Phase 2

The End Machine

09/04/2021

Frontiers Records

Les mercenaires Frontiers remettent le couvert avec leur deuxième longue-durée, ce Phase 2 très attendu, attente due aux espoirs suscités par l’éponyme entame de carrière. Comme tout le monde le sait (ou pas), THE END MACHINE est une sorte de supergroupe qui au départ était constitué de trois ex-DOKKEN, à savoir George Lynch, Jeff Pilson, et Mick Brown, et d’un WARRANT/ex-LYNCH MOB, Robert Mason. D’une telle association fomentée par le cerveau fécond de Serafino ne pouvait découler qu’une réussite absolue dans la veine du meilleur DOKKEN, et pourtant, ce premier album avait déjoué tous les pronostics en s’éloignant de son influence la plus évidente. Chroniqué à l’époque, cet album m’avait surpris non seulement de sa qualité mais aussi de son culot de proposer une musique autre qu’un simple démarquage d’Under the Lock and Key, tant le mélange produit se concentrait sur un genre de cocktail frappé 80’s plus générique qu’on aurait pu le penser. Lancé sur les bons rails, la locomotive THE END MACHINE semblait promise à un trajet personnel mené charbon battant, mais c’était évidemment sans compter sur les desideratas du label italien, qui trouva fort dommage qu’avec Pilson, Brown et Lynch dans les wagons, le train ne s’emboite pas dans les rouages de DOKKEN de façon plus logique et fluide. Alors, pour élaborer ce second acte, les musiciens n’ont eu qu’un impératif, dicté par leur label : faire du DOKKEN de 2021, à tout prix.

En deux ans, l’approche a donc changé, mais le line-up aussi. Exit Mick Brown, batteur à la retraite, qui a logiquement cédé sa place à son frère Steve, trop heureux de s’emparer du tabouret et des baguettes. Le reste de la formation est identique au premier album, avec toujours en exergue le jeu flamboyant de George, et le chant incroyable de Robert. Et s’il est certain que l’orientation musicale se veut plus classique et logique, le résultat n’en est pas moins brillant et convaincant.

« Sur le nouvel album de THE END MACHINE, nous nous  sommes  plus axés sur DOKKEN, ce que le label a plus ou moins exigé. Frontiers voulait quelque chose qui soit un peu plus orienté vers le son DOKKEN. Quand vous l'entendez, je pense que vous conviendrez que nous avons plutôt bien réussi notre coup »

C’est Lynch himself qui s’est fendu de cette déclaration, et en écoutant cette suite plutôt bien agencée, tout le monde s’accordera à dire que le fantasque guitariste et complice de Michael Sweet a partiellement raison. Le son général de Phase 2 est en effet plus proche du DOKKEN des années 90, celui de la reformation, mais le quatuor n’a pas perdu de vue le fait qu’il n’était pas uniquement là pour faire fructifier un héritage, aussi considérable soit-il. Phase 2 essaie en effet de faire le lien entre The End Machine et les exigences de son label, et propose donc des morceaux découlant certes de l’inspiration initiale de George et Jeff, sans oublier leur volonté d’élargir leurs horizons. Après tout, les deux hommes accusent aujourd’hui des décennies de carrière, et savent vraiment ce qu’ils veulent. Inutile d’attendre un Back for the Attack 2 ou un succédané de Dysfunctional, Lynch et Pilson ont trop de classe et de créativité pour nous refourguer des copies tièdes. Alors DOKKEN certes, mais pas que, et loin de, comme le démontre avec assez d’aisance un tube purement nineties de la trempe de « Crack The Sky », qu’on aurait pu retrouver sur un album du SKIDROW aux cheveux coupés.

« Nous avons essayé de composer les meilleures chansons possibles, et nous étions très stimulés par la tournure que les choses prenaient. Nous n’avions pas peur d’intégrer des éléments inhérents à la musique de DOKKEN. De fait, non seulement cette collaboration sonne très organique, mais aussi très fun ! Et je pense que certains des morceaux de cet album sont parmi les meilleurs que nous n’ayons jamais composés. »

Pilson ne cache donc pas son enthousiasme quant au résultat obtenu, qui en effet, dessine le visage d’un groupe sûr de son fait, acceptant son passé et laissant son avenir venir à lui, sans crainte de puiser dans ses ressources. Inutile de nier que « Blood And Money » nous ramène directement à l’époque du DOKKEN de Tooth and Nail, avec ce tempo symptomatique, et cette attaque de guitare digne d’un requin de la six-cordes affamé de plaques minéralogiques californiennes. Robert, George, Jeff et Steve ont donc prôné une sorte de naturel dans l’attitude musicale, donnant de leur personne pour recréer l’ambiance des eighties avec plus de finesse que sur leur premier album, tout en se montrant allusifs aux années 90 qui ont obligé le Hard-Rock à se dispenser de ses gimmicks les plus évidents.

Plus Heavy parfois, mais toujours aussi mélodique, avec l’apport estimable de Steve aux chœurs, Phase 2 joue le Hard avec les tripes, Hard qu’il mâtine de Heavy à la manière du DOKKEN historique, et « We Walk Alone » d’appuyer sur la lourdeur, tout en osant quelques parallèles avec LED ZEP et BLACK COUNTRY COMMUNION. Le tracklisting est donc impeccable de variété et d’humeurs, tantôt badines, tantôt plus sombres, mais les quatre musiciens, au top de leur forme n’ont pas hésité à laisser parler leur sensibilité sur fond d’énorme basse roulante et de petits licks accrocheurs (« Dark Divide »). Pas de titre trop progressif, juste assez évolutifs pour casser le moule quant il faut, avec quelques accents psychédéliques à la DEF LEPPARD de temps à autres (« Plastic Heroes »), mais surtout, de l’agression mesurée, des chansons calibrées pour frapper en plein cœur des nostalgiques du Billboard, et des postures moins rigides qui ouvrent la boite à souvenirs d’une adolescence bénie (« Scars »).

Très en verve, George joue avec le feu, une fois encore, mais semble plus serein dans ses soli, et moins enclin à en mettre plein la vue. La nouvelle rythmique Jeff/Steve assure la stabilité, tandis que le chant de Robert, toujours aussi puissant, accentue la sensibilité et provoque le feeling, pour ne pas que cet album sonne trop « pilote automatique de vieilles légendes ».  On jugera peut-être l’effort un peu long, avec son heure de jeu ou presque, mais comme le groupe a la politesse de varier son propos, les cinquante-cinq minutes passent assez vite, d’autant que le quatuor a la gentillesse d’accélérer le tempo en fin de parcours (« Shine Your Light »)

La qualité est donc une fois encore au rendez-vous, même l’effet de surprise atténué, et il semblerait que THE END MACHINE ait trouvé sa vitesse de croisière. A vous de voir si Phase 2 se rapproche ou non du DOKKEN de vos souvenirs, mais même en occultant cette donnée, le plaisir d’écouter ce disque reste intact.

 

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. The Rising

02. Blood And Money

03. We Walk Alone

04. Dark Divide

05. Crack The Sky

06. Prison Or Paradise

07. Plastic Heroes

08. Scars

09. Shine Your Light

10. Devil's Playground

11. Born Of Fire

12. Destiny


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par mortne2001 le 01/05/2021 à 15:22
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