Oyez, oyez jeunes lecteurs et assoiffés de brutalité linéaire et continuelle. Je vais faire appel encore aujourd'hui à votre ouverture d'esprit, pour peu qu'il soit réceptif à des sonorités plus modulées...Inutile de cacher que le second album des suédois de BLACK PAISLEY n'est pas adressé aux Metal addicts les plus acharnés, mais plutôt aux amoureux d'une musique plurielle, piochant son inspiration dans les coffres du Classic Rock, de la Country moderne, mais aussi d'un Hard-Rock empreint de réminiscences 70's, lorsque la musique avait encore un but et pas seulement des moyens. Fondé par Stefan BLOMQVIST il y a quelques années, ce combo hors du temps et des modes est donc constitué de vieux routards du circuit local, qui une fois réunis se sont rendu compte que leurs intérêts étaient partagés, et qu'il serait alors de bon ton de composer quelques chansons ensemble. Le résultat ne se fit pas trop attendre, et c'est donc dès 2017 que Late Bloomer fit son apparition, comme un signe du temps qui passe mais qui jamais ne lasse, et c'est avec grand plaisir que Pride and Joy music, le célèbre label allemand s'empara de l'affaire pour en propager le message. Un message d'éclectisme, de jeunesse tardive, mais aussi la confirmation que les pays scandinaves sont le nouvel Eldorado d'un Rock de tradition, constat qui ne se dément pas, et aux répercussions devenant de plus en plus énormes. D'aucuns parlaient alors de hype, mais en écoutant la musique des suédois, impossible de ne pas y entendre une forme très sincère de Rock à tendance radiophonique, mais aussi classique, dans la plus grande lignée d'artistes non formatés par les seventies, et pas encore adoubés par les années 80. De tout dans ce grand panier de l'inspiration, et surtout, des inflexions de Bob SEGER, Tom PETTY, Bryan ADAMS, mais aussi de sérieuses traces de CCR, d'AEROSMITH, et du Rock anglais de DEEP PURPLE, pour un melting-pot incroyablement bouillonnant et créatif. Et surtout, d'une authenticité inutile à dater au carbone 14...
Late Bloomer annonçait, façon faire-part de naissance, mais Perennials comme son titre l'indique, démontre que le talent des BLACK PAISLEY est tout sauf éphémère, et fait pour durer. On y retrouve la pluralité du premier album, cette façon de sinuer entre les courants, de les assembler, de tenter des croisements, et surtout, de proposer au public autre chose qu'une douzaine de morceaux calibrés, mesurés, et surtout, stériles avant d'avoir été écoutés. Loin du fast-food musical, la musique de Perennials serait plutôt adaptation du terroir, avec fréquentes allusions au patrimoine Rock mondial, sans négliger tous les satellites ayant gravité autour. C'est ainsi que certaines chansons, loin de mettre en avant la distorsion, n'hésitent pas à utiliser des codes presque Pop-Rock, sans que le tout ne prenne des allures de trahison ou de compromission. C'est d'ailleurs la constatation la plus évidente que l'on puisse faire après avoir découvert ce second longue-durée, cette volonté d'élargir les horizons pour sentir la liberté fouetter son visage...Plus de limites donc pour les suédois qui jouent ce qu'ils veulent, et le jouent de mieux en mieux. Même si l'équipe a perdu son producteur Mats Lindfors, remplacé par l'équipe Per Andersson (JohnOssi) et Niklas Flyckt (Britney Spears, Candlemass), qui ont étroitement collaboré avec Ulf Hedin et Robert Wirensjö du groupe lui-même, le son ample et roots est toujours là, servant sur un plateau des compositions sensibles, mélodiques, musclées, et surtout, incroyablement diversifiées, qui une fois mises bout à bout nous paient un voyage musical incroyablement prenant, un peu comme une traversée en pensée de quarante ans de musique populaire, laissant des souvenirs impérissables dans la mémoire...On y croise les fantômes de la scène US Pop-Country des 80's, avec des clins d'œil à Mellencamp, mais aussi des génuflexions face aux statues des PURPLE, de CREEDENCE, de Bonnie RAITT, et des aveux de tendresse envers le BON JOVI le plus amoureux de son New-Jersey natal, tout comme des allusions plus ou moins directes au Mike RUTHERFORD solo...Le tout emballé dans un professionnalisme qui laisse pantois de naturel, attitude adoptée par un quintette qui a suffisamment roulé sa bosse pour savoir ce qu'il veut.
Alors, on traverse la route, on emprunte des chemins de traverse, on s'arrête un peu sous les étoiles, et on continue le trip, le sac à dos fermement vissé à la colonne vertébrale. Les BLACK PAISLEY ont d'ailleurs élaboré le parcours avec beaucoup de soin et d'amour, nous électrisant à intervalles réguliers pour nous redonner de l'énergie, avant de nous raconter des histoires de musique intimiste, de Rock, et de Hard-Rock aussi comme le prouve sans honte l'ouverture « I Want Your Soul », sorte de démarquage Heavy des dernières années d'EUROPE teintées de sensibilité MAGNUM, pour un orgue qui domine de sa grandiloquence un riff lourd et un climat tendu, alors que la voix inimitable de Stefan BLOMQVIST nous prend encore aux tripes. Stefan est de cette caste de chanteurs sans esbroufe, mais doté d'un grain de voix râpeux, qui ne triche pas, mais transmet des émotions diverses en quelques modulations et inflexions. Derrière, ça ne fait pas semblant non plus, rythmique solide et assise plombée, pour une entrée en matière de haute volée, ne sacrifiant aucunement la mélodie à la puissance. Mais comme je le précisais plus en amont, la diversité est le concept maître de ce second album, et il n'est alors guère étonnant de tomber précipitamment sur le léger « Day By Day », journal intime acoustique, à la basse ronde et glissante, et au climat cotonneux d'un soir d'automne. La force du groupe est toujours la même, cette capacité de sauter du coq à l'âne tout en gardant la cohésion sous le coude, et surtout, de jouer la carte de la sensibilité sans verser dans la mièvrerie. « Sometimes », beau comme un inédit de Bryan ADAMS adopté par Perry et Tyler, est une pièce de plus à ajouter au dossier de la qualité, alors que « Mother », au contraire, nous rappelle le EXTREME de début de carrière, et le BON JOVI de la période dorée des charts. Chaque morceau apporte sa grosse pierre au gigantesque édifice, on reste éberlué de tant de possibilités étalées au grand jour, lorsque « Miss Me » nous entraîne loin de notre terrain de jeu habituel...Arrangements soignés aux petits oignons, précision, son presque Pop mais authentiquement Classic-Rock, pour des refrains qui s'incrustent dans la tête pour ne jamais en sortir.
Et alors que la messe en patrimoine majeur semblait être dite pour de bon, Perennials nous déstabilise d'un endiablé « Step Back », qui empeste les boogie-bars et les tournées interminables, la fumée de cigarette et les effluves de whisky, puis d'un terriblement syncopé « Trying », au ternaire diabolique, toujours sublimé par cette voix unique et cette science du refrain qui tue. Dès lors, incapable de déceler la moindre faille à l'édifice, le rock-critic se voit bien obligé d'admettre qu'il fait face à l'un des meilleurs albums de l'année, s'imposant sans forcer, mais en s'appuyant sur ses propres qualités naturelles. Et le jugement d'être substitué par un plaisir infini, celui de tomber sur une petite pépite de Rock ouvragé mais juste assez sauvage pour enivrer, jouant à cache-cache avec la Pop, la Country, mais aussi le Stadium Rock de la scène eighties, lorsque résonnent les licks addictifs de « Alone » qui tonnent comme un appel à l'union sous la même bannière. Guitares qui se mettent en avant puis se retirent, rythmique féline qui épouse tous les contours et changements de direction, inspiration magnifiée par une envie de tout aimer, sans faire dans le prosélytisme, chant investi et passionné, pour une réussite bluffante et incontestable...BLACK PAISLEY avec Perennials a donc choisi le titre le plus idoine pour nous décrire à-priori son nouveau répertoire, qui ne fait qu'asseoir un peu plus sa réputation de groupe majeur, appelé à accomplir de grandes choses à l'avenir. Une autre vision du Rock, qui refuse la facilité vintage, mais qui assume sa nostalgie comme un drapeau d'honneur flottant modestement dans le ciel de l'histoire.
Titres de l'album :
1. I Want Your Soul
2. Day By Day
3. Sometimes
4. Mother
5. Miss Me
6. Without You
7. Step Back
8. Trying
9. Out of My Life
10. Alone
11. Think
12. Stronger
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20