Part of a Sick World

Surgical Strike

24/01/2020

Metalville

Ne vous laissez pas avoir par la bio du groupe disponible sur certains sites spécialisés. Si dans les faits, SURGICAL STRIKE est bien né dans les années 90, de cette époque ne subsistent que deux démos au rayonnement très limité, et un seul membre originel aujourd’hui. En effet, seul Jens Albert est encore fidèle à son poste, les autres musiciens ne l’ayant rejoint qu’après le comeback de 2014. Autant donc envisager le groupe pour ce qu’il est, soit un nouveau venu sur la scène Thrash européenne, même si ses racines datent de plus de vingt ans. SURGICAL STRIKE fait donc partie de ces groupes arrivés sur le tard pour surfer sur une vague Thrash déjà écrasée sur la grève depuis trop longtemps, et n’ayant eu que celui de graver quelques chansons avant de disparaître corps et âme. Pour la plupart de ces OS tombés dans l’oubli avant que leur nom ne puisse être mémorisé, la mort était inévitable, et même préférable tant ils n’avaient rien à offrir de leur vivant. Le cas de ces allemands est donc plus ou moins différent, puisque si leurs démos ne méritent pas forcément une attention à posteriori, ce premier véritable album est une véritable tuerie qui confirme leur leitmotiv de base : transposer le Thrash US dans un vocable germain, soit traduire la quintessence de la finesse technique dans un langage brut et sans détour. A quoi s’attendre donc de la part d’un quintet qui n’a aucunement l’intention de jouer l’originalité ? A du Thrash classique, joué avec les tripes, doté d’une intelligence de composition certaine, et surtout, d’une efficacité combinant le meilleur des deux mondes. Certes, Part of a Sick World n’est pas le premier témoignage de la bande depuis sa résurrection. Nous avions d’abord eu droit à un EP de mise en jambes, V-II-XII publié il y a quatre ans. L’intérêt éveillé, les fans auraient pu craindre un nouveau hiatus, mais heureusement, ces onze nouveaux morceaux rompent avec la sale habitude du groupe de disparaître sans prévenir. Et comme retour tonitruant, ce premier longue-durée se pose là.

On ne va pas se la jouer mystérieux, Part of a Sick World, dans les faits, n’est rien de moins qu’un excellent opus qui ressemble à s’y méprendre à une collaboration tripartite contemporaine entre DESTRUCTION, EXODUS et OVERKILL. Et c’est ce qui étonne au prime abord, cette production gigantesque d’ordinaire réservée aux cadors du genre, et qui vient ici mettre en relief des capacités instrumentales indéniables. Les cinq musiciens (Jens Albert - chant, Marcelo Vasquez Rocha & Frank Ruhnke - guitares, Florian Seybecke - basse et Moritz Menke - batterie) ne s’en laissent donc pas conter, et profitent du soutien du label national Metalville pour mettre leurs atouts en avant, et autant dire qu’ils sont nombreux. De leur philosophie, on retient cet amour à parts égales entre EXODUS et KREATOR, qui permet d’associer la franchise à la mélodie, sans trahir le radicalisme ou tromper l’harmonie. C’est patent sur les morceaux les plus efficaces, qui sont évidemment les plus nombreux, et avec un beau réalisme de surface, Part of a Sick World se hisse largement à la hauteur de ses illustres modèles, dans leur version la plus contemporaine. Essayez donc de rester de marbre face à la démonstration de force qu’est « Below Zero », qui n’est rien de moins que le morceau que DESTRUCTION cherche à composer depuis des années. Rythmique en coup fatal, riffs qui s’alignent et deviennent létaux, chant hargneux et roublard dans la grande tradition de Schmier et Zetro Souza, pour un festival de savoir-faire qui s’imprègne de nostalgie pour mieux accepter son époque. De l’old-school/new-school dans toute sa splendeur donc, comme un pilier des eighties s’accommodant de l’air du temps sans tourner le dos à son passé, pour un voyage aller-retour dans les couloirs d’un style qui n’a pas fini de nous faire vibrer.

Il est d’usage de reprocher à ce genre d’exercice sa redondance et ses répétitions, mais là encore, les allemands ont brillamment évité l’écueil. En variant les tempi, en lâchant la bride aux riffs pour qu’ils se teintent de Néo-Thrash du nouveau siècle, en acceptant les racines Punk mais en les raidissant d’une inspiration Metal, SURGICAL STRIKE fait preuve d’un flair incroyable au moment de faire le tri dans ses idées, pour signer des brûlots que pourraient envier OVERKILL et WARBRINGER (« Lambs To The Slaughter », rien à voir avec RAVEN, même si la hargne est là), et surtout, des choses personnelles pas dupes qui tiennent compte de l’héritage, mais le font prospérer à leur manière (« Dead End Gone » l’une des entres en matière les plus dantesques de ces dix dernières années, avec ces blasts inopinés). L’autre mérite du groupe est de ne pas avoir cherché à diluer leur inspiration dans des morceaux trop ambitieux, et de l’avoir gardée brute, ce qui permet aux titres les plus brefs de garder un punch très frais (« Failed State ») sans sonner trop convenu, et à ceux les plus longs d’être des exceptions et des surprises qu’on accepte avec bonheur. Ainsi, le title-track et ses six minutes et quelques tombe à pic en fin de parcours pour garder la pression, avec sa charge solide rappelant l’EXODUS des années 2000 et sa gravité épaisse. Toujours prompts à tenter des choses inhabituelles, comme un beat martelé mais jumpy, des chœurs germains sur fond de délicatesse instrumentale typiquement US, les allemands font preuve d’un brio tel que leur album ressemble à une centrale nucléaire au bord du désastre. Rien à jeter, ou presque, sinon quelques plans un peu trop convenus, tel est donc le bilan que l’on peut dresser de ce premier effort qui se place sans en faire dans le top des sorties actuelles. Toujours concis et précis, les SURGICAL STRIKE semblent prendre un malin plaisir à justifier leur nom à chaque intervention, se montrant déchaînés mais précis tout du long (« Confrontation »), pour terminer leur parcours sur une ultime ruade synthétisant tout leur art de l’équilibre (« The Breed », qui rappelle même les mirifiques HEATHEN).

 On se dit que parfois, si un groupe est tombé dans l’oubli, le hasard et la malchance n’ont rien à y faire. Si SURGICAL STRIKE n’était resté qu’une anecdote de base page de fanzine, personne n’aurait trouvé à y redire. Mais avec un tel album dans la besace, le destin prouve parfois qu’il sait corriger ses erreurs les plus flagrantes et offrir une seconde chance à ceux qui le méritent.


Titres de l’album :

                          01. Dead End Gone

                          02. Failed State

                          03. Politicians

                          04. Conspiracy

                          05. Below Zero

                          06. Lambs To The Slaughter

                          07. Not In This Life

                          08. Part Of A Sick World

                          09. Confrontation

                          10. Sorrow Of War

                          11. The Breed

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 20/02/2020 à 17:44
90 %    1351
Derniers articles

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
RBD

@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)

06/05/2025, 20:29

MobidOM

"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)

06/05/2025, 20:28

RBD

Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.

06/05/2025, 19:29

Caca

line-up de clodos

06/05/2025, 18:18

SALMIGONDIS

Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...  

06/05/2025, 17:11

DPD

Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.

06/05/2025, 16:15

DPD

Bhen c'est écrit dans la news, les 3 premiers albums.

06/05/2025, 16:14

LeMoustre

A voir quel contenu sera proposé 

06/05/2025, 15:42

DPD

Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)

06/05/2025, 05:51

Moshimosher

Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)

05/05/2025, 23:34

La Boca

J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée  à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .

05/05/2025, 18:16

Humungus

Il était temps...

05/05/2025, 09:15

Oliv

Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma  tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)

04/05/2025, 12:35

Oliv

C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)

04/05/2025, 12:25

Simony

Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !

04/05/2025, 09:55

RBD

Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)

03/05/2025, 22:39

DPD

T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.

03/05/2025, 21:41

DPD

Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)

03/05/2025, 21:36

DPD

Oui c'est tellement américain cette histoire, je juge même c'est tellement un autre monde. Mais il semblerait qu'il ait, c'est peu dire, dépassé les bornes.

03/05/2025, 21:31

Caca

En France, sa mère serait tout sourire sur un cross volé devant les caméras en train de dire "qui n'a jamais fait un refus d'obtempérer".

03/05/2025, 19:37