Mais ce Golgotha-là ne vient pas du tout de Jérusalem. D’ailleurs, le nom aurait dû vous l’indiquer, puisqu’il n’est pas repris tel quel. Les GOLGOTHAN REMAINS viennent en effet de Sydney, et incarnent à merveille cette nouvelle vague de groupes locaux qui y sévit depuis quelques années. Il faut dire que l’Australie est depuis longtemps la terre d’asile des innovateurs/bruiteurs de tout poil, puisqu’on ne compte même plus sur les lambeaux d’un moignon les groupes d’importance nous en venant des côtes australes. Mais entre les PORTAL, SADISTIK EXEKUTION, et tant d’autres qu’il devient superfétatoire d’en dresser une liste exhaustive, les tribus locales prennent un malin plaisir à prendre le contrepied de la production mondiale pour se mettre en avant, à juste titre. Mais si le désir vous en venait de rendre compte de l’activité locale, le nom de ce quatuor presque sorti de nulle part devrait être mentionné, ne serait-ce que pour sa façon de jouer un Death de puristes comme des barbares sans foi ni loi. Rongeant son os depuis 2015, ce quatuor (D - basse, A - batterie, M - guitare et M - chant) nous a déjà proposé une première démo éponyme en 2016, dont l’underground s’est d’ailleurs parfaitement satisfait. A tel point que l’annonce de parution de cet album sur les forums spécialisés a fait grand bruit, ce qui est somme toute mérité au regard des qualités intrinsèques du produit en question. D’une durée très raisonnable pour un LP du cru, Perverse Offerings to the Void mérite bien son titre, et se présente comme une version du Purgatoire de Dante version corps décharnés en putréfaction, se livrant à des bacchanales perverses et mortifères, sans aucune espèce de remord ni regret. On le sait, le Death dit « classique », n’est pas genre à supporter une quelconque édulcoration, et c’est sans complexe que nos amis australiens du jour lui rendent hommage en respectant ses fondements. Sans aucun jeu de mot lubrique s’entend.
Que dire donc d’une œuvre qui ne prend qu’indirectement ses distances avec les grands classiques du genre, et qui agrémente la rigueur américaine d’une touche de folie sobre australe ? Du bien évidemment, puisque tout, de la production macabre à l’interprétation morbide parfume nos oreilles d’une délicate odeur musicale en déliquescence, bien que ces quatre musiciens soient bien plus que de cruels autochtones en mal de victimes. Ici, c’est le sadisme qui prime, celui des AUTOPSY, des INCANTATION, et toute cette clique de bruitistes refusant tout effort de complaisance pour plaire aux masses. Nous nageons donc en plein Death putride, qui juxtapose des rythmiques en chien de fusil et de soudaines décélérations en pleine montée, pour mieux nous prendre à revers de riffs épais et belliqueux. Mais l’un dans l’autre, et parce que ce premier jet est beaucoup plus riche qu’un simple glaviot craché à la face du bon goût, le respect n’empêche pas une petite dose d’originalité, qui se matérialise ici via des riffs parfois psychédéliquement acides, et autres déviances harmoniques méchamment sadiques. Il n’est pas interdit de penser que parfois, les tonalités se veulent délicieusement progressives, notamment sur ce surprenant « Timeless Eradicator », qui multiplie les références et les ambiances pour ne pas vous laisser pantois dans une vieille grotte aux abois. Ou l’inverse. Mais pas de méprise. De l’ouverture franche de « Vehemence » au final tortueux de « Flagellation », tout est fait pour vous bousculer, et vous rappeler que le Death, malgré ses pseudos balises étroites a su rester le genre le plus dangereux du Metal actuel, pour peu qu’il soit transcendé par de véritables amoureux. Et les GOLGOTHAN REMAINS le sont, sans conteste.
Tout en gardant une patine véritablement obscure et ténébreuse, les australiens développent de belles qualités de construction, et agencent leurs morceaux comme de mini-épopées de l’étrange. Ainsi, il n’est pas rare qu’un titre à la durée modérée se voit gratifié d’un nombre conséquent de plans et changements, sans pour autant que la cohérence d’ensemble n’en pâtisse. Pour exemple, « From Chaos It Has Come », qui tout en restant fidèle à des principes de production de la mort, flirte parfois avec une ambiance typiquement BM, le tout certainement imputable à ce son si particulier, très sourd et caverneux. Mais ce mélange de fragrances est en tous points délicieux, et l’aventure à des allures de quête ultime au pays de la violence et de la barbarie, symbolisé par des interludes sans pitié comme « Vile Blasphemy », à l’oppression presque palpable, et au chant immonde, ou « Bone From Dust », et son allusion très finaude à des restes jamais vraiment trouvés, sauf par la légende. Lorsque le quatuor joue la carte de la brutalité outrancière, ça fonctionne, parce que leur exubérance ne supporte aucune limite, mais lorsque les nuances s’invitent au banquet, les musiciens font tout pour leur faire honneur, et dressent la table d’ornements tous plus macabres les uns que les autres, décortiquant l’harmonie pour un plat de hors d’œuvres d’agonie, et déformant le plat de résistance des riffs pour satisfaire les plus exigeants. Pas question donc pour la troupe de se contenter du minimum, même s’il leur sied bien, et chaque titre à sa raison d’être propre. Et le rythme tient la pression jusqu’à terminaison, nous laissant seuls face à ce monstrueux épilogue qu’est « Flagellation (Torrid Tongues) », le plus long avec ses cinq minutes bien tassées.
A cette occasion, la dernière, Perverse Offerings to the Void prouve qu’il frise la perfection dans la déraison, et nous entraîne encore plus profond dans les abysses des oraisons, maltraitant une batterie qui trépasse de sa double grosse caisse en perpétuelle progression. Pour cet au-revoir programmé, le groupe met le paquet, et sort ses riffs les plus létaux, ses ambiances les plus délétères, et nous condamne à un silence éternel de sa cruauté instrumentale en fausse finesse, mais en réelle puissance. Une jolie démonstration de force, mais aussi de moyens, puisque pour parvenir à leurs fins, les GOLGOTHAN REMAINS n’hésitent pas à utiliser leur intelligence, et pas seulement leurs muscles ou leur indécence. Du Death oui, du Death vintage aussi, mais du Death morbide et futé, je dis oh oui.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15