Path to Destruction

Warning Sign

01/04/2020

Autoproduction

Voilà encore une sortie qui traînait dans mes dossiers, et qui semblait condamnée à y rester. Mais parfois, en écoutant de nouveau un album, on le voit sous un autre jour, meilleur, plus inspiré, et il était donc inéluctable que je donne une seconde chance au deuxième album de cette horde canadienne. Je l’avoue, deux choses m’avaient rebuté au prime abord, le nom de l’album et sa pochette générique au possible, qui ne me semblaient pas vraiment stimulants. Faisant un break dans mes explorations old-school, j’avais donc remisé l’archive dans un coin de mes souvenirs, avant de réécouter totalement par hasard la bombe « Broken and Bare » au lieu de commencer par « Redemption », ce qui m’offrit une perspective différente et quelque peu plus radicale. Pour information, précisons que les WARNING SIGN se sont formés à Quebec City au début des années 2010, et qu’ils ont déjà proposé deux formats, un EP, Wake the Dead en 2013 et un full-lenght en 2016, Left to the Sharks qui en disait long sur leurs intentions. Celles-ci n’ont pas changé, à savoir de propager la bonne parole d’un Heavy Metal dur mais mélodique, tirant méchamment sur le Power, sans renier quelques inflexions Thrash de fort bon aloi. Canada, Thrash, on pense immédiatement à ANNIHILATOR, et il est certain que ce quatuor partage quelques vues avec le Jeff Waters des années 90, ce que démontre le riff bien méchant de ce fameux « Broken and Bare ». Mais les WARNING SIGN ne s’arrêtent évidemment pas à cette référence nationale, et leur musique propose un joli panaché de tendances, semant du METAL CHURCH, du JUDAS PRIEST, du FIFTH ANGEL, du CRIMSON GLORY, du IRON SAVIOR sur leur passage, sans vraiment copier ces icones. Disons que Path to Destruction est en convergence de toutes ces données, sans s’y limiter, et que le rayon d’action procure un vaste choix de sensations.

Ces sensations peuvent être épiques, épidermiques, atomiques, et évoluer d’un Heavy Metal formel et harmonique à un Power Metal franchement dynamique. Produit par David Lizotte et le groupe lui-même (Maxim Beaulieu - guitare/chant, Olivier Perrier-Maurel - guitare, Jerome St-Charles - basse et Jean-Mi Perrier - batterie), Path to Destruction dispose donc d’un excellent son, qui permet de mettre en relief la technique redoutable des musiciens impliqués, qui sans verser dans la démonstration donnent un aperçu probant de leur talent. Passant d’une bourrasque Speed à une accalmie sombre et Heavy, les canadiens passent en revue toutes les tendances, lâchant quelques soli enflammés, et pouvant compter sur le talent de meneur de leur guitariste/chanteur Maxim Beaulieu. N’en faisant jamais trop dans les aigus, le frontman pose ses lignes vocales lyriques sur un instrumental souvent incandescent, pouvant tout autant rappeler BLIND GUARDIAN que les débuts de STRATOVARIUS (« Escape »). Bien évidemment le tout est aussi original qu’un inédit de DIO, mais la santé qui exhale de ce second tome parvient à excuser les formalités de rigueur, et l’énergie déployée pardonne bien des lieux communs. D’autant plus que les mélodies sont pertinentes, la rythmique percutante, les chœurs conquérants, et les breaks harmonieux, encore une fois dans une lignée ANNIHILATOR particulièrement délicieuse. « Redemption » en entame place les pions, ose des couplets en pleine bourre avant d’imposer un refrain posé aux voix doublées, le tout soutenu par une basse bouillonnante pas décidée à se laisser enterrer dans le mix. On pense évidemment au Metal viril et lyrique du PRIEST, d’IRON SAVIOR, de PRIMAL FEAR, à l’accessibilité nordique, à la solidité germaine, et le tout s’avale d’un trait comme un verre de schnaps adouci d’un peu de fruits des bois. De l’autre côté du spectre, le quatuor canadien cite avec application le Heavy de tradition eighties, celui pratiqué par les groupes américains (FIFTH ANGEL, CRIMSON GLORY), mais aussi les références européennes (un petit côté HELLOWEEN en mid tempo, et ACCEPT bien sûr) en lâchant un solide « Hand of Fate ».

Persuasif dans la vitesse, mais aussi convaincant dans la solidité, le groupe montre qu’il a trouvé son cap et s’y tient. Les titres les plus mordants et Heavy louchent même sur un Hard Rock tout à fait abordable, comme le démontre « The Eye of the Storm » qu’HERETIC ou ANNIHILATOR auraient pu populariser en leur temps. Tout est méchamment en place et la mécanique est bien huilée, le metalhead trouvant tous les ingrédients pour dodeliner de la tête fièrement, et si les arrangements restent discrets, les voix comblent les trous, et les guitares multiplient les motifs à l’unisson ou en solo pour ne pas laisser l’oreille trop esseulée. Breaks en saccades, clins d’œil à toute l’histoire du Metal eighties sans sonner trop nostalgique, potentiel individuel notable et collectif capable, tout sonne juste, certes classique et parfaitement à sa place, mais euphorique et professionnel. Avec un timing parfait de trois quarts d’heure, Path to Destruction détruit proprement et sans s’éterniser, lâchant la vapeur quand il le faut pour reprendre de la vitesse (« Path to Destruction »), titillant Thrash pour mieux motiver Heavy, et secouant Power pour mieux ratiboiser Speed. Certains trouveront peut-être tout ça un peu trop propre et trop sage, d’autres diront même aseptisé tant les riffs sont bien rangés, mais dans les moments les plus efficaces, le groupe montre un visage plus que séduisant (« Hell on Wings », le hit de l’album en quelque sorte). Ne jamais trop en faire, mais être conscient de ses moyens et de ses ambitions, telle est l’attitude des WARNING SIGN qui se permettent même une entorse sérieuse à leur modération en nous servant sur un plateau ce final de plus de huit minutes. Montrant alors des velléités progressives et évolutives, le groupe joue le Heavy vraiment pesant, influencé par MAIDEN dans le fond, presque Doom parfois en surface, mais toujours riche et pertinent dans les faits. Jetant dans la bataille leurs riffs les plus chevaleresques, les canadiens finissent donc en beauté, conférant à ce second LP une patine de noblesse remarquable. Chant plus Thrash, attaques toujours aussi précises, et l’auditeur de ressortir galvanisé par ces morceaux certes traditionnels, mais terriblement bien joués.

Un LP qui ne méritait résolument pas de moisir dans mon dossier d’archives, mais bien d’être partagé avec le plus grand nombre. Ce qui ne marche pas la première fois n’est pas toujours bon à jeter, il suffit de lui donner une seconde chance.      

   

Titres de l’album :

01. Redemption

02. Broken and Bare

03. Hand of Fate

04. Escape

05. The Eye of the Storm

06. Path to Destruction

07. Hell on Wings

08. Children of the Sun

 09. Heavy Lies the Crown


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par mortne2001 le 13/12/2020 à 14:35
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