Depuis 2008, j’ai appris à connaître les marsouins de CARA NEIR, et surtout, à n’attendre de leurs albums que l’inédit, la surprise, l’étonnement, et la stupeur. Il faut dire qu’en bientôt treize ans de carrière, les texans n’ont pas chômé. Cinq longue-durée, un nombre incalculable de splits en compagnie des RAMLORD, FLESH BORN, VENOWL, CAÏNA et une poignée d’autres, soit une discographie à la hauteur de leur créneau. Qui justement n’en est pas un. Enfin pas vraiment. Je les suis pratiquement depuis le début, en tout cas depuis leur premier LP énigmatique Part I/Part II. Dès ce premier jet, on appréhendait la réalité des faits comme une alternative au prévisible, une échappatoire à la réalité ambiante. Il faut dire qu’un groupe qui mélange le Post avec le Grind a de quoi surprendre la fanbase extrême de base, ce qui fut le cas tout au long de ces années. Alors, que restait-il aux deux pingouins pour encore dévier de leur trajectoire et nous prendre à contrepied ? L’Ambient ? Non, trop pompeux et facile. Le pur Grind ? Déjà fait, ou presque. Alors, le duo s’est fendu d’une nouvelle fantaisie à même de faire voyager virtuellement ses accros le plus dépendants, en torchant une histoire improbable à la Tron, revu et corrigé Dallas et son univers pas si impitoyable.
Les mecs, soit Garry Brents (tout, mais aussi le reste, et un sacré palmarès avec un CV qui s’étale comme ça : SALLOW MOTH, THO, ex-GHASTRAH PROXIIMA, ex-PARABSTRUSE, ex-SEMEN ACROSS LIPS, BUNRAGE, THEY MOSTLY COME OUT AT NIGHT, ex-WILDSPEAKER, ex-LUNARIAN SEA, ex-NAUTILUSK, ex-SMOOSZ, ex-SUGAR HIGHLANDS, ex-VISION ÉTERNEL, ex-WRITHE), et Chris Francis (juste le chant et les textes, mais c’est déjà pas si mal), se sont dit qu’un bon concept valait bien des discours, et se sont imaginés propulsés dans un vieux jeu 8-bits. Alors, ils vous expliquent sur leur Bandcamp où tout ça doit les mener, et en résumant un peu…
« This album is about us being warped into a 8-bit video game dimension by a sinister alien entity [origins latently go back as far as our first release Part I/Part II]. In this album, this entity is now highlighted as the grand antagonist phasing us out into fantastical RPG-like depictions of ourselves traversing different songs as game levels for his morbid amusement and us trying to beat them to escape. The listener will experience a range of bits, bleeps, beats, and buzzing sounds you might hear from 90's dungeon crawlers and JRPG's, all sprinkled within our shape-shifting genre-bending hysteria. Enjoy the ride.”
Pour aller plus vite en français, l’espèce de bestiole dont on croisait déjà le chemin sur le premier LP du groupe est revenue, et défie les deux musiciens à l’intérieur d’un monde virtuel. Donc, en gros, Garry et Chris se sont transformés en personnages de jeu vidéo, doivent affronter les vilains pour gagner la partie. Une sorte de Ready Player One en plus vintage, mais qui essaie de procurer les mêmes sensations en musique. La musique justement, se devait d’être à la hauteur du concept, et emprunte donc au Nintendocore certaines de ses astuces, et notamment l’utilisation de samples 8-bits qui nous ramènent des années en arrière. Et si j’ai bien pigé mon Shakespeare, chaque chanson est comme un tableau différent, nous dépeignant les pérégrinations des deux zozios dans leur monde digital. De fait, CARA NEIR ne propose évidemment pas la même recette que d’ordinaire, mais ne se perd pas non plus dans la vente de gadgets Pif. Le cheminement logique qui leur a fait enchaîner les sorties continue aujourd’hui, d’une façon légèrement déviante, mais les caractéristiques principales du groupe sont toujours les mêmes. Du Grind, du Post ce-que-vous-voulez, du Hardcore, de la Fusion, pas mal de hurlements mais plus acidulés, des crises de colère imprévisibles, et en gros, un véritable jeu vidéo gravé sur CD pour s’imaginer à leur place.
Et visiblement, c’est chaud quand même. On n’est pas dans Mario et les deux singes n’affrontent pas un gorille, mais leur « entité maléfique » n’a pas l’air des plus avenantes. Plus concrètement, et pour que vous y pigiez quelque chose, l’album est plus ou moins décomposé en deux parties, comme si le jeu déroulait ses ambiances. La première est la plus formelle des deux, et celle où l’on reconnaît le mieux le groupe. D’ailleurs, même si « The Trimjrtle Sanction » lâche une intro style borne d’arcade en invitant le player one et le player two, il faut attendre quelques minutes pour que les samples travaillés par Garry fassent effet. Alors bien sûr, la guitare sonne comme un solo de Marty Frideman à Tokyo, la rythmique est nippone comme il faut, mais le chant et loin d’être fripon, et Chris hurle son désespoir de se retrouver coincé dans une machine virtuelle. De nombreuses cassures mélodiques accentuent la sensation de film score pour les oreilles, et on a vraiment l’impression de jouer avec les mecs sans avoir à débourser des piécettes.
Les hermétiques usuels au monde de CARA NEIR pourront même y trouver leur compte. Il leur suffira d’imaginer un IGORRR parti tailler une bavette avec les IWRESTLEDABEARONCE, et l’affaire sera emballée. Encore faut-il supporter les exactions les moins équilibrées pour encaisser le truc qui ne vous laisse aucune seconde de répit. Sorte de Proto-Grind joué avec des manettes, Phase Out ne suit pas une narration classique, et si « Damnation » se rapproche quand même un peu de la normalité (quoique les riffs de Garry sont complètement barrés et dissonants), dès l’interlude rigolo « Four Seasons in a Day », tout change de couleur, et il faut s’attacher à nouveau.
Plages ambiantes, musique de jeu, samples marrants, pas de Metal évidemment, mais plutôt de l’électronique parfois traitée comme du FRONT 242 ludique (« Phasers Set to Relax »), avant que le duo n’en termine sur le plus consensuel (et encore…) « Legacy of Gnax ».
Certains trouveront ça génial, d’autres ne gouteront pas à la blague de potache, mais tiré à cinquante exemplaires, et doté d’un livret à l’artwork sublime, Phase Out est une sacrée curiosité, même pour des gens comme eux. Ready player one ?
Go.
Titres de l’album:
01. The Trimjrtle Sanction
02. Damnation
03. Shady Blades
04. Valkyrie
05. Floodgates of Doom
06. Four Seasons in a Day
07. Phasers Set to Relax
08. Maestro Infernus
09. Hypogelum
10. Legacy of Gnax
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
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Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
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Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
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Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
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Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
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27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
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J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33
La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24