Ils sont quatre, viennent de Charleston, Caroline du Sud, mais ne le dansent pas et ne vous incitent pas à le faire non plus.
Ils viennent tout juste de sortir leur premier EP, distribué en CD et tape par Bitter Melody Records, ils sont jeunes, bruyants, et prônent le mélange des genres sans tomber dans la fusion ni le Crossover, et ils s’appellent, ils s’appellent ?
Les MOTHMOTHER.
C’est donc par l’entremise de mon Vk préféré que je les ai découverts, et puisque leur EP initial est dispo en NYP sur leur Bandcamp, j’ai décidé de vous parler d’eux, mais surtout parce que leur musique est aussi violente que versatile, et aussi percutante que coercitive. Du Powerviolence évidemment, mais aussi du gros Doom bien plombé, quelques touches de Grind enlevé, une basse énorme et distordue, et surtout, un chant féminin bien tordu, pour une poignée de titres qui replacent la Caroline du Sud sous les feux des projecteurs. Et en l’état, un des EP les plus déterminés et déterminants que j’ai pu entendre depuis un bon moment, pour une vingtaine de minutes de Hardcore/Metal bien dans son époque tourmentée.
\'pe-se-,mi-zem\, c’est la force d’un Sludge vraiment massif et dissonant, la vitesse d’un Grind qui le dispute à la pesanteur d’un Doom maladif, quelques accès de rage Powerviolence qui vous tailladent à vif, et un quatuor qui a bien relu sa partition avant de la jouer. Dylan Gosnell (guitare), Chris White (batterie), Jose Gonzalez (basse) et Cera Callahan (chant) développent donc de nouvelles théories à base d’anciennes philosophies, et séduiront tout autant les fans de NAILS que les accros à DEAFHEAVEN, tout en faisant de l’œil aux nostalgiques de la scène Indus de Birmingham, et du pied sous la table des fidèles des MIND ERASER.
Leur recette ?
Elle est expliquée dans la dissection phonétique du titre de leur premier jet de bile, pessimism. Beaucoup de noirceur donc dans les six titres qui vous sont offerts sur un plateau rouillé, sur lequel trône une splendide lame de rasoir rouillée, au cas où la tentation de mettre fin à vous jours vous apparaisse séduisante.
Non que la bande soit la plus sombre et nihiliste que je connaisse (je laisse cette couronne aux affreux manipulateurs de Funeral Doom ou de Depressive Black), mais entre les riffs ombrageux de Dylan, et les hurlements stridents et maladifs de Cera, l’ambiance n’est pas forcément au beau-fixe ou aux joyeusetés collectives.
Mais, le tout est solidement ficelé, et bénéficie d’une production très professionnelle, qui ne néglige personne et équilibre les forces en présence. Evidemment, on tombe parfois dans le ravin de la déprime Post BM/Post Hardcore (le final « Outro », grondant, grouillant, caverneux et capiteux, avec une incarnation vocale diabolique de Cena qui recrache ses tripes), mais le reste du temps imparti est consacré à mixer toutes les références Core possible, en tentant de les amalgamer dans un tout qui fait aussi mal au corps qu’à l’âme. D’ailleurs, pour ne prendre personne à revers, les Américains débutent avec le morceau le plus court et le plus synthétique, qui démarre sa course piano sur un riff pas cadeau, et qui soudain s’excite d’un Grind que les NASUM pourraient leur envier en termes d’intensité.
Petit passage par la case Powerviolence/Crust, guitares tendues au feedback charnu, et basse qui impose quelques notes dans un épilogue lourd d’un Sludgecore qui dénote. Et si l’ensemble résumé en ces mots vous semble un peu pataud, sachez que les MOTHMOTHER ne perdent jamais leur sens du groove qui leur permet de rester chaloupés même dans les instants les plus plombés.
« Pressure » nous en met un coup via un Chaotic Core vraiment retors, avant une fois de plus de laisser la folie des blasts agir, comme pour annoncer avec ironie un nouvel écrasement. Les nombreuses cassures qui laissent les amplis libres prendre la parole se font les oracles de breaks vraiment douloureux, sur lesquels les dimensions plurielles du quatuor, toujours à la limite de la schizophrénie, prennent corps pour vous déstabiliser. Mais avec une logique d’enchaînement imparable, les quatre malades sautent du prozac au cyanure sans donner le sentiment d’être perdus dans leur labyrinthe, ce qui est toujours le témoignage d’un groupe sur de son fait. D’ailleurs, pas de fade out entre les morceaux, le tout suit une cohésion d’ambiance remarquable, et « Dominate » finit de noircir complétement le panorama de son intro poisseuse et déliquescente. Balade nocturne chez les psychopathes diurnes, le voyage est toujours aussi mouvementé et les brusques changements de tempo assumés, ce que confirme «Brave », qui lâche quand même quelques samples qui s’intègrent parfaitement dans le cadre oppressant.
Violence crue, cris drus, et Crust impromptu, alors que « Silent Torture » termine avec cruauté la séance de torture musicale, avec sa batterie qui part en free-lance, additionnant les coups de toms et les brisures imprévues.
Mais l’aspect cathartique de \'pe-se-,mi-zem\ n’échappera pas aux initiés. Et de plus, la musique s’accompagne d’un message tout aussi virulent, traitant des agressions sexuelles, et d’ailleurs le groupe vous informe que sur chaque CD ou tape vendus, un dollar sera reversé à l’association People Against Rape, qui prend en charge les victimes de viols en leur offrant une aide matérielle et un suivi psychologique. Mais en cas de donation pour un téléchargement, c’est la moitié de la somme qui sera confiée.
Alors, si musicalement, l’affaire en vaut la peine, et que l’éthique même de l’opération est d’importance publique et remarquable, je ne saurais que trop vous conseiller d’investir vos deniers dans \'pe-se-,mi-zem\. Ce qui prouve par la même occasion, que même en ces temps troublés, il reste toujours une lueur d’optimisme lorsqu’on sait la chercher.
Titres de l'album:
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