En gros, les ténèbres. C’est en tout cas ce que je comprends au titre du dixième album des français de NOCTURNAL DEPRESSION qui nous proposent une éclipse permanente, bloquant la lumière pour nous plonger dans le noir absolu. C’est assez judicieux au moment de faire les comptes d’une humanité trop inconsciente pour son propre bien, et qui attend un miracle venu de je ne sais où. Pas d’eux-mêmes évidemment, et il est assez évident que les hordes Black Metal attendent cet instant final avec une certaine morgue, dans le style, « nous vous l’avions bien dit ». Mais tout ceci ne doit pas occulter (sic) le plus important. NOCTURNAL DEPRESSION, en vingt ans de carrière a publié la moitié de longue-durée, ce qui en fait l’un des acteurs les plus prolifiques de notre underground.
Herr Suizid (basse/batterie) et Lord Lokhraed (chant/guitare) tiennent à leur réputation, et soignent chacune de leurs sorties. Une fois encore, la prolixité est reine, et les morceaux dépassent allègrement des durées raisonnables en piétinant les neuf minutes de jeu. Les deux musiciens ont-ils tant de choses à dire ? Oui, et ils les disent fermement et sans ambages. Ce qui constitue leur marque de fabrique et qui fonctionne à peu près comme un sceau ou un marquage au fer rouge.
Cette superbe pochette en dit long sur la thématique de l’album. Un squelette cavalier avec sa faux, qui évoque évidemment l’apocalypse, et qui survole une foule entièrement dévorée par les flammes. C’est peu ou prou l’image d’Epinal qui nous attend une fois toutes les options épuisées, et c’est aussi le meilleur moyen de décrire un album sans en dévoiler plus qu’il ne faut. Ce dixième tome aborde donc les thèmes courants des deux grenoblois, que l’on range parfois dans la catégorie du Black atmosphérique ou du DBSM. Si les nombreuses mélodies peuvent valider le premier choix, le second est plus aléatoire et discutable. Pas de longue litanie de souffrance, et une violence tournée vers l’extérieure et non autocentrée.
Alors autant oublier les querelles de clocher pour se concentrer sur cette musique âpre, rude, éprouvante et oppressante.
Dans la plus droite lignée des conquérants les plus pugnaces, NOCTURNAL DEPRESSION pioche dans le réservoir inépuisable d’idées nordiques, mais impose aussi une recette made in France. Ces inserts harmonieux qui viennent interrompre une chevauchée infernale en sont les témoins, notamment sur le cruel mais macabrement romantique « When My Time Has Come to Die ». Acmé d’une approche de métissage, ce long titre nous présente les deux faces contradictoires mais complémentaires du groupe, comme un masque à deux profils différents, qui permet d’alterner entre la cruauté et la poésie lancinante. C’est évidemment superbe et puissant, et l’une des raisons pour laquelle ce duo est l’un des plus respectés de l’underground.
Enrobé dans une production épaisse et précise, Perpétuelle Eclipse se repaît de sa propre noirceur, et présente un linceul noir comme le jais. Mais la cérémonie se pare aussi d’atours plus délicats, avec homélie sublime et violons qui déchirent les nuages chargées de leurs notes larmoyantes. « Self-Murdered Woods » marque ainsi une sacrée rupture au niveau de la narration, en s’appuyant sur un rythme lourd et une guitare concentrée sur sa propre tristesse. A la limite du Metal gothique et ambivalent, « Self-Murdered Woods » est une déviation délicieuse, qui souligne la spécificité de ce duo pas comme les autres. Agressif mais pas cruel, désabusé mais pas blasé, renonciateur mais pas dénonciateur. Juste témoin de temps sombres et qui en retranscrit fidèlement l’atmosphère.
« Perpétuelle Eclipse » garde cette ligne de conduite, tout en atténuant les harmonies. Scindé en deux parties distinctes, ce title-track est d’une majesté imposante et étourdissante, et résume ce que le Black Metal a proposé de plus déviant et torturé dans les années 2000. C’est à ce moment-là qu’on comprend l’utilisation d’un terme comme DSBM lorsqu’on parle de NOCTURNAL DEPRESSION, bien que cette appellation m’ait toujours plus ou moins rebuté. Je dirais que le duo s’aventure sur plusieurs terrains de jeu pour n’en retenir que les règles les plus traditionnelles, afin de les accommoder à sa sauce.
Une fois revenu de ce chemin de traverse aux rosiers noirs chargés d’épines, Perpétuelle Eclipse reprend sa trajectoire initiale, et cumule les émotions. Amertume, regrets, remords même, acidité orale, nostalgie musicale, et une guitare qui s’envole vers des étoiles exténuées à la lumière blafarde.
Remarquable dans sa construction, ce dixième album évolue comme un état d’esprit, et décrit avec une acuité exceptionnelle les sentiments que nous éprouvons au quotidien. Pas uniquement tourné vers les plus dépressifs et pessimistes, Perpétuelle Eclipse délivre un message universel, et joue avec les nuances pour mieux étayer son propos. Un propos certes alarmiste, qui annonce un blackout à venir, mais lucide et qui n’occulte aucune des souffrances qui nous attendent patiemment.
Atmosphérique, mélodique, puissant et véhément, NOCTURNAL DEPRESSION mérite tous les compliments que vous pourriez formuler à son égard, tout en se détachant de ces expressions d’affection trop triviales. Le but étant de partager avec vous une fin de non-recevoir, et de s’asseoir en attendant de voir le monde disparaître dans les ténèbres éternelles.
Titres de l’album:
01. Waltzing Among Graves
02. When My Time Has Come to Die
03. Self-Murdered Woods
04. Perpétuelle Eclipse
05. Endless Slumber
06. Footprints in the Dust
Bandcamp officiel
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