Morse : code permettant de transmettre un texte à l’aide de séries d’impulsions courtes et longues, qu’elles soient produites par des signes, une lumière, un son ou un geste. (Wikipedia)
Morse : (Odobenus rosmarus) est une espèce de grands mammifères marins, unique représentant actuel de son genre, Odobenus, ainsi que de sa famille, celle des Odobenidae (Wikipedia).
MORSE : Quatuor de Montpellier (Jean-Marc – chant, Kevin – batterie, Christophe – guitares, Abel – basse), adepte d’un Hardcore très Noisy mais aussi très Heavy, qui emprunte aux caractéristiques des deux entités précitées. Le hasard fait bien les choses, mais je ne suis pas certain qu’il ait quelque chose à voir là-dedans. Et à juste titre, puisque je connais très bien cet animal cryptique, aux coups de griffes aussi impromptus que sa bonhommie n’est tendue. J’ai notamment traité du cas éminent de son premier album, au titre assez pertinent, Beliefs Destroyer, qui s’était fait un malin plaisir il y a quatre ans de ruiner toutes nos conceptions un peu trop figées sur le Noise, le Core et le Sludge, via une musique savamment et violemment orchestrée autour d’un désir commun de saper les fondations de l’approche séculaire de la brutalité. Le tout était cruellement bien agencé, aussi libre que concis, et m’avait séduit de ses sonorités ambivalentes, à mi-chemin entre le sadisme oppressant et le masochisme ultraviolent ambiant. D’où certaines questions qui restaient en suspens. Dans quelle direction allait s’orienter le mammifère quadricéphale, allait-il rester sur la même route aux sillons bien creusés, suivant la trace d’une lourde carcasse qui pourtant, mettait parfois une énergie désespérée à se mouvoir ? Ou au contraire, allait-il nous surprendre d’un revirement total, se réfugiant au creux d’un Sludge plus prévisible, ou dans la rage d’un Hardcore nuisible ?
A vrai dire, la réponse, une fois encore, se situe à la croisée…des chemins. Car les montpelliérains n’ont pas forcément changé de technique de chasse, mais l’ont adaptée à la sournoiserie d’une époque volontiers portée sur les faux-semblants et les louvoiements. Et de fait, Pathetic Mankind se joue de sa propre espèce, non en se contentant d’en souligner les travers, mais en les illustrant d’un constat musical sévère.
Il eut été facile de traiter de leur cas de façon lapidaire. En reconnaissant leurs accointances palpables avec UNSANE, les COILGUNS, et autres bêtes flairant le sang à des kilomètres à la ronde. Ils l’auraient d’ailleurs mérité, tant ce second album transpire de la même méchanceté, sans une once d’empathie pour nos oreilles déjà cruellement éprouvées. Mais non, décidément, ils ont trop de classe crasse pour être expédiés comme un cas d’école désormais trop admis pour être étudié. Car Pathetic Mankind, en sus d’être un formidable constat d’une acuité effrayante sur la nature humaine, est un album brillamment pensé, pour nous broyer les sens de ses essences en térébenthine déjà enflammée. Toujours adeptes du coup de feu soudain qui ruine la lande, les quatre assassins de la linéarité brutale nous livrent là, la meilleure extension possible à leur ébauche de travail sur Beliefs Destroyer, qui était déjà presque une finalité en soi. On y retrouve toutes les composantes de la destruction initiale, ces coups de reins qui mettent les lombaires à rudes épreuves, ces riffs abrasifs qu’on dira usés sur scène avant d’être gravés, et ce chant exhorté qui n’en finit plus de ruminer sa rage par tous les naseaux. Rythmiquement imparable, ce onze titres passe en revue toutes les possibilités offertes par un mix entre atmosphères lourdes et suffocantes et crises de colère, et bénéficie en outre d’une production parfaitement adaptée à son propos, signée en captation par Amaury Sauvé (PLEBEIAN GRANDSTAND, toujours une bonne référence) et en mastérisation par Serge Morattel (YEAR OF NO LIGHT). Les deux compères ont soigné l’enrobage, aussi à vif qu’une peau trop tannée, mais avec suffisamment de relief pour qu’on sente les muscles saillants à chaque frappe et note. Partant de là, les fans du groupe, mais aussi ceux d’une absence totale de concession harmonique seront aux anges, puisque la toute petite demi-heure impartie passe comme dans un cauchemar éveillé, martelant parfois quelques notes de piano spectrales pour donner le ton de la nuitée (« Filthy… », Pourri mais doux dans le lit), pour mieux nous bousculer sans aucune prévenance l’instant suivant (« Black Sun », l’éclipse des illusions mélodiques par le satellite bruitiste UNSANE).
Attaque éclair qui compte les douilles tombées à terre pour ne pas gâcher les munitions, Pathetic Mankind met l’accent sur des compositions courtes, mais denses, à l’image de l’introductif « Corrupted Senses », qui nous corrompt en effet les émotions de son Hardcore gras, opaque, lourd, mais pourtant d’une agilité rare. Guitares qui tournoient et qui partent en soudain piqué, basse qui cimente la batterie au chant écorché, le ressenti est immédiat, et l’impact fait mal. A vrai dire, s’il est symptomatique de la scène Core actuelle, ce second LP est aussi caractéristique de l’optique New-Yorkaise du genre, se frappant d’un urbanisme lucide comme d’un tatouage stylistique indélébile. On pense aux LO ! bien sûr, aux COWARDS, et pourquoi pas, à une forme très personnelle et déviante des enseignements des CULT LEADER, sans que le propre de ces musiciens ne puisse être remis en cause. Ça joue très vite, lâche mais implacablement précis, et on sent que les années nécessaires à l’élaboration de ce second chapitre ont été mises à profit. Le naturel sauvage de la bête est intact, mais elle s’est adaptée à son environnement sans pitié pour frapper encore plus fort, au point le plus sensible, pour tuer sans aucune pitié. Déclenchant des feux de panique un peu partout sur son passage (« Unstoppable Fire », très fidèle aux incendies multiples qui ont dévasté des hectares de forêt cet été de son Core raide comme une allumette qu’on s’apprête à frotter), se tenant au bord du vide pour admirer la vacuité de la vanité humaine et ses certitudes usées (« The Praise of The Empty », au contraire rempli jusqu’aux lèvres de prouesses rythmiques en accord d’un riff cataclysmique), ou rongé par la maladie d’un virus qui contamine les espoirs pour les rendre néfastes (« Sapped By Illness », ou comment aggraver le D-beat d’une humeur massacrante), le MORSE 2017 n’est rien de moins qu’une transposition bruitiste de l’état général d’un monde à l’agonie. Et pour nous en rendre compte, les solutions n’étaient pas légion.
Il fallait jouer très fort, très vite, et bien appuyer sur le propos. Dont acte. Et ceux relatés par Pathetic Mankind sont aussi probants que l’humanité n’est pathétique de son absence de lucidité. Un genre de petit matin blême qui vous fait garder les pieds sur terre.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
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