomber dans le chaos.
En résultat un premier EP éponyme, six-titres pas si nihiliste qu’il n’en avait l’air, et qui semblait siffler le signal du départ d’une curée assez effrayante en soi.
Après quelques participations à des compilations (un sampler proposé en digital par Razorcake Magazine, et un tribute au Fresh Fruit For Rotten Vegetables des DEAD KENNEDYS), le gang du Minnesota s’est enfin lancé dans le grand bain du premier LP complet, disponible depuis le 21 avril sous le nom Ô combien prophétique de Parasitic Twin.
Enregistré entre le printemps et l’été 2016 par Mike Duffy aux studios Room 44, mixé par Matthew Kirkwold aux Rumble Studios, masterisé par Jack Control aux Enormous Door Mastering, Parasitic Twin pourrait bien symboliser le parangon d’un Darkcore qui ne rechigne pas à infuser quelques mélodies anémiées à un Crust démultiplié, et incarner de fait l’acmé d’une inspiration pourtant très balisée, que l’on pensait exsangue, mais qui finalement pérennise l’héritage de la scène locale, en saluant au passage les héros d’antan, HÜSKER DÜ et autres REPLACEMENTS, mais aussi les labels mythiques Extreme Noise Records et Amphetamine Reptile. Mais écoutez donc les dix pistes de ce premier effort pour vous en convaincre. Cela dit, et je préfère vous prévenir, votre conception du Crust et du Darkcore risquent d’en ressortir transfigurée et changée à jamais…
Sur une trame simple d’opposition entre rythmique en coups de reins, et longs passages atmosphériques presque Doom et emprunts au vocabulaire de NEUROSIS et CULT OF LUNA, les HIVE tricotent pendant presque une heure un chandail aux mailles épaisses qui vous tient chaud et vous serre au corps. S’adressant de fait aux fans des HIS HERO IS GONE, TRAGEDY et autres CURSED, les originaires de Minneapolis font dans le détail tout en vous percutant de plein fouet, dualité comportementale qui enrichit considérablement leur musique, pourtant très sombre et compacte à la base.
Un simple coup d’œil au timing du tracklisting vous permettra de comprendre qu’ils ne font pas partie du tout-venant, et qu’ils aiment développer leur Hardcore au-delà de toute raison, puisque certaines interventions dépassent les huit minutes sans tomber dans un concours stérile de dissonances et autres itérations stériles. A ce titre, l’envoutant et progressif « Foot Binding », placé très intelligemment après trois coups de massue presque fatals, est un modèle de construction en gigogne grimpante, laissant des arpèges maladifs planter le décor, avant de le ruiner d’un riff lancinant avançant patiemment.
Et après un break central à la quiétude inquiétante, le Dark Crust reprend ses droits pour une boutée hors des territoires expérimentaux, à la recherche de la violence la plus crue et la plus sourde.
Il est évident que le background du groupe joue un rôle prépondérant dans l’élaboration de cette musique à l’atmosphère écrasante (on retrouve dans le passé des membres des participations à DISEMBODIED, 108, THREADBARE, ENDEAVOR, HARVEST, XAPHAN, BOSNIA, BLACK SLEEP OF KALI, MALACHI ou WOLFBITE), mais ce sont bien leurs expériences individuelles et leur admiration pour la scène locale qui leur ont permis d’arriver si loin, et de briser toutes ces barrières sans tomber dans l’hommage/admiration aveugle. Il suffit pour cela de constater la révérence qu’ils affichent pour le passé musical glorieux de leur ville pour comprendre que les HIVE ne sont rien de moins que le prolongement logique de l’aventure Extreme Noise Records…
Alors, le concept même de « jumeau parasite » se retrouve tout au long de ce longue durée aux couloirs aussi sinueux que son inspiration n’est claire. Le morceau éponyme en est d’ailleurs une illustration parfaite, et anime de ses samples soulignés de guitares en son clair le comportement interne d’un embryon pas vraiment décidé à laisser sa place à son jumeau viable, et qui semble le ronger de l’intérieur.
Et même si des saillies instantanées comme l’entame « Low Hanging Fruit of War » (premier morceau composé) ou son suiveur « Collared Slave », encore plus rapide, s’amusent beaucoup à juxtaposer l’oppression du Hardcore de Minneapolis, le Death sourd des ENTOMBED et le D-beat croustillant de la même scène Suédoise, d’autres comme « Common Ancestor » plongent dans un Ambient malsain et grondant, en développant une mise en place minutieuse et opaque, avant de sombrer dans le pathos d’un Post Hardcore maladif éructé de cris désespérés.
« Heaven’s Gutter », en fouillant les caniveaux du paradis, en extrait un mid tempo très efficace, qui fait d’ailleurs penser à la scène NOLA, en accentuant les aspects les plus craspecs d’un riff emphatique débordant de morgue. Sludge ? Pas encore, mais c’est ce qui s’en approche le plus…
Le morceau lâché en éclaireur histoire de nous avertir des ténèbres à venir, « Acephalite », aurait pu se retrouver sur le Clandestine d’ENTOMBED ou le Like An Ever Flowing Stream de DISMEMBER, si les membres de CURSED avaient joué dessus, impression confirmée par son suiveur « Intruder », alors que le surprenant « N.I.N.A. » joue d’un groove entraînant et évoque une version Darkcore d’un MOTORHEAD plus sombre, mais tout aussi joueur que d’habitude.
Mais je pense que tous ces exemples vous auront fait saisir les fondamentaux de Parasitic Twin. Respecter les codes tout en les brisant, avançant tout en regardant en arrière, et incarner une tradition et un futur à la fois. Et si Emma Grey, bassiste transgenre a vu en ce titre une évocation de sa transformation, il est évident que l’image n’est pas gratuite d’un point de vue musical.
Car en effet, ce premier album des HIVE va au-delà des genres, et les transcende. Il intègre les codes autant qu’il les transgresse. Et là est l’avenir de cette caste restreinte de groupes de Darkcore presque condamnés d’office à se répéter. Allez plus loin que leurs limites trop restrictives.
Limites que les HIVE piétinent de leur haine viscérale des conventions autant que de leur respect des traditions.
Titres de l'album:
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