Ne cherchez pas. Malgré l’hégémonie suédoise de ces dix dernières années, l’AOR reste un style américain, né aux Etats-Unis, popularisé par des artistes nationaux, et qui aujourd’hui encore est profondément ancré dans l’ADN du pays. Les scandinaves auront beau essayer, de toutes leurs forces, et parfois nous convaincre qu’ils se sont approprié le style, les USA resteront toujours les pères fondateurs et les plus forts au jeu de la mélodie subtile et musclée. Preuve en est de ce dernier album des new-yorkais de STATION, qui ont certes pris le train en marche, mais qui ont parfaitement compris le fonctionnement du métro pour nous faire descendre à la bonne station.
Si leur page Facebook les présente comme des pourvoyeurs de Rock, si leur site officiel affiche un gigantesque Rock is Dead au lettrage large, leur musique reste fondamentalement ancrée dans la tradition radiophonique du pays, cette culture plantée par les JOURNEY, les REO SPEEDWAGON et autres chantres de la douceur sur les ondes. Sans provoquer de séisme, sans chercher la complication, STATION continue de repasser ses t-shirts avec application pour enlever toute trace de pli, et nous présente encore une fois un travail immaculé, d’une pureté incroyable, et un assortiment de chansons à faire blêmir les Lenôtre de la tablée de luxe.
Dès « I Can't Find My Way », illustrée d’un sobre clip, on tombe encore une fois sous le charme de ces musiciens qui nous ont déjà offert des repas musicaux de qualité. En autoproduction sur leur propre label, les américains offrent donc une suite à leurs trois premiers albums, qui furent autant de témoignages de leur grâce de composition. Deux ans à peine après Stained Glass, Perspective ne nous en dévoile pas de nouvelle, mais quel que soit l’angle par lequel vous abordiez cet album, la conclusion sera la même : les STATION sont les dignes héritiers des influences majeures de leur pays, et les seuls ou presque à pouvoir damer le pion à ces fichus suédois trop sûrs d’eux-mêmes.
La meilleure façon de faire la promotion de cet album est de vous laisser l’écouter, encore et encore. Les mots seront vains au moment d’exprimer le ressenti de qualité de ces hymnes à la joie de vivre, sans cet hédonisme forcé purement 80’s qui gâchait bien des productions de l’époque. Ici, rien n’est surfait, rien n’est surproduit, tout est joué avec le cœur et les tripes, et on se prend d’admiration pour ces artistes capables de composer de telles perles d‘une simplicité rare mais d’une portée émotionnelle capitale. Il est d’ailleurs impossible de mettre tel ou tel titre en avant, tant tous sont d’une qualité égale, et si le Rock laisse parfois place à une Pop AOR assez calme, certains accents plus agressifs permettent de taquiner un Hard-Rock heureux de la fin des années 80 (« Don't Keep Me Waiting », sorte de version adoucie et mure du « Lick it Up » de KISS).
Mais encore une fois, cette chronique me plonge dans la frustration. Comment expliquer ce que j’ai ressenti à l’écoute de ces chansons sublimes, aux arrangements sobres mais ciselés, aux couplets envoutants et aux refrains fédérateurs, avec des mots qui semblent si vains comparés au feeling qui s’en dégage ? En abordant toutes les thématiques si chères au Rock/Pop west-coast et à l’AOR, les STATION nous offrent une œuvre pleine et un best-of de tout ce que nous aimons tellement à propos de cette musique. Entre les modulations de « Tonight », sur laquelle la voix s’envole vers les cieux, propulsée par une basse ronde et une guitare qui tisse des textures d’arrière-plan, et « Believe » qui retrouve l’énergie débridée des meilleurs représentants Hard-Rock mélodique d’il y a trente ans et plus (KING KOBRA, BRIGHTON ROCK, BALANCE), le tableau brossé à des allures de paysage pastoral, entre blancheur immaculée des linges fraichement étendus et couleurs contrastées d’une nature florissante.
Sinuant entre tous les courants, proposant des choses variées, les américains résument peu ou prou leur parcours global, et de fait, Perspective permet d’apprécier toutes les facettes d’un groupe qui peut se permettre de singer les tics puissants du ZEP (« All Over Again », plus efficace que la disco de GRETA VAN FLEET ou n’importe quel crise plantienne de Lenny Wolf), ou de se laisser pencher du côté sentimental pour nous émouvoir (« Spanish Steps »).
Je ne comprendrai jamais le semi-anonymat dans lequel les STATION évoluent depuis leur émergence. Ils sont probablement le meilleur groupe à être né dans les années 2010, sont des musiciens redoutables, et pourtant seuls quelques initiés connaissent leur nom, et encore moins leur musique. Evidemment, faire partie des privilégiés à quelque chose de glorifiant, mais ils méritent bien mieux que cette ombre dans laquelle ils sont plongés. Venus de Suède, ils seraient immédiatement devenus l’attraction à la mode à ne manquer sous aucun prétexte. Quel paradoxe de souffrir d’être américain alors même que les Etats-Unis sont à l’origine de cette musique souriante, mélodique et précieuse. L’ironie du temps…
Titres de l’album:
01. I Can't Find My Way
02. See the Light
03. Do You Really Want to Fall in Love Again
04. Don't Keep Me Waiting
05. Tonight
06. If You Want Love
07. Believe
08. All Over Again
09. Spanish Steps
10. You Found Yesterday
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