Penitence

Apes

14/06/2024

Secret Swarm Records

Six musiciens, un Crossover global, et des intentions néfastes. Le Canada en perd sa politesse et devient provocant, les biceps tendus et le regard défiant. Avec une telle force de frappe émanant de ses rues, il peut pérorer le soir venu, et aguicher les sales gueules pour une algarade musclée qui en laissera inévitablement un à terre. On n’a pas l’habitude d’une telle virulence. Même si le pays est connu pour ses musiciens BM solitaires, il est d’ordinaire plus réservé. Mais il arrive un temps où on doit sortir de sa réserve.

Et ce temps est venu.

APES est l’exemple même de combo en mutation, dont le seul but est de transcender les limites du chaos. Créé dans les années 2010 avec pour seul crédo les blasts et riffs prétexte, le sextet est devenu aujourd’hui une sale machine de guerre aux pignons bien huilés et à la carrosserie flambant neuve. Et noire évidemment. Et il fallait bien être six pour accoucher d’un tel plan de bataille. Six pour épaissir le son, et le rapprocher d’une hybridation pas si contre-nature que ça. Blackened Grind ? L’appellation est pour le moins stupide, mais le résultat énorme. Et sept ans après Lightless, les québécois reviennent nous tartiner la face d’un œil au beurre noir salé et qui va rester pendant des semaines.

Alexandre Goulet (chant), Patrick Cloutier, Simon Olivier & Louis Ladouceur (guitares), Philip Roy (basse) et Gabriel D’Amours (batterie, bruitages) sont donc sûrs de leur fait, et rentrent dans les débats avec l’énergie des colériques qui souhaitent pointer du doigt une époque égotique. Ces fameux singes que le groupe incarne sont tous ces homo-sapiens qui continuent de s’agiter comme si de rien n’était, et qui consomment, qui regardent ce qu’on leur donne à regarder, et qui s’enfoncent dans l’apathie en attendant que l’on décide pour eux.


Chantre d’un libre arbitre chèrement défendu, Penitence est un acte de révolte, mais aussi un acte de contrition. L’excuse est bien réelle, et la conscience d’avoir participé à cette mascarade humaine est très sincère, et les tonalités employées pour le démontrer sont aussi graves qu’une punition divine. Dans un registre de Grind joué avec la méchanceté des pire hardcoreux et des BM addicts notoires, APES se montre intraitable, et oppose huit titres à toute contradiction.

C’est sombre, vénéneux, âpre et haineux, pour le moins. Dès les premières mesures, ce deuxième long met la crudité à l’honneur, et la gravité à l’horreur. Les pendules remises à l’heure, le massacre peut commencer, et les premières victimes en sont nos tympans. Puis notre système nerveux. Puis notre équilibre mental. A la manière d’un NAPALM DEATH moderne singeant les tics les plus traumatisants d’un NAILS sans pitié, Penitence a la forme d’un humanoïde sous stéroïdes, le torse immaculé et le regard franchement énervé.

Difficile dès lors d’être plus clair que ce tracklisting qui ne supporte ni les silences, ni les breaks atmosphériques. Un seul mot d’ordre : foncer, défoncer, et admirer le triste spectacle d’une société réduite à néant, avant reconstruction. Anarchique comme un slogan des années 60, aussi Punk qu’une diatribe virulente contre la classe politique et les élites, cet album est un déluge de plomb qui s’abat sur votre moral, à quelques jours d’élections qui risquent d’incarner l’an 0 d’un nouvel âge de chaos.

Le monde des APES n’est donc pas des plus joyeux. Les dissonances y remplacent la bienveillance, les graves se substituent au chant des oiseaux en nage, et la rage sert de mesure universelle pour évaluer le degré de haine d’un individu. Et chacun de ces pamphlets est un exemple type d’un discours hurlé dans la rue, pour chatouiller les consciences et accélérer le processus de dégénérescence.


APES est donc très convaincant dans son costume de justicier du nihilisme. Avec trois guitares qui jouent le même thème, une rythmique inépuisable, et un chant éminemment menaçant, l’équilibre est stable, et le Grind peut s’enorgueillir d’être encore plus dangereux. A la manière des musiciens des années 80 associant le Thrash et le Hardcore, les canadiens fondent le BM, le Hardcore et le Grind pour en tirer un alliage nouveau, résistant aux balles et aux reproches.

La carapace est donc épaisse, et les projectiles rebondissent dessus. Le Canada va donc assumer sa nouvelle position de pays belligérant, et montrer aux autres nations que ses représentants peuvent être encore plus vilains et méchants que la moyenne. Avec dix bestioles pareilles, vous domineriez le monde en quelques phases d’attaque. Mais le monde vaut-il encore d’être dominé ?

Une question comme une autre.    

      

      

Titres de l’album :

01. Coffin

02. The Great Fire

03. Shadow Walker

04. Closure

05. Echoes

06. Bottom Feeder

07. Penitence

08. Pillars


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par mortne2001 le 22/08/2024 à 17:58
80 %    90

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