L’heure n’est pas aux récompenses et aux cérémonies aussi couteuses qu’indigestes, mais j’accorde néanmoins la palme du nom le plus long et improbable aux américains de SEED OF THE SORCERER, WOMB OF THE WITCH. Il s’agit bien du nom du groupe, et non du titre de l’album, et on se demande où ils sont allés pécher ça, certainement un soir de fumette après trois Hammer visionnés le regard vitreux. Mais alors, qui est le sorcier, et qui est la sorcière ? Cette réponse vous appartient, puisque la musique n’en dévoilera pas plus. A vous de choisir donc, mais autant admettre qu’un léger parfum occulte émane de cette réalisation aux contours relativement classiques.
Encore une fois, les apparences sont trompeuses. D’une, ce sextet de Denver, Colorado, ne s’épanouit pas dans les volutes d’un Heavy psyché et avide de substances, et de deux, « Ingesting Necrotic Tissue Repugnantly Oozing » n’a rien d’un titre de Goregrind, et se contente d’être une intro plus ou moins bien troussée. Le style dans lequel ce concept évolue se situe en convergence du Death et du Doom, un choix somme toute assez raisonnable pour qui aime la lenteur macabre d’une procession de pleureuses portugaises. Mais ici, les larmes sont sèches, le sang aussi, et seul le deuil conserve ses propriétés de fraicheur triste. Un voyage aux confins de la psyché humaine, mais surtout, un disque efficace, qui combine plusieurs techniques pour souligner son unicité.
Ryan (basse), Corey (guitare), Steve (chant), Ian Glaha (batterie), Collin Bridge & Matthew Mitchell (guitares) sont des novices sur la scène extrême, mais peuvent déjà se targuer de quelques réussites modestes. Fondé en 2017, SEED OF THE SORCERER, WOMB OF THE WITCH a d’abord choisi la facilité, entre démo et EP, ainsi que quelques sorties live assez sympathiques. Sept ans après sa naissance, le gros bébé a décidé de s’exprimer en longue-durée, nous offrant ce Perversion Pyre qui effectivement, suinte le stupre morbide et les désirs contre-nature.
Les éléments sont là, et il est assez simple de les recenser. Thématiquement d’abord, avec l’utilisation évidente de termes comme « embaumement », « autopsie », « putréfaction », musicalement ensuite avec une succession de plans formels qui constituent la trame d’un travail cauchemardesque, mais prévisible. Une alternance entre lourdeur extrême et embardées dantesques, pour instaurer un climat de paranoïa et de claustrophobie, sous couvert d’un classicisme se réclamant d’AUTOPSY, de dISEMBOWELMENT ou INCANTATION. Raisonnable donc le Doom/Death des américains, mais pas moins fameux pour autant.
Produit, mixé et masterisé par Austin Minney aux All Aces Studios de Centennial, Colorado, et flanqué d’un artwork impeccable de Waclaw Traier de Droned Artworks, Perversion Pyre est un feu de joie qui brule une nuit entière pour célébrer la mort, la torture des traitres, et l’agonie des bigots qui n’aime rien tant qu’un monde servile et entièrement voué à la parole divine. Avec trois guitares en action, le groupe lâche donc la puissance sans complaisance, mais avec beaucoup d’efficience. S’il est difficile de deviner que trois musiciens s’occupent des riffs tant ceux-ci sont monolithiques et unidimensionnels, la puissance de l’ensemble laisse deviner des couches superposées avec soin, formant un bloc indivisible, comme le souligne avec beaucoup de répugnance « Potion Of Instantaneous Putrefaction », exercice de style très vilain qui sent bon le moisi et les champignons.
Pochette abstraite, logo indéchiffrable, attitude frondeuse, le triptyque magique pour laisser le public deviner par lui-même, tout en laissant des indications précieuses. La redondance de « Crystal Ball Gag », mid tempo sado qui pince les tétons avec des crocodiles en acier, offre un peu d’air à cette séance de domination post-mortem et son croque-mort qui s’amuse avec les fluides.
Une bonne humeur d’humour noir. On peut concevoir l’entreprise sous cet angle, mais le sérieux apporté aux compositions n’est pas sans évoquer le meilleur du Death/Doom à l’américaine, très proche de son cousin anglais, aux influences légèrement Gore. L’avantage est d’éviter toute bouillie sonore, puisque les plans restent clairs, comme les intentions. « The Ligneous Children Of Briarwood », acmé de cette démonstration de gorge est justement la quintessence de ce qu’on recherche en découvrant un album de Death/Doom qui tient debout, entre riffs funèbres, voix immonde et lenteur obsessionnelle.
Impeccable de bout en bout, Perversion Pyre s’autorise même une épiphanie finale sous la forme d’un titre évolutif en diable. Entre huit et neuf minutes, « Perversion Pyre » ralentit encore le tempo pour atteindre des sommets de statisme autrefois glorifiés par CATHEDRAL, même si les deux groupes sont aussi éloignés que la peste d’une grippe de saison.
Gras, dégoulinant, mais soudainement sec et violemment méchant, Perversion Pyre est un hymne king size à tout ce qui pue, qui suinte, qui suppure et qui finit dans un trou. Une ode braillée à l’au-delà, qui nous attend patiemment, le scalpel à la main et les instruments de torture bien rouillés. On n’a pas forcément envie d’y goûter tout de suite, mais on n’y échappera pas.
Et les SEED OF THE SORCERER, WOMB OF THE WITCH rigoleront bien de nous voir attachés à un X de fortune, la bouche barrée par un gag bien serré.
Titres de l’album :
01. Ingesting Necrotic Tissue Repugnantly Oozing
02. An Arcane Autopsy
03. An Enchanted Embalming
04. Potion Of Instantaneous Putrefaction
05. Crystal Ball Gag
06. The Ligneous Children Of Briarwood
07. Perversion Pyre
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11