Les passionnés de Greyhaze Records continuent leur travail phénoménal d’exhumation de bandes antiques des années 80, en déterrant cette fois-ci un album obscur d’un groupe qui ne l’est pas moins, seulement connu d’une poignée de maniaques n’ayant manqué à l’époque aucune sortie du mythique label Cogumelo. Ainsi, après vous avoir parlé de la réhabilitation des MUTILATOR, je vous entretiendrai ce matin du cas des encore plus intimistes THE MIST, qui s’ils n’ont rien à voir avec le roman éponyme de Stephen King, savaient quand même distiller des ambiances brumeuses et des attaques plus franches.
Pour l’histoire, rappelons que les originaires de Belo Horizonte (qui finalement, et à postériori, aura eu autant d’importance que Los Angeles ou Frisco) se sont formés en 1988/1989 après avoir battu pavillon MAYHEM pendant trois ans, et d’avoir changé de patronyme pour éviter la confusion avec les cent-cinquante formations du même nom déjà existantes.
On retrouvait dans les rangs de cette bande de thrasheurs le fameux Vladimir Korg, vocaliste des légendaires CHAKAL, Marcelo Diaz, light-tech des SEPULTURA et futur membre de SOULFLY à la basse, Christiano Salles à la batterie, ainsi que Roberto Lima et Reinaldo « Cavalao » Bedran aux guitares, line-up qui connaitra quelques ajustements jusqu’au split final du combo en 1997, deux ans après un ultime album, Gottverlassen sorti dans une indifférence quasi générale…
Une fois de plus, la sempiternelle question se pose. Cette réédition était-elle vraiment indispensable ? Si l’hésitation est souvent de mise, et si la passion prend souvent le pas sur l’objectivité dans ce genre de problématique, il est pour une fois évident qu’il était logique d’offrir à ce Phantasmagoria la tribune qu’il n’a jamais eue à l’époque, à savoir une exposition Nord-Américaine et Européenne via une réédition de luxe. Son remastérisé, gonflé aux entournures mais respectant l’impact de l’époque, ce premier LP des Brésiliens retrouve tout l’allant de sa jeunesse, et vous offre un nouveau regard sur la scène locale et sur l’écurie Cogumelo, souvent connue à tort pour sa production à la brutalité primaire et sa propension à promouvoir des artistes à la technique aléatoire et à la finesse…occulte.
Ce Phantasmagoria faisait justement partiellement exception à la règle, et proposait il y a presque trente ans un Thrash fatal, combinant instrumental sous haute influence US et interprétation fougueuse typiquement brésilienne. C’est peut-être cette dualité qui a coûté cher au quintette qui n’a jamais connu un franc succès, alors même que son premier album avait de quoi rivaliser avec les meilleures sorties de l’année 1989. Dix titres d’un Thrash plus fin qu’il n’était d’usage dans la région, et une analogie phonétique avec un autre LP phare sorti deux ans auparavant, l’inoubliable Schizophrenia des SEPULTURA avec qui les THE MIST partageaient bien des points communs. Mais les ex-MAYHEM n’ont pas eu la chance de croiser au bon moment les bonnes personnes, ce qui a transformé leur premier album en objet de culte un peu brumeux, en rapport avec leur nom, que les archéologues extrêmes de Greyhaze Records vous proposent donc de retrouver en ce morne mois de février pour une réhabilitation instantanée.
Et il faut bien le dire, il ne vous sera pas difficile d’apprécier l’intégralité des morceaux proposés, tant ceux-ci se font la jonction entre la vélocité impitoyable d’un EVILDEAD ou d’un MUTILATOR/CHAKAL, et la subtilité mordante du SEPULTURA de Schizophrénia/Beneath The Remains.
Certes, la fameuse « patte brésilienne » est omniprésente, et le tempo dérape souvent dans un tourbillon de guitares hystériques et saignantes, mais certaines interventions, beaucoup plus nuancées ne seront pas sans vous rappeler le CELTIC FROST le plus sombre ou les SACRED REICH en version Hardcore (« Smiles, Tears And Chaos »).
Alternant les pièces ambitieuses et les saillies dévastatrices, les THE MIST avaient encore clairement des doutes quant à leur orientation définitive, ce qui conférait à Phantasmagoria un charme indéniable de transition.
Nous avions donc droit alors à des segments progressifs et amples, comme ce titre éponyme de plus de six minutes, qui citait les MORTAL SIN dans le texte en y incrustant des versets entiers du SEPULTURA d’Arise, mais aussi des intermèdes plus brefs, mais tout aussi mélodiques qu’écorchés (« The Enemy », sorte de pont entre MEGADETH et TESTAMENT).
L’ADN « Thrash brutal » typiquement local se retrouvait évidemment dans le sang de ce quintette décidément très surprenant, via des lapidations diaboliques et ultraviolentes (« Hate », sorte d’adaptation élaborée du « War » de leur collègue Max dans un contexte purement SLAYER, le final « Faces Of Glass », qui élaborait des théories échafaudées sur les plans germaniques de DEATHROW et KREATOR, soit deux influences majeures de tout combo sud-américain qui se respectait).
Hors distribution et promotion aléatoires, il est difficile de comprendre pourquoi ce Phantasmagoria n’a pas obtenu le rayonnement qu’il méritait alors. Sans doute est-ce dû à la date tardive de sa sortie, alors même que le Thrash vivait ses derniers instants de gloire, mais comme l’histoire n’aime pas laisser ses héros longtemps dans l’ombre, gageons que cette réédition de Greyhaze Records saura replacer les THE MIST dans la lumière qu’ils méritent, cette lumière qui se dégage de morceaux aussi brillants que « Like A Bad Song » qui contredit son titre d’une construction ingénieuse, reposant une fois de plus sur une paire de guitaristes inventifs en rythmique et inspirés en solo, et d’un chanteur au gosier passé au papier de verre.
N’oublions pas de citer en exemple l’ouverture ultra efficace et maligne de « Flying Saucers In The Sky », cavalant à bonne vitesse sans se départir de ses instincts mélodiques, qui trouve d’ailleurs un écho indéniable dans la symphonie de l’outrance « Barbed Wire Land (At War) »….
Alors, non, la question ne se pose pas. Il est évident que ce premier LP des THE MIST méritait largement un nouvel éclairage, susceptible d’attirer le regard et l’ouïe de thrasheurs un peu étourdis (dont je fais partie je l’avoue sans honte), passés à côté de ce formidable pamphlet il y a quelques années.
Un Thrash hybride, aussi percutant et violent qu’il n’était harmonique et intelligent, et à cent lieues de la débauche habituelle orgiaque des groupes du cru.
Enfin, je pense avoir fait mon boulot, alors maintenant, à vous de jouer. Mais se procurer le splendide digipack proposé par nos amis de Greyhaze ne sera pas la pire idée qui pourrait vous effleurer.
Titres de l'album:
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